Les avocats de Beyrouth reçoivent le soutien «vital» d'une délégation de confrères français

Le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf, brandit le manuscrit signé de la main du célèbre juriste français Jean-Jacques-Régis de Cambacérès. (Photo fournie).
Le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf, brandit le manuscrit signé de la main du célèbre juriste français Jean-Jacques-Régis de Cambacérès. (Photo fournie).
Short Url
Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Les avocats de Beyrouth reçoivent le soutien «vital» d'une délégation de confrères français

  • Quatre protocoles d'accord qui ont été signés entre l'Ordre des avocats de Beyrouth sous la houlette de son bâtonnier, Melhem Khalaf, et la délégation hôte
  • Pour Melhem Khalaf, le soutien des avocats français est aujourd'hui «vital» de même que l'exemple que représente la France en matière d'État de droit

ATHÈNES: Pour l'Ordre des avocats de Beyrouth, la visite de la délégation d'avocats français au Liban a indéniablement constitué un moment fort. Le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Marseille, Jean-Raphaël Fernandez, son homologue de Montpellier Nicolas Bedel de Buzareingues, le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Toulouse Pierre Dunac ainsi que les avocats Gérard Christol, Pierre Chappelle, Amine Faraj et Olivier Gan sont arrivés à Beyrouth avec un objectif clair: prouver à leurs confrères libanais empêtrés dans la pire crise financière et politique de l'histoire de leur pays qu'ils ne sont pas seuls. 

Et pour cause: quatre protocoles d'accord ont été signés entre l'Ordre des avocats de Beyrouth sous la houlette de son bâtonnier, Melhem Khalaf, et la délégation hôte. Deux d’entre eux portent sur la coopération entre l'Ordre des avocats de Beyrouth et ceux de Marseille et de Toulouse. Les deux autres sont plus spécifiques et concernent l'accès gratuit à la base de données de jurisprudence JurisPredis avec le soutien de la Conférence des bâtonniers de France ainsi que l'accès à l’e-learning Lexbase dédiée à la formation continue des avocats, rendu possible grâce au soutien de l'ordre de Montpellier. 

En marge de la réunion des avocats français et libanais, Gérard Christol a dédicacé son nouvel ouvrage, puis les avocats libanais se sont vu offrir par la délégation française un cadeau d'une importance historique inestimable: un manuscrit de 1791 qui porte la signature du célèbre Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, une référence dans le domaine juridique en France puisque c'est grâce à lui que le Code civil moderne a vu le jour. 

de cambaceres
Le manuscrit signé de la main de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès et offert à l'
​​​​​Ordre des avocats de Beyrouth. (Photo fournie). 

 

Qui était Jean-Jacques-Régis de Cambacérès?

Né en 1753, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès est le deuxième personnage de l’État sous le Consulat et l’Empire.

Issu d’une famille de noblesse qui compte trois générations de magistrats, il s’installe à dix-neuf ans à Montpellier comme avocat. Il plaide peu ,mais se consacre à l’étude des lois. Il a pris une part déterminante dans l’établissement du Code civil.

Il s’est appuyé sur les travaux des grands jurisconsultes précédents, notamment ceux de Portalis.

Son plus grand succès: avoir réussi le tour de force d'harmoniser le droit civil français. Car, avant le Code civil, la France est coupée en deux :

  • le code justinien, droit romain antique, s’applique dans le sud du pays et en Alsace; alors qu’ailleurs le droit oral est en vigueur; il s’inspire des coutumes et varie d’une région à l’autre.

 

Melhem Khalaf affirme que la présence de la délégation à Beyrouth est «avant tout un signe de solidarité et une source d’inspiration. Le Liban est confronté à une situation dans laquelle l’État de droit est bafoué, où les principes de la séparation de pouvoirs sont devenus quasi inexistant […]. Les obstacles essentiellement politiques qui immobilisent l’instruction du dossier de l’explosion du port de Beyrouth, survenue le le 4 août 2020, en sont un exemple».

Aux immunités politiques qui sont utilisées de façon abusive et détournée au Liban, s’ajoutent, indiuqe-t-il, «les immunités confessionnelles qui ont proliféré dernièrement et dont le résultat fut le piétinement de l’État de droit, sous prétexte de compromis, au service d’une prétendue immunité nationale, avec pour conséquence, l’impunité totale». 

Pour Khalaf, le soutien des avocats français est aujourd'hui «vital» de même que l'exemple que représente la France en matière d'État de droit. Il cite ainsi deux faits marquants de l'actualité française: «Nous avons appris qu’un ancien président de la république avait été condamné à une peine de prison ferme après qu’il eut personnellement assisté à toutes les audiences. Plus récemment encore, et dans le cadre d’une autre affaire correctionnelle, ce même ancien président, qui a refusé de comparaître comme témoin, s’est vu délivrer un mandat d’amener. Ces deux affaires n’ont suscité aucun émoi et aucun parti politique, y compris celui auquel appartient cet ancien président, n’a tenté de le soustraire à la justice. Plus éloquente encore est la perquisition faite par la police judiciaire au cabinet du garde des sceaux en exercice, M. Dupont Moretti, en juillet dernier, qui a duré près de dix heures. Là encore, certains ont émis des critiques, mais personne n’a pu empêcher que la perquisition ait lieu», relève-t-il.

Comparant la situation juridique en France et celle qui prévaut au Liban, il s'est insurgé en rappelant que, au Liban, «en présence des mêmes principes législatifs, ces deux exemples auraient été pratiquement impensables […] car la violation de la constitution [y] est systématique, de même que la violation des lois et la destruction du pouvoir judiciaire».


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
Short Url
  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Short Url
  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.