Afghanistan: la stabilisation voulue par les talibans se heurte aux assauts de l'EI-K

Un combattant taliban près du lieu d’une attaque, revendiquée par le groupe Daech Khorassan, ayant fait au moins 19 morts à Kaboul. (Photo, AFP)
Un combattant taliban près du lieu d’une attaque, revendiquée par le groupe Daech Khorassan, ayant fait au moins 19 morts à Kaboul. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 04 novembre 2021

Afghanistan: la stabilisation voulue par les talibans se heurte aux assauts de l'EI-K

  • «Le groupe armé est devenu en quelques années un conglomérat d'anciennes organisations jihadistes, y compris ouïgoures et ouzbèkes, ou de talibans transfuges»
  • La déclinaison locale de l'EI vise à rétablir son propre califat en Asie centrale, dans la région historique dite du "Khorasan", à cheval sur l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan et le Turkménistan

KABOUL : Les efforts déployés par les talibans pour apporter la stabilité en Afghanistan sont contrariés par une série d'attaques meurtrières perpétrées par la branche afghane (EI-K) du groupe rival, l’État islamique, comme celle qui a visé mardi un hôpital militaire de Kaboul.


Au moins 19 personnes, dont un haut responsable taliban, ont été tuées et 50 blessées dans une attaque contre l'hôpital Sardar Mohammad Dawood Khan, le plus grand hôpital militaire du pays, revendiquée par l'EI-K.


Avant cela, le groupe s'était dit responsable de l'explosion qui avait ciblé une mosquée de Kaboul début octobre, tuant au moins cinq personnes, et d'un attentat-suicide qui avait coûté la vie à plus de 100 personnes, dont 13 soldats américains en août.


Il a aussi revendiqué deux attentats contre des mosquées chiites de Kunduz (Nord-Est) et Kandahar (Sud) à l'occasion de la prière hebdomadaire du vendredi, qui ont fait au moins 80 morts.

 

L'EI, un ennemi invisible qui marche dans les pas des talibans à Kaboul

KABOUL : "Daech, c'est les talibans, mais en pire". Au lendemain de l'attaque sanglante contre un hôpital de Kaboul revendiquée par le groupe Etat islamique, les habitants redoutent ce nouvel ennemi invisible qui s'inspire de manière déroutante des modes opératoires des talibans. 


"Les talibans nous appelaient les infidèles. Maintenant, ce sont eux qui sont tués parce qu'ils sont considérés comme infidèles" par l'EI, analyse à chaud un commerçant du quartier de l'hôpital militaire, encore en état de siège. 


"Et dans cette guerre, ils n'ont aucune chance de gagner", prophétise-t-il.


Dans la ruelle de l'hôpital où au moins 19 personnes ont été tuées la veille selon un bilan toujours incertain, un nettoyeur passe un jet d'eau sur les flaques de sang. Un garde taliban lui montre avec son fusil les barbelés de la palissade où des restes humains restent accrochés.


"On leur avait dit de ne pas laisser les voitures circuler dans cette rue. L'hôpital a déjà été attaqué, mais ils ne nous ont pas écoutés", dit à l'AFP un médecin de l'hôpital militaire visé, sous couvert d'anonymat. 


Cet établissement avait déjà été pris pour cible en mars 2017 par des assaillants déguisés en personnel médical, une opération elle aussi revendiquée par l'EI. La fusillade de six heures à l'intérieur du bâtiment avait fait 50 morts, selon le bilan officiel, plus du double selon des sources sécuritaires.

Le cauchemar du «sur-attentat»

Pour le médecin de l'hôpital militaire, "Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) et les talibans sont les deux oreilles de la même tête d'âne".


"Je ne peux pas faire la différence, ils ont les mêmes barbes, les mêmes vêtements. Pour moi, ce sont des religieux qui s'en prennent à ce qui est différent d'eux, ceux qui n'ont pas été éduqués dans la religion comme eux". 


