Coup d'envoi de la conférence internationale pour la Libye à Paris

L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile". (AFP).
L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile". (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Coup d'envoi de la conférence internationale pour la Libye à Paris

  • L'objectif de cette conférence internationale sera d’apporter un soutien international à la poursuite de la transition politique engagée et à la tenue des élections selon le calendrier prévu
  • Mais les tensions politiques ont repris de l'ampleur, chaque camp soupçonnant l'autre de vouloir tirer la couverture à soi, ce qui rend la tenue des élections incertaine, dans un contexte sécuritaire toujours fragile

PARIS: Dix ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la communauté internationale se réunit une nouvelle fois vendredi à Paris pour tenter d'aider la Libye à retrouver la stabilité avec, comme première étape, la bonne tenue des élections prévues le 24 décembre.

Autour du président français Emmanuel Macron, hôte de la conférence, seront rassemblés dans l'après-midi une trentaine de dirigeants, dont ceux des pays co-organisateurs: l'Allemande Angela Merkel, l'Italien Mario Draghi et les Libyens Mohamed Al-Manfi, président du Conseil présidentiel, et Abdelhamid Dbeibah, Premier ministre. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Gutteres interviendra en visioconférence.

Des responsables de la plupart des pays impliqués dans la crise libyenne ou dans son réglement, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov seront également présents.

"L'objectif de cette conférence internationale sera d’apporter un soutien international à la poursuite de la transition politique engagée et à la tenue des élections selon le calendrier prévu", a expliqué l'Elysée.

Or la présidentielle du 24 décembre et les législatives qui doivent se tenir un mois plus tard restent très incertaines sur fond de regain de tensions entre camps rivaux.

"Les élections sont à portée de main (..) Il y va de la stabilité du pays", a relevé la présidence française. "Mais des +spoilers+ (ceux qui veulent gâcher la dynamique, ndlr) sont en embuscade, ils essaient de faire dérailler le processus", a-t-elle regretté.

L'objectif est donc de "rendre le processus électoral incontestable et irréversible" et faire en sorte que le résultat des élections soit ensuite "respecté", selon l'Elysée.

Ces scrutins, aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU, sont censés tourner la page d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et mettre fin aux divisions et aux luttes fratricides entre deux camps rivaux, l'un dans l'ouest du pays et l'autre dans l'est.

Mais les tensions politiques ont repris de l'ampleur, chaque camp soupçonnant l'autre de vouloir tirer la couverture à soi, ce qui rend la tenue des élections incertaine, dans un contexte sécuritaire toujours fragile.

Déroulé prévisionnel

  • 14H15 Arrivée des chefs de délégation à la Conférence internationale pour la Libye. Maison de la Chimie. 
  • 15H00 Session plénière à huis-clos de la Conférence internationale pour la Libye. 
  • 18H30 Conférence de presse conjointe du Président de la République, de Mme Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, de Mario Draghi, Président du Conseil des ministres d’Italie, et de M. Abdelhamid Dbeibah, Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale de l’État de Libye. 

 

 

Départ des mercenaires

Les chances de succès sont donc jugées très incertaines par les experts après les conférences de Berlin 1 et 2. "L'absence des présidents algérien Tebboune, turc Erdogan et russe Poutine et l’impasse actuelle en Libye" risquent "d'entacher cette séquence libyenne", relève Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Suisse). 

De ce fait, la conférence ne va "pas offrir à Emmanuel Macron une opportunité importante de revenir sur la scène libyenne et de se présenter en tant qu’acteur neutre après les échecs de toutes les initiatives françaises" tentées jusqu'à présent.

Le président français, qui a déjà organisé deux conférences sur la Libye en 2017 et 2018, se voit reprocher d'avoir trop favorisé l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, également soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis, au détriment du camp pro-turc de Tripoli.

"Si le comportement de la France, de l’ONU ou des Etats-Unis contribue à exacerber la polarisation qui manifestement est en train de s’accélérer en Libye, cela peut participer de cette course vers une aggravation de la crise", prévient Jalal Harchaoui, expert à la Global Initiative. "L'horizon temporel est extrêmement resserré, chaque journée compte", selon lui.

