L’Iran ne ratifiera pas l’Accord de Paris sur le changement climatique tant qu’il est soumis à des sanctions, a déclaré le responsable de l’environnement du pays à la BBC. Selon Ali Salajegheh, chef de l’Agence de protection de l’environnement, ces sanctions freinent le développement de l’Iran dans des secteurs tels que l’énergie renouvelable.
L’Iran se classe au huitième rang mondial pour ses émissions de CO2, qui contribuent en grande partie au réchauffement de l’atmosphère, mais il fait partie des rares pays qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris. Seule une minorité de pays, comme le Yémen et l’Érythrée, ravagés par la guerre, n’ont pas encore commencé à appliquer les termes de l’accord.
L’Iran abrite environ 2% de la population mondiale et est de le loin le plus gros émetteur de CO2 parmi les pays non-signataires de l’accord. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, n’a pas assisté à la COP26 à Glasgow, mais la délégation iranienne a plaidé pour un allègement des sanctions en échange d’une action en faveur du climat.
«L’Iran a été touché par le changement climatique comme tous les autres pays du monde», a indiqué M. Salajegheh à la BBC. «Nos précipitations annuelles ont diminué et l’entrée d’eau dans nos rivières a également été réduit de 40 %. Cela a affecté notre agriculture, ainsi que notre eau industrielle et potable.»
En 2021, la République islamique a été secouée par des manifestations en raison de la pénurie d’eau dans la province ethniquement arabe du Khouzestan. Au début de l’année, le politicien exilé Kaveh Madani, qui occupait auparavant le poste de vice-ministre de l’Environnement du pays, a attribué cette crise à la «mauvaise gestion» par Téhéran de ses ressources en eau, qualifiant la situation de «faillite hydrique» en raison des politiques agricoles du gouvernement.
M. Salajegheh a souligné que le monde devait lever les sanctions pour que l’Iran, très pollueur, prenne des mesures pour réduire ses émissions. «Si les sanctions sont levées, nous nous engagerons envers la communauté internationale. C’est à ce moment-là que nous pourrons obtenir le transfert de technologies modernes et de financements, notamment dans le domaine des énergies renouvelables, afin de pouvoir moderniser nos infrastructures qui se détériorent», a-t-il ajouté.
Sans levée des sanctions, les émissions de carbone du pays devraient augmenter de 50% d’ici à 2050, en dépit des promesses faites par l’Iran en 2015 pour les réduire. De plus, l’action contre le changement climatique du pays est toujours jugée «gravement insuffisante» par le consortium Climate Action Tracker.
Si tous les pays fonctionnaient comme l’Iran, le monde risquerait de subir un réchauffement planétaire dévastateur de 4oC, un scénario qui aurait probablement des conséquences incalculables pour la planète. «La première étape importante serait que l’Iran ratifie l’Accord de Paris et modifie ses objectifs climatiques, ce qui, selon notre interprétation, entraînerait plus qu’un doublement des émissions entre 2010 et 2030, bien au-delà de ce que nous prévoyons pour les émissions en 2030 avec les politiques actuelles», a noté Climate Action Tracker.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com