Mais en ce qui concerne les modes opératoires, "Daech, c'est les talibans en pire, leurs attaques sont encore plus compliquées et dangereuses", ajoute-t-il.


Cette fois-ci, une moto piégée s'est approchée de la porte principale de l'hôpital et son conducteur s'est fait exploser. Derrière, des hommes armés ont tiré et réussi à pénétrer dans le bâtiment. 


Une vingtaine de minutes plus tard, au moment où les forces spéciales des talibans sont arrivées, une voiture piégée, aux airs de taxi selon des témoins, s'est présentée.


Cette méthode du "sur-attentat", pratiquée à l'époque de leur insurrection par les talibans, est le cauchemar des habitants de Kaboul.


"Après la première explosion, je voyais les gens dehors blessés, mais je ne pouvais pas aller les aider car je savais qu'il y aurait rapidement une deuxième explosion et c'est ce qu'il s'est passé", commente le médecin.

Talibans fébriles
Plus encore que dans le reste de la ville, les patrouilles de talibans lourdement armés sont omniprésentes autour du site de l'attaque. Les véhicules sont arrêtés, les papiers vérifiés, les coffres inspectés...


Hazrat Noor, un fermier de la région de Jawozjan, soigné à l'hôpital de Kaboul depuis plusieurs semaines, estime, lui, "ne pas s'être senti autant en sécurité depuis 40 ans". 


"Daech n'osera plus attaquer, c'était leur dernière tentative, les talibans sont forts, ils ont le contrôle partout. Daech, ils ne sont rien", assure le vieil homme en habit typiquement taliban. 


Pourtant, fébriles au lendemain de l'attaque, les gardes demandent à la presse de ne pas former d'attroupement "parce que la zone n'est pas propre" et ils posent des regards suspicieux sur chaque nouvel arrivant dans le périmètre. 


Chargé de sécuriser la zone, Mohamad Torbi, présent au moment de l'attaque, assure pouvoir reconnaître les hommes de l'EI "car ils sont différents dans leur accent et leur comportement".


"On sait tout de suite qu'ils ne sont pas des nôtres", affirme le taliban venu du Wardak, dans son uniforme occidentalisé, bonnet de ski sur la tête.


"Mais hier, ils portaient nos uniformes", assure-t-il.

Voici un point sur la rivalité entre les deux groupes islamistes:

Qu'est-ce que l'EI-K?
L’État islamique-Khorasan, anciennement connu sous le nom d'ISKP, est né officiellement fin 2014, en prêtant allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi à la tête de l'éphémère "califat" islamique en Irak et en Syrie.


"Le groupe armé est devenu en quelques années un conglomérat d'anciennes organisations jihadistes, y compris ouïgoures et ouzbèkes, ou de talibans transfuges", expliquait après l'attentat de Kunduz Jean-Luc Marret, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique.


La déclinaison locale de l'EI vise à rétablir son propre califat en Asie centrale, dans la région historique dite du "Khorasan", à cheval sur l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan et le Turkménistan.


Selon l'ONU, l'EI-K disposerait de 500 à quelques milliers de combattants en Afghanistan, principalement implantés dans le Nord et l'Est du pays, avec des cellules jusque dans la capitale contrôlée par les talibans depuis la mi-août. 


Un mystérieux Shahab al-Muhajir, dont le nom laisse supposer une origine de la péninsule arabe est à sa tête depuis 2020.


Est-il un ancien d'al-Qaïda? Un ancien du réseau Haqqani, faction ultra-conservatrice et historiquement proche d'Al-Qaïda? Plusieurs théories circulent à son sujet, sans qu'aucune n'ait été établie avec certitude. 

Quel est le niveau de la menace? 
L'EI-K était jusqu'en 2020 une organisation en perte de vitesse, dont l'état-major avait été décimé par une série de frappes américaines.


