L'Iran prêt à reprendre les négociations, mais les Occidentaux restent prudents

Les négociations de Vienne sont suspendues depuis l'élection en juin du nouveau président Ebrahim Raïssi (à gauche), dont les atermoiements agacent les Européens et les Américains. (Photo, AFP)
Les négociations de Vienne sont suspendues depuis l'élection en juin du nouveau président Ebrahim Raïssi (à gauche), dont les atermoiements agacent les Européens et les Américains. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

L'Iran prêt à reprendre les négociations, mais les Occidentaux restent prudents

  • Washington critique les «mesures nucléaires iraniennes provocatrices» et somme Téhéran «de faire preuve de bonne foi»
  • Les Européens insistent pour que «les pourparlers se déroulent à Vienne et non à Bruxelles et excluent de négocier quoi que ce soit bilatéralement avec les Iraniens»

BRUXELLES : L'Iran s'est dit prêt mercredi à reprendre en novembre les négociations pour sauver l'accord sur son programme nucléaire après cinq mois d'impasse, suscitant pour l'instant une réaction prudente des Occidentaux, de plus en plus impatients.

"Nous sommes convenus d'entamer les négociations avant la fin du mois de novembre", a annoncé sur Twitter le vice-ministre iranien chargé du dossier, Ali Baghéri, à l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec le négociateur européen Enrique Mora qu'il a qualifiée de "sérieuse et constructive".

"La date exacte sera annoncée la semaine prochaine", a-t-il toutefois ajouté.

A Téhéran, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a quant à lui dit vouloir "évaluer" le résultat de ces discussions bruxelloises avant de décider de "la date" précise de la reprise des pourparlers.

Les grandes puissances qui ont conclu en 2015 avec la République islamique un accord historique censé l'empêcher de se doter de la bombe atomique réclamaient avec de plus en plus d'insistance que les Iraniens fixent une date pour leur retour à la table des négociations à Vienne.

Et les Européens comme les Américains se sont montrés prudents face à l'annonce encore incomplète des Iraniens.

"Il n'y a rien à annoncer pour l'instant", a-t-on commenté de source européenne après la rencontre à Bruxelles, où l'on juge les déclarations iraniennes "prématurées".

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, le coordinateur de l'accord de 2015, doit en effet consulter les autres parties, ainsi que les Etats-Unis, avant d'arrêter une date pour le retour dans la capitale autrichienne.

A Washington, on a d'ailleurs renvoyé vers l'Union européenne pour une décision.

"La porte ne va pas rester ouverte éternellement puisque l'Iran continue de prendre des mesures nucléaires provocatrices, donc nous espérons qu'il revienne rapidement à Vienne pour négocier et qu'il fasse preuve de bonne foi", a toutefois insisté un porte-parole de la diplomatie américaine.

Les Américains ont unilatéralement quitté l'accord en 2018, sous la présidence de Donald Trump, qui le jugeait insuffisant et a rétabli toutes les sanctions contre l'Iran qu'il avait permis de lever. Téhéran s'est progressivement affranchi des restrictions imposées à son programme nucléaire.

L'actuel président américain Joe Biden s'est dit prêt à revenir dans l'accord, y voyant la meilleure manière d'éviter que l'Iran devienne une puissance nucléaire, à condition qu'il renoue parallèlement avec ses engagements.

Des négociations indirectes entre Téhéran et Washington, par l'intermédiaire des autres signataires (Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni et UE) ont débuté en avril à Vienne pour parvenir à la relance de l'accord et à la levée d'au moins une partie des sanctions américaines.

Mais elles sont suspendues depuis l'élection en juin d'un nouveau président iranien, dont les atermoiements agacent les Européens et les Américains.

Les Iraniens avaient demandé à rencontrer Enrique Mora pour discuter des questions restées en suspens après leurs entretiens avec le négociateur européen le 14 octobre à Téhéran.

"Ils veulent des clarifications sur le texte qui est sur la table" à l'issue des négociations du printemps "et des contacts bilatéraux avec certains des pays signataires", avait confié la semaine dernière un responsable européen.

Mais les Européens insistent sur le fait que "les pourparlers doivent se dérouler à Vienne" et non à Bruxelles et excluent de négocier quoi que ce soit bilatéralement avec les représentants iraniens.

Les Américains ont prévenu à plusieurs reprises ces dernières semaines qu'ils étaient prêts à envisager d'"autres options" en cas d'échec de la diplomatie, laissant implicitement planer la menace d'un recours à la force qu'Israël a, de son côté, explicitement brandie.

"Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, nous sommes prêts à retourner à Vienne et nous pensons qu'il reste possible de rapidement parvenir à une entente et la mettre en oeuvre", a affirmé mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine. Il a estimé que seul "un petit nombre de questions" restait "en suspens" au moment de l'arrêt des pourparlers en juin.


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté.