Khalid Temsamani: «Glasgow est peut-être la dernière chance pour l’humanité de se rattraper»

Le Pr Khalid Temsamani, professeur à l'Université Abdelmalek Essâadi de Tétouan, expert international en changement climatique et en biosécurité, secrétaire général de la Fondation Maison méditerranéenne du climat au Maroc (Photo, Facebook @KhalidTemsamani)
Le Pr Khalid Temsamani, professeur à l'Université Abdelmalek Essâadi de Tétouan, expert international en changement climatique et en biosécurité, secrétaire général de la Fondation Maison méditerranéenne du climat au Maroc (Photo, Facebook @KhalidTemsamani)
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Publié le Vendredi 05 novembre 2021

Khalid Temsamani: «Glasgow est peut-être la dernière chance pour l’humanité de se rattraper»

Le Pr Khalid Temsamani, professeur à l'Université Abdelmalek Essâadi de Tétouan, expert international en changement climatique et en biosécurité, secrétaire général de la Fondation Maison méditerranéenne du climat au Maroc (Photo, Facebook @KhalidTemsamani)
  • «Les pays développés doivent tenir leur promesse de mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an contre le changement climatique à partir de 2020»
  • «À la COP26, nous devons travailler ensemble pour permettre aux pays touchés par le changement climatique de protéger et restaurer les écosystèmes»

RABAT: La COP26 bat son plein, portant avec elle les espoirs d’un vent nouveau dans les politiques climatiques mondiales. Le Maroc fait figure de modèle en matière de lutte contre les changements climatiques. Ces dernières années, le pays a notamment misé sur les énergies vertes afin de réduire ses émissions en gaz à effet de serre. Rabat appelle la communauté internationale à mettre en place des «solutions concrètes selon un calendrier bien défini», afin de faire barrage aux changements climatiques. Le Pr Khalid R. Temsamani, expert international en changement climatique et en biosécurité́, secrétaire général de la Fondation Maison méditerranéenne du climat au Maroc répond aux questions d’Arab News en français à l’occasion de la COP26 à Glasgow.  

Quels sont selon vous les véritables enjeux de cette COP?  

Les COP existent depuis 1995 et sont le résultat du sommet de la Terre de Rio en 1992. Depuis, les États parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) peinent à se mettre d’accord sur un outil diplomatique juridiquement contraignant à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les scientifiques, à travers diverses études, ont pourtant démontré qu’il s’agissait de la seule solution pour stopper les effets néfastes des changements climatiques. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sont très éclairants. Deux d’entre eux sont plus que jamais d’actualité: celui de 2008 prévenait que dépasser une concentration de CO2 atmosphérique de 450 parties par million (ppm) dans l’ère préindustrielle conduirait à un réchauffement global de 2°C! 

Ce rapport est sorti juste avant la fameuse COP15 de Copenhague en 2009, au cours de laquelle les pays développés ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) par an pour le climat jusqu’à 2020. Mais cet engagement n’a jamais été respecté, et le maximum dépensé s’est élevé à 80 milliards de dollars. Dans un second rapport publié en 2018, les scientifiques ont averti qu’afin d’atteindre l’objectif des 1,5°C de réchauffement à la fin du siècle, il faudrait diminuer nos émissions de 45% en 2030 par rapport à 2010 et atteindre la neutralité carbone en 2050, ce qui suppose de réduire les émissions mondiales de 7,6% par an. La fenêtre des opportunités est en train de se refermer! L’Accord de Paris de 2015 a apporté un nouvel élan avec de nouvelles obligations pour tous les pays, adoptant une approche par le bas («bottom up»). 

Boris Johnson a déclaré à Glasgow qu’il était «minuit moins une et que nous devions agir maintenant». Les politiques semblent véritablement avoir pris conscience de l'urgence environnementale... Est-il encore possible de renverser la vapeur?  

Bon nombre de chefs d’État et d’acteurs non étatiques, de membres de la société́ civile et de scientifiques ont été surpris par les résultats du 6ᶱ rapport du Giec sur les sciences climatiques (AR6), publié en août 2021. Ce rapport rappelle plusieurs points importants: il démontre que l’action humaine est responsable des changements climatiques, provoquant la multiplication des événements extrêmes (vagues de chaleur, précipitations intenses et sécheresses, élévation du niveau de la mer). Il se projette aussi vers le futur, expliquant que même dans un scénario de réduction des émissions agressif, le monde continuera de se réchauffer jusqu’en 2050. La CCNUCC prédit une augmentation des GES de 16% en 2030 par rapport à 2010, ce qui conduirait à une température globale de 2,7 °C à la fin du siècle! Les experts du Giec disent cependant qu’il est encore temps d’éviter un changement climatique dangereux. 