Mais l'arrivée du nouveau chef en 2020, "a abouti à un changement radical pour l'organisation, passée d'un réseau fragmenté et affaibli à la phalange menaçante qu'elle est aujourd'hui", a indiqué à l'AFP Abdul Sayed, expert des groupes pour la plateforme spécialisée ExTrac. 


Sous son impulsion, les combattants clandestins ont "mis l'accent sur la guerre urbaine et la violence symbolique".


En 2021, l'EI-K a revendiqué plus de 220 attaques en Afghanistan, dont plusieurs depuis la prise de Kaboul par les talibans.


"Bien que les talibans restent son objectif principal, l'EI-K choisit principalement des cibles faciles comme les lieux de culte, les établissements d'enseignement et des lieux publics comme les hôpitaux, pour frapper les esprits", selon Abdul Sayed.


Au cœur de l'idéologie "du rejet" de l'EI-K, qui se présente comme le seul garant d'une vision rigoriste de l'islam, se trouve aussi une ambition génocidaire de la minorité chiite, considérée comme "hérétique", en particulier des Hazaras.

D'où vient sa rivalité avec les talibans?
Les deux groupes extrémistes sunnites ont parfois combattu côte à côte, mais suivent désormais deux stratégies opposées: si les talibans se sont inscrits dans une logique de conquête nationale de l'Afghanistan, l'EI-K prône, lui, une internationalisation du jihad.


Leurs relations sont cependant intriquées. Une certaine "porosité" existe même entre certains talibans et l'EI-K, notamment dans certaines localités reculées, détaille M. Sayed. 


Dans leur propagande, aussi bien que dans leurs tentatives de recrutement, les deux groupes sont en concurrence directe. 


Analyste auprès du think-tank Dragonfly, Barbara Kelemen relève que les nouveaux maîtres du pays, passés en deux mois du jihad au statut de force anti-insurrectionnelle, ont perdu au profit de l'EI-K "des membres mécontents des talibans et ceux qui perçoivent les talibans comme trop modérés".


Depuis le 15 août, les talibans martèlent à la population qu'ils ont mis fin à la guerre et rétabli la stabilité. Un discours menacé par les coups de boutoir de l'EI-K, qui n'hésite pas à recourir aux méthodes utilisées par les talibans quand ils étaient insurgés.


Sans appui étranger, les talibans ont à ce stade des moyens limités en terme de renseignement et contre-terrorisme. A long terme, "ils vont devoir s'appuyer sur le réseau Haqqani, al-Qaïda et d'autres acteurs armés pour les effectifs, l'expertise au combat et le soutien logistique", estime le think-tank américain Soufan Group.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.


Zelensky a déclaré espérer que le conflit Iran-Israël ne réduirait pas l'aide à l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.
  • M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré espérer que la série de frappes menées par Israël et l'Iran l'un contre l'autre n'aboutirait pas à une diminution de l'aide occidentale à l'Ukraine pour faire face à l'invasion russe.

« Nous aimerions que l'aide à l'Ukraine ne diminue pas pour cette raison. La dernière fois, cela a été un facteur qui a ralenti l'aide à l'Ukraine », a indiqué M. Zelensky lors d'une conférence de presse menée vendredi et diffusée samedi.

Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.

M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

« La coalition des volontaires est en train de ralentir (...) Cette situation a montré que l'Europe n'a pas encore décidé de rester aux côtés de l'Ukraine sans les États-Unis », a-t-il déclaré. 

« Lorsque les Européens ont rejoint avec énergie la coalition des volontaires, ils ont constaté que cette énergie n'existait pas aux États-Unis », a-t-il poursuivi, reconnaissant que « des doutes commencent à surgir » au sein des alliés européens de l'Ukraine.

Samedi, dans un message sur X, le dirigeant ukrainien a également appelé les États-Unis à « changer de ton » avec la Russie, alors que Donald Trump a rétabli les contacts avec Moscou après son retour à la Maison-Blanche.