La liste des participants à la conférence

Participants en présentiel :

  • Chefs de délégation :
  • Mme Angela MERKEL, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne
  • M. Mario DRAGHI, Président du Conseil des ministres de la République italienne
  • M. Mohamed AL-MANFI, Président du Conseil présidentiel libyen
  • M. Abdelhamid DBEIBAH, Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale de l’Etat de Libye
  • M. Abdel Fattah AL-SISSI, Président de la République arabe d’Egypte
  • M. Mohamed BAZOUM, Président de la République du Niger
  • M. Nicos ANASTASIADES, Président de la République de Chypre
  • M. Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo
  • Mme Kamala HARRIS, Vice-présidente des États-Unis d'Amérique
  • M. Mahamat Idriss DEBY, Président du Conseil militaire de transition du Tchad
  • M. Pedro SANCHEZ PEREZ-CASTEJON, Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne
  • M. Kyriakos MITSOTAKIS, Premier ministre de la République hellénique
  • M. Robert ABELA, Premier ministre de la République de Malte
  • Mme Najla BOUDEN, Première ministre de la République tunisienne
  • M. Sergueï LAVROV, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie
  • M. Ignazio CASSIS, Vice-président et Ministre des Affaires étrangères de la Confédération suisse
  • M. Nasser BOURITA, ministre des Affaires étrangères du Royaume du Maroc
  • M. Ayman SAFADI, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères du Royaume hachémite de Jordanie
  • M. Christophe LUTUNDULA, ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo
  • Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, ministre des Affaires étrangères du Koweït
  • M. Ramtane LAMAMRA, Ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire
  • M. Hubertus KNAPEN, ministre des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas
  • Cheikh Shakhboot ALNAHYAN, ministre d’Etat de la fédération des Emirats arabes unis
  • M. Soltan Saad AL-MORAIKHI, ministre d’Etat du Qatar M. Sedat ÖNAL, vice-ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie
  • M. James CLEVERLY, ministre délégué aux Affaires du Moyen-Orient et Afrique du Nord du Royaume-Uni
  • Mme YU Jinsong, chargée d’affaires de la République populaire de Chine
  • Dirigeants d’organisations internationales ou régionales :
  • M. Charles MICHEL, Président du Conseil européen
  • M. Moussa FAKI, Président de la Commission de l’Union africaine
  • M. Josep BORRELL, Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, et vice-président de la Commission européenne
  • M. Ahmed Aboul GHEIT, Secrétaire général de la Ligue arabe
  • M. Eric TIARE, secrétaire exécutif du G5 Sahel
  • Participant en distanciel : M. Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies

Malgré la crise diplomatique avec Paris sur le mémoire de la colonisation, Alger a annoncé la présence du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamarma, tandis que la Tunisie sera représentée par sa nouvelle Première ministre Najla Bouden.

L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile".

Plusieurs milliers de mercenaires russes - du groupe privé Wagner - syriens pro-turcs, tchadiens et soudanais sont encore présents en Libye, selon l'Elysée. 

Trois cents d'entre eux actifs dans des zones contrôlées par le camp de Khalifa Haftar vont être rapatriés "à la demande de la France", a-t-on appris jeudi soir dans l'entourage du maréchal.

Mais la Turquie, qui sera représentée par Sedat Önal, vice-ministre des Affaires étrangères, se montre peu pressée d'engager un retrait de ses forces. Le Kremlin dément, lui, tout envoi de militaires ou mercenaires en Libye ainsi que tout lien avec le groupe Wagner.  

Le dépôt de candidatures pour l'élection du chef d'Etat --premier scrutin au suffrage universel en Libye-- s'est ouvert lundi. Les spéculations vont bon train sur les intentions de Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien "Guide", et du maréchal Khalifa Haftar. 

 

(Avec AFP).


13-Novembre: dix ans après les attentats de Saint-Denis et Paris, l'hommage d'une Nation

Stade de France, terrasses parisiennes, Bataclan: la France se recueille jeudi pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, dix ans après une nuit d'horreur qui a meurtri Paris et Saint-Denis. (AFP)
Stade de France, terrasses parisiennes, Bataclan: la France se recueille jeudi pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, dix ans après une nuit d'horreur qui a meurtri Paris et Saint-Denis. (AFP)
Short Url
  • Le vendredi 13 novembre 2015, la France a été frappée par les attaques jihadistes les plus meurtrières de son histoire, coordonnées par le groupe Etat islamique (EI) qui a ciblé un match de football, un concert de hard-rock et des bars et restaurants
  • L'hommage national aux 132 morts, à leurs familles et aux rescapés de ces attentats qui ont profondément marqué le pays se conclura par l'inauguration d'un jardin mémoriel au coeur de la capitale

PARIS: Stade de France, terrasses parisiennes, Bataclan: la France se recueille jeudi pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, dix ans après une nuit d'horreur qui a meurtri Paris et Saint-Denis.

