Le F-16, nouvelle pomme de discorde entre Washington et Ankara?

Les F-16 devraient figurer au menu d'une rencontre de Joe Biden avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge du sommet international COP26 sur le climat à Glasgow. (Photo, AFP)
Les F-16 devraient figurer au menu d'une rencontre de Joe Biden avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge du sommet international COP26 sur le climat à Glasgow. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 30 octobre 2021

Le F-16, nouvelle pomme de discorde entre Washington et Ankara?

  • Après le fiasco dû à l’achat du S-400 russe, qui a conduit les USA à l’exclure du programme du F35, la Turquie a longtemps espéré que les Américains changeraient d'avis
  • Erdogan veut obtenir 40 avions de combat F-16 et quelque 80 kits de modernisation de cet appareil vieillissant, dont l'armée turque possède déjà plus de 200 exemplaires
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L'armée américaine considère le système de détection du S-400 russe comme une menace pour le F-35, un avion de combat furtif à la pointe de la technologie, conçu pour échapper aux radars les plus sophistiqués. Sur cette photo, une version du F-35 à décollage et atterrissage vertical. (Photo, AFP)

 

WASHINGTON : Après les missiles russes, la Syrie et les droits humains, le vénérable avion de combat F-16 pourrait devenir une nouvelle pomme de discorde entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant alliés au sein de l'Otan.

Après le fiasco du S-400, l'achat par la Turquie d'un système anti-missiles russe qui a conduit les Etats-Unis à annoncer en 2019 son exclusion du prestigieux programme du F-35, Ankara a longtemps espéré que les Etats-Unis changeraient d'avis.

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Le Pentagone a révélé mercredi que la finalisation définitive du processus d'exclusion d'Ankara du programme de fabrication du F-35, qui accordait à la Turquie la fabrication de 900 pièces de l'appareil le plus cher de l'Histoire, était intervenue le 23 septembre. (Photo, AFP)

Mais le président Joe Biden n'est pas revenu sur les décisions de son prédécesseur Donald Trump sur ce dossier, car l'armée américaine considère le système de détection du S-400 russe comme une menace pour le F-35, un avion de combat furtif à la pointe de la technologie, conçu pour échapper aux radars les plus sophistiqués.

Le Pentagone a révélé mercredi que la finalisation définitive du processus d'exclusion d'Ankara du programme de fabrication du F-35, qui accordait à la Turquie la fabrication de 900 pièces de l'appareil le plus cher de l'Histoire, était intervenue le 23 septembre.

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L'achat par la Turquie d'un système anti-missiles russe S-400 était à l'origine du différend entre Ankara et les USA, ainsi que les autres alliés de l'Otan. (Photo, AFP)

 

Les deux pays cherchent maintenant à "régler le différend" lié au F-35, a précisé un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Anton Semelroth. En d'autres termes, compenser Ankara pour 1,4 milliard de dollars payés pour les F-35 que Washington n'a jamais livrés.

Une délégation du Pentagone a eu des discussions "productives" mercredi à Ankara, avant de nouvelles négociations dans les prochains mois, et le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a "reconnu les besoins de modernisation de l'armée turque" au cours d'un entretien téléphonique jeudi avec son homologue turc Hulusi Akar, selon le Pentagone.

Les F-16 devraient également figurer au menu d'une rencontre de Joe Biden avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge la semaine prochaine du sommet international COP26 sur le climat à Glasgow.

Selon la presse turque, M. Erdogan veut obtenir 40 avions de combat F-16 et quelque 80 kits de modernisation de cet appareil vieillissant, dont l'armée turque possède déjà plus de 200 exemplaires.

Le département d'Etat américain, qui négocie les ventes d'armement à l'étranger, a confirmé implicitement avoir reçu une demande formelle d'acquisition de la part du gouvernement turc.

"Le ministère ne confirme ni ne commente les projets de ventes d'armement tant qu'ils n'ont pas été notifiés au Congrès", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la diplomatie américaine. Mais "les responsables turcs ont fait état publiquement de leur intérêt à acheter des F-16", a-t-il ajouté.

Il est cependant peu probable que cette demande aboutisse rapidement face à l'opposition probable du Congrès américain.

"Nous ne pouvons nous permettre de compromettre notre sécurité nationale en envoyant des avions américains à un allié qui continue de se comporter comme un adversaire", ont écrit cette semaine onze élus républicains et démocrates dans une lettre ouverte au président Joe Biden.

Qui plus est, la Turquie est déjà frappée par des sanctions américaines qui interdisent depuis décembre toute transaction avec l'agence gouvernementale turque en charge des achats d'armement, le SSB.

L'administration Trump avait alors invoqué une loi américaine de 2017 dite "contrer les adversaires de l'Amérique à travers les sanctions" (Caatsa), qui prévoit des sanctions automatiques dès lors qu'un pays conclut une "transaction significative" avec le secteur de l'armement russe.

Cette loi risque de faire aussi obstacle à une vente de F-16, souligne Steven Cook, du Council on Foreign Relations.

"Les responsables turcs disent qu'il est possible de transférer les avions à la Turquie sans passer par le SSB mais des élus du Congrès ont fait savoir qu'ils s'opposeraient à de telles alternatives parce que ce serait contourner la loi", ajoute cet expert.

Le président turc, qui vient de renoncer à l'expulsion de dix ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis, a menacé de se tourner vers des avions russes si Washington refusait de lui vendre ses appareils.

Pour Aykan Erdemir, du centre de réflexion Foundation for Defense of Democracies, "il n'y a pas de solution immédiate à cette impasse", explique-t-il à l'AFP. "C'est pourquoi je pense que Washington et plusieurs capitales européennes attendent les élections de 2023 (en Turquie), en espérant que ça résolve le problème".


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.