Climat: négociations décisives au G20 de Rome avant la COP26

Les dirigeants des grandes économies de la planète jetent une pièce dans l'eau lors d'une visite à la fontaine de Trevi dans le centre de Rome le 31 octobre 2021 en marge du sommet du G20. (AFP)
Les dirigeants des grandes économies de la planète jetent une pièce dans l'eau lors d'une visite à la fontaine de Trevi dans le centre de Rome le 31 octobre 2021 en marge du sommet du G20. (AFP)
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Publié le Dimanche 31 octobre 2021

Climat: négociations décisives au G20 de Rome avant la COP26

  • Un des principaux objectifs est de tout faire pour limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle
  • En approuvant une taxation minimale de 15% sur les multinationales, les dirigeants du G20 ont montré samedi que même sur les sujets les plus épineux, ils pouvaient surmonter leurs différends

ROME: Dimanche décisif au G20 de Rome, où les dirigeants des grandes économies de la planète négocient pied à pied leurs engagements climatiques à quelques heures de l'ouverture de la COP26 en Ecosse.

Le G20 s'accorde sur un objectif de réchauffement à 1,5 degré

Les dirigeants du G20 se sont entendus dimanche sur un objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels, avec une formulation plus ambitieuse que dans l'accord de Paris, selon plusieurs sources proches des négociations.


L'accord trouvé porte sur un "langage plus fort" que celui de l'accord de Paris, selon deux sources participant aux négociations. La présidence française a évoqué de son côté "un objectif commun" concernant le seuil de 1,5 degré.

Alors que le G20 représente près de 80% des émissions polluantes mondiales, ses chefs d'Etat et de gouvernement devaient donner le ton avant de rejoindre Glasgow pour le sommet climat de l'ONU, en fixant leurs objectifs à plus ou moins long terme face au réchauffement climatique.


"L'action climatique ne peut être retardée. Avec nos partenaires, on doit affronter cette crise mondiale de toute urgence et avec ambition. C'est l'objectif du @g20org aujourd'hui", a tweeté dimanche matin le Premier ministre canadien Justin Trudeau.


"Les yeux de milliards de personnes, de peuples entiers, sont braqués sur nous et sur les résultats que nous pouvons obtenir", a prévenu samedi soir le président italien Sergio Mattarella au dîner offert aux dirigeants du G20, au palais du Quirinal.


En approuvant une taxation minimale de 15% sur les multinationales, les dirigeants du G20 ont montré samedi que même sur les sujets les plus épineux, ils pouvaient surmonter leurs différends.


Mais les tractations sur le climat se sont poursuivies toute la nuit, selon une source européenne.


La conférence de presse de clôture par le chef du gouvernement italien Mario Draghi, dont le pays va transmettre la présidence du G20 à l'Indonésie, est prévue à 16H15 (15H15 GMT). La plupart des dirigeants présents à Rome s'envoleront dans la foulée pour Glasgow.

Ambition ou consensus 
Un des principaux objectifs est de tout faire pour limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, seuil qui pourrait être déjà atteint autour de 2030, selon les experts climat de l'ONU (Giec). L'enjeu des négociations portait notamment sur la date à fixer pour atteindre la neutralité carbone: 2050? 2060?


La présidence italienne poussait pour des objectifs ambitieux, mais certains membres du G20 - émergents, dépendants du charbon ou producteurs d'hydrocarbures - sont extrêmement rétifs et souhaitent voir biffer les formulations les plus contraignantes, en particulier les moyens concrets pour répondre aux ambitions affichées. S'agissant de la neutralité carbone, le consensus pourrait retenir "la moitié du siècle" comme horizon.


"Certains nous demandent pourquoi nous changeons nos objectifs de 2 degrés à 1,5 degré. Pourquoi? Parce que c'est ce que dit la science", a déclaré Mario Draghi à ses homologues dimanche matin. "Nous devons écouter les avertissements de la communauté scientifique: répondre à la crise climatique cette décennie".


"Rien n'est jamais écrit avant une COP", a souligné le président français Emmanuel Macron dans le Journal du Dimanche.

Un G20 sans la Chine 
Les annonces sont attendues à la mesure de l'urgence: les derniers engagements de réduction des émissions des Etats de la planète mèneraient vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, selon l'ONU.


Le meilleur scénario, estiment les experts, serait un communiqué du G20 qui appelle à augmenter l'ambition dans les 10 ans qui viennent.


"Le réchauffement mondial atteint déjà 1,1 degré au-dessus des niveaux de l'ère pré-industrielle. A 1,5 degré, des pays seront submergés, et c'est pourquoi nous devons obtenir un accord ici" à Glasgow, s'est alarmé dimanche le président de la COP26, le Britannique Alok Sharma.


Le G20 se tient sans la Chine - premier émetteur mondial de gaz à effets de serre devant les Etats-Unis - ni la Russie, Xi Jinping et Vladimir Poutine étant retenus dans leurs pays en raison de la situation sanitaire.


Ils sont intervenus samedi par visioconférence lors de la session consacrée aux finances et à la santé, et ils devaient de nouveau intervenir dimanche. Mais leurs chaises vides à Rome font craindre à certains un rendez-vous manqué avec l'histoire.


Pékin a montré un signe d'inflexion en promettant en septembre de cesser de construire des centrales au charbon à l'étranger. Mais la Chine dépend encore énormément de cette énergie fossile très émettrice de CO2, notamment pour faire tourner ses centrales électriques dans le contexte actuel de crise énergétique.


A quelques kilomètres du centre des conférences où se tient le sommet du G20, le pape, très sensibilisé sur les sujets environnementaux, pourrait lancer un message aux dirigeants du monde lors la prière dominicale célébrée depuis ses fenêtres au palais apostolique au Vatican.


Il les avait appelés vendredi, après avoir reçu le président américain Joe Biden, à apporter "d'urgence" des "réponses efficaces à la crise écologique".


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».