Nous devons travailler ensemble pour permettre aux pays touchés par le changement climatique de restaurer les écosystèmes.

Khalid Temsamani

Compte tenu de ces solides preuves scientifiques, quelles solutions peut apporter la COP26?  

Il faudra sécuriser le zéro émission nette dans le monde d’ici à 2050 et garder l’objectif d’une hausse de température de 1,5° à portée de main. Les pays sont invités à présenter des objectifs ambitieux de réduction des émissions d’ici à 2030. Dans ce but, ils devront accélérer leur sortie du charbon (l’énergie provenant du charbon contribue à hauteur de 45% aux émissions de GES), réduire la déforestation, accélérer le passage aux véhicules électriques et encourager les investissements dans les énergies renouvelables.  

Il faudra aussi s’adapter pour protéger les communautés et les habitats naturels. Le climat est déjà en train de changer, avec des effets dévastateurs. À la COP26, nous devons travailler ensemble pour permettre aux pays touchés par le changement climatique de restaurer les écosystèmes. Il faut également construire des systèmes de défense et d’alerte, des infrastructures et une agriculture résiliente pour éviter la destruction de maisons, la perte de moyens de subsistance et de vies.  

Pour atteindre les deux premiers objectifs, les pays développés doivent tenir leur promesse de mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an contre le changement climatique à partir de 2020, via des financements des secteurs privé et public. Les institutions financières internationales doivent jouer leur rôle. Les États devront également une nouvelle fois se pencher sur le «rulebook», le manuel d’application de l’Accord de Paris qu’il reste toujours à finaliser, et procédera la révision du premier cycle des contributions déterminées au niveau national (NDCs), qui incarnent les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales.  

La région méditerranéenne est un point chaud du changement climatique. Le Maroc est particulièrement concerné par la problématique du changement climatique... Quelles en sont les conséquences?  

Les menaces sont principalement la diminution de la pluviométrie, les vagues de chaleurs récurrentes, la sécheresse, les feux de forêts, la diminution des réserves des nappes phréatiques et des ressources en eau superficielle, ainsi que l’élévation du niveau de la mer à laquelle s’associe l’acidification des eaux de la Méditerranée, ce qui risque d’affecter les réserves halieutiques et la faune marine.  

La feuille de route du Maroc lui a permis d’engager, au cours des trois dernières décennies, des réformes successives avec pour ultime ambition de bonifier les conditions sociales dans le strict respect de l’environnement.

Khalid Temsamani

Le Maroc s'est distingué ces dernières années par un certain nombre de projets environnementaux. Le pays a mis en place une stratégie d’adaptation climatique au niveau national à valeur constitutionnelle. Comment le pays s'engage dans la poursuite des objectifs de développement durable?  

La feuille de route du Maroc lui a permis d’engager, au cours des trois dernières décennies, des réformes successives avec pour ultime ambition de bonifier les conditions sociales dans le strict respect de l’environnement. Le Royaume s’est doté d’un important arsenal juridique visant à appuyer la mise en œuvre de cette vision, avec plusieurs lois portant sur l’eau, les énergies renouvelables et l’efficacité́ énergétique. 
Par ailleurs, les NDCs du Maroc annoncent des objectifs très ambitieux, à savoir une réduction de 45,5% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Cela représente un investissement de 38,8 milliards de dollars qui inclut un effort budgétaire public de 17,3 milliards de dollars. À la COP26, le Maroc continuera à négocier pour faire partie des pays qui pourront bénéficier des ressources financières dédiées au climat, en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris. 

Quels peuvent être les freins, les obstacles à de telles politiques?  

Je crois qu’il faut avant tout éviter le populisme, laisser les pays déployer leurs politiques nationales et se mettre au travail! La COP25 de Madrid a été le sommet des opportunités perdues. Glasgow est peut-être la dernière chance pour l’humanité de se rattraper sur de nombreux dossiers, notamment la sortie totale du charbon, la décarbonatation de l’économie mondiale à l’horizon 2050, l’aide financière aux pays les moins développés et la finalisation des négociations concernant le marché du carbone et le mécanisme de coopération. Je tiens particulièrement à ce que les États parties à l’Accord de Paris fassent un minimum d’efforts, en mettant de côté leur égoïsme pour valider une fois pour toutes les directives mises en œuvre, afin de ne plus pénaliser des pays comme le Maroc qui produisent moins de 0,2% des émissions de gaz à effet de serre mondiaux.  


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".