Un match de football contre l'Iran alimente la fierté des Libanais

L'Iran a remporté le match de qualification pour la Coupe du monde 2022 avec un score de 2-1. (Photo, AFP)
L'Iran a remporté le match de qualification pour la Coupe du monde 2022 avec un score de 2-1. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Un match de football contre l'Iran alimente la fierté des Libanais

  • Leur but, inscrit en première mi-temps, a fait sourire les Libanais, qui se noient dans les malheurs
  • «Bonne chance à l'équipe libanaise contre l'occupation iranienne», a tweeté un militant

BEYROUTH : L'équipe nationale iranienne de football s'est rendue au Liban à plusieurs reprises pour participer aux éliminatoires asiatiques.

Mais cette semaine, l'équipe iranienne est arrivée dans des circonstances très différentes, jouant contre le Liban jeudi au milieu d'une vague de querelles politiques et d'accusations selon lesquelles Téhéran s'empare du pays et l'isole de son environnement arabe.

Le match, remporté par l'Iran 2-1, avait suscité un regain de patriotisme chez les Libanais pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022.

Le but libanais, inscrit en première mi-temps, a fait sourire les Libanais, qui se noient dans les malheurs.

Mais alors que le match a suscité la fierté nationale des supporters libanais, beaucoup ont créé de faux comptes sur les réseaux sociaux pour soutenir l'équipe iranienne et la Wilayat Al-Faqih, terme utilisé pour décrire le système de gouvernance utilisé par Téhéran depuis la révolution islamique de 1979.

Bien que la plupart des fans admettent que l'équipe libanaise «manque d'équipement, d'entraînement, de forme physique et de préparation générale à cause des crises financière, économique et institutionnelle au Liban», leurs cœurs, comme ils l'ont affirmé, sont avec les «hommes du cèdre».

Même les politiciens ont encouragé l'équipe nationale libanaise.

Le député indépendant Fouad Makhzoumi a écrit : «Le cœur de tous les Libanais est avec notre équipe nationale de football».

L'activiste Mounir Khater a tweeté : «La grande majorité des Libanais sont unis derrière leur équipe nationale de football. Les Libanais aiment leur pays, à l'exception de quelques-uns dont l'esprit est en proie à l'ignorance, et auxquels le concept national s'est mêlé au concept sectaire».

Le match a eu lieu au stade municipal Rafic Hariri à Sidon, dans le sud du Liban, mais la FIFA et la Confédération asiatique de football ont décidé que les supporters n'étaient pas autorisés à assister au match «pour des raisons de sécurité».

Les experts sportifs ont regretté que cette mesure ait privé l'équipe libanaise de son «facteur de motivation».

Aucune chaîne de télévision n'a couvert le match, les fans ne pouvant le regarder en direct que sur YouTube.

La FIFA a consulté une société de sécurité privée qui avait récemment mené une évaluation de la situation sécuritaire au Liban.

«Le rapport était basé sur l'incident de Tayouneh qui a eu lieu en octobre», a révélé Hashem Haidar, président de l'Association libanaise de football.

Le ministère de la Jeunesse et des Sports a adressé une lettre à la FIFA soulignant «la stabilité du Liban et la possibilité de permettre aux supporters d'assister au match», mais en vain.

À l'extérieur du stade, la confrontation sportive irano-libanaise a pris une tout autre tournure.

La télévision Al-Manar du Hezbollah a tenté de plaire au public libanais anti-Hezbollah en souhaitant du succès à l'équipe libanaise. Pendant ce temps-là, un compte en ligne portant le nom d'Abou Ali Qobeisi a appelé à un rassemblement à Beyrouth pour soutenir l'équipe iranienne.

«Bonne chance à l'équipe libanaise contre l'occupation iranienne», a tweeté un militant.

Un autre a déclaré : «À quel point sont honteux et méprisables les gens du soi-disant milieu de résistance islamique affiliés au gang du Hezbollah au Liban qui encouragent l'équipe iranienne dans un match contre l'équipe libanaise, dont nous sommes fiers».

«Quelle bande d'espions malveillants. Le Liban sera à jamais le numéro un».

L'activiste politique Carlos Nafaa a déclaré : «Si le Liban marquait contre l'Iran, le Hezbollah déposerait une demande de révocation de l'arbitre», en référence aux nombreuses demandes de révocation de Tarek Bitar, le juge chargé de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth, que le Hezbollah a accusé de «politiser l'enquête».

Lorsque les joueurs iraniens sont arrivés à l'aéroport de Beyrouth il y a deux jours avec de grandes quantités de bagages, certains Libanais ont déclaré que leurs valises pouvaient contenir «des armes ou de l'argent pour le Hezbollah car le court séjour de l'équipe ne nécessite pas autant de bagages».

Cela a incité le ministre de l'Intérieur à demander à la sécurité de l'aéroport «d'enquêter sur les bagages et de soumettre un rapport détaillé afin de prendre les mesures appropriées à cet égard».

Une nouvelle controverse a entouré le comédien Hossein Kaouk, qui a fait des sketchs sur la chaine de télévision Al-Jadeed en tant que jeune homme chiite qui vit dans la banlieue sud de Beyrouth et qui est affilié au Hezbollah et au mouvement Amal.

Depuis qu'il a commencé à jouer ce personnage d’une manière sarcastique, Kaouk a été fortement critiqué par les partisans du Hezbollah, dont certains lui ont adressé des menaces de mort.

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a prononcé un discours avant la fin du match de football au cours duquel il a attaqué l'Arabie saoudite et ceux qui le critiquaient au Liban.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud 

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
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  • Deux personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes sur une localité du sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Le ministère a indiqué dans un communiqué qu'une frappe "menée par un drone de l'ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et blessé deux Syriens".

Une autre personne a été tuée dans une seconde frappe sur cette localité, a ajouté le ministère dans un autre communiqué.

Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah a tiré des roquettes à partir du sud du Liban sur Israël, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Israël a réagi en septembre 2024 par d'intenses bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, qui est sorti très affaibli de la guerre.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire de cinq positions frontalières où il a maintenu des troupes, malgré l'accord.

Le Liban affirme respecter l'ensemble de ses engagements et impute à Israël la responsabilité du non-respect de l'accord.

Lundi, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé plus de 50 "cibles terroristes" en un mois au Liban "après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population".

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
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  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

DAMAS: La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, au lendemain de combats confessionnels ayant fait des dizaines de morts près de Damas.

Ces heurts entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés". "Un gouvernement protège son peuple."

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

"Engagement ferme" 

Les combats près de Damas ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les heurts à Jaramana ont fait 17 morts mardi avant de s'étendre mercredi à Sahnaya où 22 combattants de deux camps ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mercredi aussi, 15 combattants druzes ont péri dans une embuscade sur une route menant à Sahnaya, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

Les autorités syriennes avaient averti qu'elles "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie", accusant des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

"Etendre le chaos" 

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.