Soudan: la mobilisation des pro-civils ne sort pas la transition du marasme

Des manifestants soudanais participent à une manifestation dans la ville de Khartoum Bahri, la ville jumelle nord de la capitale, pour exiger la transition du gouvernement vers un régime civil, le 21 octobre 2021. (AFP)
Des manifestants soudanais participent à une manifestation dans la ville de Khartoum Bahri, la ville jumelle nord de la capitale, pour exiger la transition du gouvernement vers un régime civil, le 21 octobre 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 23 octobre 2021

Soudan: la mobilisation des pro-civils ne sort pas la transition du marasme

  • Les nouvelles autorités de transition -le Conseil de souveraineté formé de civils et de militaires et le gouvernement- ne cessent de perdre en popularité dans un pays qui tente de se relever de 30 ans de dictature
  • Peu soutenu et profondément divisé, le camp civil au sein des autorités de transition laisse le champ libre aux militaires, qui continuent de dominer la politique comme l'économie

KHARTOUM, SOUDAN : Au Soudan, les manifestations monstres en faveur d'un gouvernement civil ont redit vouloir en finir avec le partage du pouvoir avec l'armée, mais elles n'auront qu'un impact limité sur une transition engluée dans les luttes de pouvoir, assurent des experts.

«Ces manifestations montrent un rejet clair du scénario d'un pouvoir militaire», affirme l'analyste soudanais Othman Mirghani, dans un pays qui en 65 ans d'indépendance n'a connu que peu d'années de gouvernement démocratique, de coups d'État en coups de forces islamistes.

En prenant les rues jeudi sous une nuée de drapeaux soudanais au cri de «révolution», les manifestants ont «insisté sur le fait que la transition vers un pouvoir uniquement civil restait le but ultime» d'un pays qui s'est débarrassé en 2019 du dictateur Omar el-Béchir, explique M. Mirghani.

Mais «en dépit de leur nombre, les manifestants n'auront que peu d'impact sur la réalité politique», nuance-t-il aussitôt.

Cette réalité politique, c'est celle des divisions qui vont grandissantes. Non seulement entre civils et militaires, mais aussi au sein du camp civil lui-même.

- Divisions internes -

Ainsi, jeudi, au milieu d'un cortège réclamant la remise du pouvoir aux civils, le ministre de l'Industrie Ibrahim al-Sheikh s'époumonait avec la foule, faisait de grands signes de la victoire.

Vendredi, le ministre des Finances Jibril Ibrahim est venu prier avec les pro-armée qui campent depuis une semaine aux portes du palais présidentiel pour réclamer la chute du gouvernement et donner un «mandat» aux militaires pour sortir le Soudan du marasme.

Ces deux hommes sont l'incarnation des lignes de faille de la transition. Le premier se réclame toujours du canal historique des Forces de la liberté et du changement (FLC), l'un des fers de lance de la révolte de 2019, tandis que le second a fait sécession, mais continue de revendiquer le titre de FLC.

Et au-delà de leurs divisions, les nouvelles autorités de transition -le Conseil de souveraineté formé de civils et de militaires et le gouvernement- ne cessent de perdre en popularité dans un pays qui tente de se relever de 30 ans de dictature, entre inflation galopante et taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde.

Forcé à l'austérité par le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir l'effacement de la dette de son pays et incapable de rendre justice aux familles des victimes du régime Béchir et de la répression de 2019, c'est le gouvernement d'Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l'ONU, qui est dans le viseur.

Il n'a pas non plus, rappellent les manifestants, créé le Conseil législatif promis en 2019, qui devait être la première étape de la transition, avant un retrait des militaires puis des élections générales, aujourd'hui fixées à fin 2023.

- «Militaires déterminés» -

«M. Hamdok et les FLC ne sont pas parvenus à satisfaire les revendications des Soudanais», affirme M. Mirghani.

Et face aux pro-armée qui, en sit-in depuis sept jours, réclament la chute du gouvernement Hamdok, «les manifestants de jeudi» pro-pouvoir civil «ne l'ont pas particulièrement soutenu et simplement rappelé les objectifs de la révolution» de 2019, décrypte le spécialiste.

«Les divisions des FLC qui sapent leur capacité de gouvernance rendent la tâche facile à l'armée et à la faction séditieuse des FLC», affirme Jonas Horner, chercheur d'International Crisis Group. «Ils peuvent arguer de ses faibles performances pour réclamer le limogeage du gouvernement», ajoute-t-il.

Peu soutenu et profondément divisé, le camp civil au sein des autorités de transition laisse le champ libre aux militaires, qui continuent de dominer la politique comme l'économie.

Dans la rue, en nombre bien plus important que les pro-armée, les pro-civils ont conspué le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête du Conseil de souveraineté. Mais celui-ci est toujours bien aux commandes.

A l'issue de la journée de mobilisation de jeudi, il a reçu le patron de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, pour discuter de l'avenir du pays. Mercredi, le président français Emmanuel Macron lui avait adressé une invitation à un sommet sur la Libye mi-novembre.

«Les militaires sont déterminés à ne pas perdre de leur pouvoir politique et économique», conclut M. Horner, qui estime que malgré tout, «l'opposition populaire peut continuer à les garder à distance».


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Short Url
  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Short Url
  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté.