Procès 13-Novembre: «Cet islam n'est pas le mien», dit un musulman, père d'une victime

Ce croquis d'audience réalisé le 28 septembre 2021 montre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015 (Photo, AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 28 septembre 2021 montre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 26 octobre 2021

Procès 13-Novembre: «Cet islam n'est pas le mien», dit un musulman, père d'une victime

Ce croquis d'audience réalisé le 28 septembre 2021 montre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015 (Photo, AFP)
  • De culture musulmane, marié à une femme catholique, il a donné mardi une leçon de tolérance aux accusés, provoquant une réaction amère de Salah Abdeslam
  • «Les musulmans n’ont rien à voir avec ces gens qui prétendent défendre une religion qu’ils ne connaissent probablement pas» 

PARIS: Ali* a 66 ans et a perdu son fils Thomas, assassiné à Paris, au Bataclan, le 13 novembre 2015. De culture musulmane, marié à une femme catholique, il a donné mardi une leçon de tolérance aux accusés, provoquant une réaction amère de Salah Abdeslam. 

Voici les principales déclarations d'Ali devant la cour d'assises spéciale de Paris : 

« La nausée » 

« Je suis, comme on dit communément, un ‘beur de la 2e génération’. Je suis issu d’une famille d’immigrés algérienne de huit enfants. »  

« Je me suis souvent interrogé sur comment et pourquoi des jeunes Français et des jeunes Belges (c'est le cas de la majorité des accusés dans les box, Ndlr) élevés en Europe, qui ont été formés dans nos écoles, qui connaissent parfaitement nos modes de vie et nos coutumes en Occident, ont-ils pu être enrôlés, manipulés et galvanisés par l'idéologie de l’État islamique, et commettre l’irréparable, l'inacceptable carnage du 13-Novembre (survenu à Paris et dans sa proche banlieue, qui ont tué 130 personnes, Ndlr). » 

« Ces actes de violence barbare, intolérables, inqualifiables et leur allégeance à une idéologie et à une organisation islamiste, prétendant agir au nom de l’islam et du Coran, me donnent la nausée. » 

« Je veux dire (aux accusés), en tant que fils d’immigré algérien, de confession musulmane, que l’islam qu’ils prônent n’est ni le mien, et ne le sera jamais, ni celui de mes parents, ni celui de mes voisins, ni celui d'un milliard et demi de musulmans dans le monde. » 

« Des paumés » 

« Je refuse qu’on puisse faire l’amalgame entre des va-t-en-guerre, des paumés de notre société, des inadaptés sociaux, des tueurs sanguinaires et les musulmans qui n’ont qu’une seule envie: vivre en paix et en harmonie, dans une communauté humaine ouverte et respectueuse de chacun. » 

« Les musulmans n’ont rien à voir avec ces gens qui prétendent défendre une religion qu’ils ne connaissent probablement pas. Ont-ils seulement lu le texte sacré du Coran ? Savent-ils seulement faire la différence entre les musulmans et les Arabes ? » 

« Je voudrais encore leur dire que par leurs actes abjects et barbares, ils prennent en otages tous les musulmans. Ils donnent du grain à moudre aux groupes extrêmes qui créent et entretiennent une confusion entre islamisme et islam, entre réfugiés, immigration et terrorisme afin de fragiliser encore davantage les étrangers ». 

« M. Abdeslam vous avez déclaré: ‘On a combattu la France, on a attaqué la France’ (...) mais c’est nos enfants que vous avez assassinés, pas la France ». 

« Vous vous servez de l’islam pour justifier votre croisade contre l’Occident et ceux que vous appelez les ‘kouffars’, c'est-à-dire les infidèles, les mécréants, pour justifier à l’évidence une idéologie éculée et archaïque afin, désespérément, de prendre le pouvoir, pour exister et prospérer dans la région syro-irakienne. »  

« Groupe de malfrats »  

« Vous n’êtes qu’un groupe de malfrats en quête d’un territoire, d’une reconnaissance et d’un pouvoir. Vous ne représentez aucunement l’islam, vous n’avez d’ailleurs aucune légitimité, aucun pays. Vous êtes prêt à tuer toute personne ou groupes de personnes qui ne pensent pas comme vous, qui ne partagent pas vos idées. » 

« La haine des autres vous habite, vous aveugle et vous rend fou et celle des femmes vous hante et finira par vous tuer. Je vous méprise. (...)Nous n’accepterons jamais de plier face aux fanatismes, à la barbarie et aux tueurs sanguinaires que vous êtes. » 

« Vous avez cru que cet acte barbare allait nous pétrifier et nous anéantir mais vous avez eu tort car il nous a galvanisé, il nous a rendu encore plus forts et plus déterminés que jamais à défendre la liberté, la démocratie et l’envie de vivre ensemble dignement et dans la paix ». 

« Vous trouverez toujours sur votre route des hommes et des femmes qui feront barrage à vos idées et à votre idéologie meurtrière. Il existe un islam des Lumières et c’est dans celui-là que je me reconnais. » 

Après une suspension d'audience, Salah Abdeslam, principal accusé dans le procès des attentats revendiqués par le groupe Etat islamique,a souhaité réagir. « Je ne force personne moi à devenir musulman. Vous, vous avez votre législation, votre religion et vos valeurs et on ne vous en veut pas pour ça. Nous, on pratique notre religion et notre législation chez nous, c'est tout ce que j'ai à dire », a-t-il dit confusément. 

*Le prénom a été changé à sa demande 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».