Obama accuse les Républicains de menacer le démocratie

L'ancien président américain Barack lors d'un rassemblement électoral à Richmond, en Virginie, le 23 octobre 2021. (Photo, AFP)
L'ancien président américain Barack lors d'un rassemblement électoral à Richmond, en Virginie, le 23 octobre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 24 octobre 2021

Obama accuse les Républicains de menacer le démocratie

  • L'ancien président s'était déplacé à Richmond, dans le sud conservateur de l'Etat, pour soutenir le démocrate Terry McAuliffe, 64 ans, candidat au poste de gouverneur de Virginie
  • Obama, qui reste le démocrate le plus populaire aux Etats-Unis cinq ans après quitté la Maison Blanche, voulait galvaniser les électeurs afro-américains, un électorat clé de cet Etat du sud

RICHMOND : Barack Obama a accusé samedi les Républicains de menacer la démocratie avant une élection locale particulièrement serrée, vue comme un test national sur la popularité de Joe Biden au moment où il négocie âprement un plan massif d'investissements avec le Congrès.

L'ancien président s'était déplacé à Richmond, dans le sud conservateur de l'Etat, pour soutenir le démocrate Terry McAuliffe, 64 ans, candidat au poste de gouverneur de Virginie et qui est au coude-à-coude avec le républicain pro-Trump Glenn Youngkin, 54 ans, à l'approche du scrutin du 2 novembre.

Devant quelques centaines de jeunes militants enthousiastes, réunis à la Virginia Commonwealth University à Richmond, il a affirmé que M. Yougkin supprimerait des postes d'enseignants, qu'il réduirait l'accès à l'avortement et qu'il apporterait son soutien aux affirmations de Donald Trump qui prétend que l'élection présidentielle lui a été volée.

"A ma connaissance, le principal message de l'adversaire de Terry est qu'il est un type comme tout le monde parce qu'il porte une laine polaire. Et il accuse les écoles de laver le cerveau de nos enfants", a-t-il dit. "Il a aussi dit qu'il voulait faire vérifier les machines à voter utilisées lors du dernier scrutin. (...) Et nous sommes supposés croire qu'il va défendre notre démocratie ?"

Joe Biden a remporté la Virginie avec 10 points d'avance en 2020 et les républicains n'ont pas remporté d'élection dans cet Etat depuis 2009, mais l'avance de Terry McAuliffe dans les sondages a fondu au fil des semaines, et elle atteint désormais la marge d'erreur.

M. Obama, qui reste le démocrate le plus populaire aux Etats-Unis cinq ans après quitté la Maison Blanche, voulait galvaniser les électeurs afro-américains, un électorat clé de cet Etat du sud, notamment dans la région de Richmond où l'un des plus importants symboles du passé esclavagiste du pays, la statue du général confédéré Robert Lee, n'a été déboulonnée que le mois dernier.

«Marionnette» de Trump

Reconnaissant comprendre pourquoi on peut être "fatigué" de la politique, il a rappelé avoir rencontré lors de sa première campagne présidentielle qui l'a porté à la Maison Blanche en 2008 une électrice afro-américaine de 106 ans qui s'était mobilisée pour lui. "Et je me suis dit, si elle n'est pas fatiguée, je n'ai pas le droit d'être fatigué", a-t-il ajouté. 

"Si John Lewis (figure de la lutte pour les droits civiques décédé en 2020, ndlr) n'était pas fatigué, nous n'avons pas le droit d'être fatigués", a-t-il martelé sous les applaudissements.

"Je suis ici en Virginie parce que je pense que la Virginie fera en fin de compte le bon choix", a-t-il poursuivi. "Je pense qu'ici en Virginie, vous allez montrer au reste du pays, et au monde, que nous ne nous laisserons pas aller à nos pires instincts. Nous ne reviendrons pas à un passé qui a fait tant de mal, nous irons de l'avant avec des gens comme Terry pour nous guider".

Avant M. Obama, la Première dame Jill Biden, la vice-présidente Kamala Harris et l'une des étoiles montantes du parti démocrate, Stacey Abrams, se sont déplacées en Virginie pour faire campagne pour M. McAuliffe. Le président américain lui-même y est attendu la semaine prochaine.

Une victoire de M. McAuliffe donnerait de l'élan au programme d'investissements massifs que l'aile gauche du parti démocrate cherche à faire passer au Congrès. Un échec pourrait inciter à davantage de prudence l'aile modérée du parti qui hésite encore à approuver quelque 3.000 milliards de dollars de dépenses.

M. Youngkin s'est concentré sur les écoles, faisant campagne contre le masque obligatoire honni par les électeurs de Donald Trump. Jusqu'ici, il a soigneusement évité d'apporter son soutien aux affirmations de l'ancien président qui prétend que l'élection lui a été volée.

M. Trump ne s'est pas rendu en Virginie. Il s'était joint virtuellement le 13 octobre à un meeting de campagne pro-Youngkin auquel participait notamment son ancien conseiller Steve Bannon.

M. McAuliffe, qui a pris le micro avant M. Obama, a promis de travailler avec des républicains "raisonnables" pour améliorer la situation en Virginie.

"Je travaillerai avec vous mais laissez-moi vous dire une chose aujourd'hui: Glenn Youngkin n'est pas un Républicain raisonnable. Pour moi, c'est Donald Trump en pantalon beige", a-t-il dit. "Voulons-nous une marionnette de Donald Trump comme gouverneur ? Non, nous ne voulons pas !".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.