Le variant Delta et les pénuries plombent la croissance américaine

Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé, entre juillet et septembre, de 2% en rythme annualisé. C'est trois fois moins qu'au deuxième trimestre, qui avait connu un bond de 6,7%. (Photo, AFP)
Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé, entre juillet et septembre, de 2% en rythme annualisé. C'est trois fois moins qu'au deuxième trimestre, qui avait connu un bond de 6,7%. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Le variant Delta et les pénuries plombent la croissance américaine

  • Le président Biden espère assurer la prospérité à long terme des États-Unis en faisant adopter au Congrès deux vastes plans d'investissements qui s'étaleraient sur une décennie
  • Outre les dépenses sociales et environnementales, le Congrès doit aussi valider un second plan de quelque $1000 milliards destiné à moderniser les infrastructures

WASHINGTON : La croissance américaine a fortement ralenti au troisième trimestre, plombée par une nouvelle vague d'infections par le variant Delta du Covid-19 au cours de l'été, ainsi que par les pénuries mondiales qui ont touché de très nombreux produits. 


Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé, entre juillet et septembre, de 2% en rythme annualisé, qui compare au trimestre précédent puis projette l'évolution sur l'année entière à ce rythme. C'est trois fois moins qu'au deuxième trimestre, qui avait connu un bond de 6,7%.


Par rapport au troisième trimestre 2020, la croissance est de 4,9%, identique à celle de la Chine, qui a fortement ralenti. Et si l'on compare simplement au deuxième trimestre, comme font les pays de la zone euro, la croissance n'est alors que de 0,5%.


Le président américain Joe Biden espère assurer la prospérité à long terme des États-Unis en faisant adopter au Congrès deux vastes plans d'investissements, encore en discussions, qui s'étaleraient sur une décennie.


L'économie américaine avait pourtant rebondi entre avril et juin, retrouvant même sa taille d'avant la pandémie, stimulée par la vaccination et l'épargne des ménages accumulée pendant le confinement.


Mais au cours de l'été, "une résurgence de cas de Covid-19 a entraîné de nouvelles restrictions et des retards dans la réouverture d'établissements dans certaines régions du pays", détaille le département du Commerce dans son communiqué publié jeudi.


Les Américains ont toutefois profité au début de l'été de la saison estivale pour voyager de nouveau à l'étranger, ce qui a bénéficié au PIB.


Jouets en retard à Noël
Ils ont en revanche dépensé moins en voitures et pièces automobiles.


C'est même "le principal problème", selon l'économiste Joel Naroff, qui souligne que "la demande est là, mais pas l'offre".


Les usines automobiles, en effet, tournent au ralenti à cause de la pénurie de semi-conducteurs, le secteur, comme beaucoup d'autres, souffrant depuis des mois des difficultés mondiales d'approvisionnement.


Ces perturbations ont été aggravées au cours de l'été quand le variant Delta, très contagieux, s'est propagé dans le pays, ralentissant l'activité. Les consommateurs ont alors délaissé restaurants, avions et hôtels, entre autres.


Cela a aussi éloigné d'un retour à l'emploi de nombreuses personnes, craignant pour leur santé, alors même que le pays faisait déjà face à une importante pénurie de main-d'oeuvre.


Certains restaurants ont ainsi dû réduire leurs horaires d'ouverture. Côté livraisons, le manque de chauffeurs pèse. Et les jouets de Noël risquent de ne pas tous arriver en temps et en heure sur les rayonnages des magasins.


Ces difficultés, conjuguées à la forte demande de la part des consommateurs américains, font flamber les prix.


Bonne nouvelle cependant, le niveau d'inflation, bien que toujours élevé, a ralenti au troisième trimestre, s'établissant à 5,3% en rythme annualisé, contre 6,5% au deuxième trimestre, selon l'indice PCE. 


L'administration Biden voit l'inflation se modérer "d'ici la moitié ou la fin de l'année prochaine".

«Plan historique»

Mais pour l'opposition républicaine, ces chiffres sont "une preuve supplémentaire que le président Biden gâche la reprise", et posent de "sérieuses questions sur sa capacité à rétablir notre économie", a déclaré Kevin Brady, le numéro deux républicain de la commission chargée des questions de fiscalité à la Chambre des représentants.


Il estime que cette politique "aggrave une pénurie alarmante de main-d'oeuvre", tandis que les investissements promis "feront grimper les prix plus haut et plus longtemps".


Pour assurer croissance et emplois à long terme, Joe Biden a annoncé jeudi avoir présenté au Congrès un "plan historique" portant sur des milliards de dollars de dépenses pour des mesures sociales et environnementales.


Il n'a toutefois pas fait état d'un accord formel pour ces investissements, dont l'enveloppe a été réduite de moitié par rapport aux ambitions initiales, à 1.750 milliards de dollars. Pour pouvoir adopter le plan sans voix républicaines, il doit en effet s'assurer le soutien de tous les démocrates du Sénat, sans exception.


Les plans de Joe Biden "représentent un investissement important dans l'avenir de notre économie et (sa) compétitivité", a déclaré le numéro deux des démocrates à la Chambre, Steny Hoyer, dans un communiqué.


Outre les dépenses sociales et environnementales, le Congrès doit aussi valider un second plan de quelque 1.000 milliards de dollars destiné à moderniser les infrastructures.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.