Willy Schraen, le patron des chasseurs, défend son mode de vie

Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs (Photo, Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP).
Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs (Photo, Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 20 septembre 2020

Willy Schraen, le patron des chasseurs, défend son mode de vie

  • Dans une société de plus en plus sensible au bien-être animal, ses opposants dénoncent la chasse d'espèces menacées et des méthodes de chasse parfois « barbares »
  • « On a des réflexes normaux et complètement sains : la quête d'un animal, le tuer à la chasse, le manger », répond Willy Schraen

PARIS: Cible privilégiée des défenseurs des animaux, le patron des chasseurs Willy Schraen n'en a cure : il fustige sans relâche l' « idéologie » de « groupuscules violents » et l' « écologie punitive », persuadé de regagner les cœurs des Français en expliquant sans relâche sa « passion ».

A quelques jours d'un procès à Saint-Omer (Pas-de-Calais) de personnes l'ayant menacé de mort sur les réseaux sociaux, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) raconte avec son franc-parler habituel son « choix de vie ».

« La vie et la mort, ce n'est pas quelque chose qui nous bloque, la nature ce n'est pas le monde des Bisounours : ou tu manges ou tu es mangé », déclare-t-il dans son bureau aux murs couverts de trophées et de tableaux de scènes de chasse.

Dans une société de plus en plus sensible au bien-être animal, ses opposants dénoncent la chasse d'espèces menacées et des méthodes de chasse parfois « barbares ».

« On a des réflexes normaux et complètement sains : la quête d'un animal, le tuer à la chasse, le manger », répond Willy Schraen, 51 ans, qui dénonce toutefois les excès « ultraminoritaires » selon lui de ceux qui tuent des centaines d'oiseaux en une journée. 

« Dans le fond, quand on regarde ce qu'il y a dans les grottes, par exemple Lascaux, est-ce que ce sont des carottes et des choux-fleurs dessinés sur les murs ? Je ne crois pas », poursuit cet originaire des Flandres. 

Et si une image de « gros beaufs dans les campagnes » colle aux 1,1 million de chasseurs revendiqués, c'est parce que la population ne comprend pas la chasse, estime-t-il. La faute aux chasseurs eux-mêmes : « pendant trop longtemps, on s'est dit pour vivre heureux, vivons cachés. Et quand on ne comprend pas quelque chose, souvent on s'y oppose ».

Coups pour coups

Alors « on a décidé de sortir du bois, d'aller sous les rampes médiatiques et d'expliquer ». Depuis son élection à la tête de la FNC en 2016, Willy Schraen écume les plateaux télé pour regagner « le cœur de l'opinion publique », quitte à prendre des coups.

Des coups qu'il n'hésite pas à rendre. Si dans son livre publié récemment (« Un chasseur en campagne », éditions Gerfaut), il ne cache pas sa proximité et son admiration pour certains politiques, d'autres ne sont pas épargnés : « les bobos chantres de l'écologie punitive », la « catastrophe » Nicolas Hulot...

Quant à l'actuelle ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, dont le « cœur reste vert » malgré son passage à LREM, « c'est une femme intelligente, mais elle a malheureusement une grosse idéologie anti-chasse et anti-ruralité », affirme-t-il.

Après la victoire qu'il lui reconnaît sur la chasse à la glu, récemment suspendue par l'Elysée, le patron des chasseurs prédit des discussions difficiles avec sa ministre de tutelle.

Mais n'a-t-il pas l'oreille du président de la République lui-même ? « Pas toujours, la preuve » avec la glu, répond-il. Ce qui ne l'empêche pas d'être prêt à défendre les sujets qui lui tiennent à cœur directement auprès d'Emmanuel Macron, comme une réforme du système qui fait que les chasseurs doivent payer des millions d'euros d'indemnisation aux agriculteurs chaque année pour les dégâts causés par les sangliers.

« Guerres de religion »

S'il cultive cette proximité avec le monde politique, il écarte toute ambition politique nationale. Il espère en revanche la création d'un « groupe d'influence », rassemblant chasseurs, agriculteurs, pêcheurs, bouchers ou viticulteurs.

Un groupe pour défendre la ruralité dans son ensemble contre les attaques de groupuscules vegans ou antispécistes « extrémistes » qui « veulent imposer par la violence leur mode de vie », souligne Willy Schraen, qui compare ce conflit aux anciennes « guerres de religion ». 

Une violence qui s'exprime de plus en plus en ligne, comme après ses propos au printemps sur la capture des chats errants retournés à la vie sauvage. Ses déclarations avaient provoqué un déferlement d'insultes, voire de menaces de mort sur lesquelles se penchera le tribunal de Saint-Omer jeudi.

« Est-ce qu'on doit continuer comme ça, avec une poubelle à ciel ouvert où n'importe quel abruti de service menace de mort quelqu'un, planqué derrière un clavier, dans l'impunité la plus totale ? », s'insurge le patron de la FNC.

Et si certains militants écologistes accusent à l'inverse les chasseurs de menaces et d'intimidations, il s'en défend.

« La violence n'est pas de notre côté. Si la violence était de notre côté, je vous rappelle juste qu'on est armé, ça se verrait tous les jours à la télévision au moment du journal ».


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Short Url
  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Short Url
  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".