« À l'heure actuelle, le ton du dialogue entre les États-Unis et la Russie semble trop conciliant. Soyons honnêtes : cela n'arrêtera pas Poutine. Ce qu'il faut, c'est changer de ton », a plaidé M. Zelensky, appelant au contraire à renforcer les sanctions envers Moscou.

Le dirigeant ukrainien a par ailleurs assuré que l'offensive russe dans la région de Soumy (nord) avait été stoppée, alors que la Russie y avait revendiqué la capture d'une nouvelle localité la veille. 

Selon M. Zelensky, une incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk a conduit les forces russes à scinder leur contingent en deux pour mener l'offensive sur la région de Soumy, ce qui les a empêchées d'avancer plus profondément vers la capitale régionale du même nom.

Les forces russes se trouvent actuellement à une vingtaine de kilomètres de la ville de Soumy. Samedi, elles ont également revendiqué la capture de la localité de Zeleny Kout, dans la région de Donetsk, à l'est du pays.

Le président ukrainien a également démenti que les forces de Moscou aient pénétré dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), qu'elles ont annoncé attaquer début juin.

Il a enfin annoncé que l'Ukraine « travaillait sur la possibilité de produire en série des missiles balistiques », sans donner plus de détails. 


Mali : des affrontements meurtriers ont opposé l'armée à des indépendantistes touareg dans le nord du pays.

Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
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  • Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».
  • Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

DAKAR, SENEGAL : Des affrontements meurtriers ont éclaté vendredi dans le nord du Mali entre l'armée, soutenue par les mercenaires russes d'Africa Corps et les indépendantistes du Front de libération de l'Azawad (FLA), a rapporté l'AFP, se basant sur les témoignages des belligérants et de sources locales.

Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».

L'armée affirme avoir tué des « combattants ennemis » et estime que la situation est « sous contrôle », sans admettre de pertes.

Dans un communiqué publié vendredi soir, le FLA (Front de libération de l'Azawad), coalition de groupes indépendantistes, a affirmé avoir mené « une opération offensive contre un important convoi de la coalition Fama (Forces armées maliennes) Africa Corps ». 

« Plusieurs dizaines de morts à l'ennemi, dont des éléments des mercenaires d'Africa Corps », c'est ce qu'aurait infligé le FLA.

Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

Le FLA annonce également un bilan de trois morts et sept blessés dans ses rangs.

Plus tôt vendredi, Mohamed Elmaouloud, porte-parole de la coalition de groupes indépendantistes FLA, avait déclaré à l'AFP : « Nos troupes ont mené une action ciblée contre une patrouille d'Africa Corps ce vendredi. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans leurs rangs ».

Une autre source au sein du FLA avait affirmé à l'AFP que « plusieurs mercenaires d'Africa Corps ont été tués ».

Au cours de la journée, les indépendantistes du FLA ont diffusé des images sur les réseaux sociaux. On y voit des corps d'hommes blancs en tenue de combat, ainsi que ce que le FLA présente comme du matériel récupéré lors des affrontements.

L'Azawad est le nom du territoire revendiqué par les indépendantistes dans le nord du Mali. Les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du nord du pays à la fin de l'année 2023, après une offensive de l'armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l'État central.

Cette attaque survient une semaine après l'annonce par Wagner, qui appuyait l'État malien depuis 2021, de la fin de sa mission dans le pays. Ses contingents ont été réintégrés au sein de l'Africa Corps, une organisation sous le contrôle direct du ministère russe de la Défense. 

« Les combats de ce vendredi ont été féroces. Il y a eu des pertes des deux côtés. Mais il faut encore attendre pour obtenir des chiffres définitifs », avait indiqué plus tôt vendredi à l'AFP un élu de la région.

Créé en novembre 2024 par la fusion de plusieurs groupes indépendantistes à dominante touarègue revendiquant le territoire de l'Azawad, dans le nord du Mali, le FLA est le principal groupe armé du pays.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire, nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Cette crise s'ajoute à une grave crise économique.