Le vendredi 13 novembre 2015, la France a été frappée par les attaques jihadistes les plus meurtrières de son histoire, coordonnées par le groupe Etat islamique (EI) qui a ciblé un match de football, un concert de hard-rock et des bars et restaurants.

L'hommage national aux 132 morts, à leurs familles et aux rescapés de ces attentats qui ont profondément marqué le pays se conclura par l'inauguration d'un jardin mémoriel au coeur de la capitale.

"Les terroristes ont voulu attaquer cette culture de Paris, de la joie, de la fête, du partage", a déclaré jeudi matin sur RTL la maire de Paris Anne Hidalgo. "Ils ont voulu nous faire perdre tout cela, on l'a reconstruit avec une forme de gravité".

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron se rendra sur chacun des lieux des attentats, avant l'inauguration du Jardin du 13 novembre 2015, point d'orgue de cette journée de commémorations.

La cérémonie orchestrée par Thierry Reboul, déjà à la manœuvre pour l'ouverture des JO-2024, sera retransmise en direct à la télévision et projetée sur grand écran, place de la République à Paris, où un mémorial s'était improvisé il y a dix ans, des Parisiens traumatisés venant y déposer fleurs, bougies et mots.

"L'objectif cette année, c'est de se dire +soyons tous ensemble+ (...), célébrons évidemment nos morts mais aussi la force de notre République et de notre culture: les terroristes n'ont pas gagné ce soir-là", a insisté Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l'association de victimes Life for Paris, jeudi matin sur RMC.

Depuis samedi, le pied de la statue de Marianne est de nouveau entouré de ces petites attentions. "Course pour la liberté" passant devant chaque site meurtri, fresque murale, Tour Eiffel illuminée en bleu blanc rouge, les hommages ont déjà commencé.

Souvenirs précis 

Impossible, pour beaucoup, d'oublier cette terrible soirée du vendredi 13 novembre 2015, quand trois commandos de l'EI ont assassiné 130 personnes, blessant des centaines d'autres. Depuis, deux rescapés du Bataclan se sont suicidés.

D'après un sondage Ifop pour la fondation Jean Jaurès, 60% des Parisiens se souviennent "précisément" de ce qu'ils faisaient ce soir-là.

Rescapés et proches de victimes appréhendent souvent ces hommages. Stéphane Sarrade a perdu son fils Hugo, 23 ans, tué au Bataclan. Il se dit toujours "incapable" de se rendre devant la salle de concert et ne participera pas aux cérémonies.

Les commémorations officielles, en présence d'Emmanuel Macron, se tiennent sous vigilance renforcée, dans un contexte de menace terroriste toujours élevée.

Elles commenceront à 11H30 avec un hommage à Manuel Dias, seule personne tuée près du Stade de France. Vers 12H30, seront lues des plaques commémoratives devant les bars Le Carillon et le Petit Cambodge, dans le 10e arrondissement de Paris, où 13 vies furent volées.

Vers 13H00, en mémoire des cinq victimes de la Bonne Bière dans le 11e, une minute de silence sera respectée, puis vers 13H30, devant l'ancien Comptoir Voltaire.

Vers 13H50, des gerbes seront déposées devant la Belle Equipe, où 21 vies furent fauchées puis vers 14H30 devant le Bataclan, où 90 personnes furent assassinées.

A partir de 18H00, le fil rouge de la cérémonie au jardin mémoriel sera la musique, "la passion" des victimes, a rappelé Thierry Reboul, avec un requiem du compositeur Victor Le Masne, joué devant 1.500 invités.

"Acte de résistance" 

Ce jardin, lieu de recueillement mémoriel situé près de l'Hôtel de Ville, est fait de grandes stèles et de blocs de granit, évoquant la géographie des différents lieux visés.

"Nous avons été debout pendant 10 ans, nous serons debout (jeudi). Cette cérémonie sera aussi un acte de résistance", a salué Philippe Duperron, président de l'association "13onze15".

"Life for Paris" sera dissoute après l'inauguration de ce lieu mémoriel, pour, selon son président Arthur Dénouveaux, "ne pas s'enfermer dans la victimité".

La question de la mémoire du 13-Novembre sera également au cœur du Musée-mémorial du terrorisme (MMT), qui doit ouvrir fin 2029 ou début 2030 à Paris.

Plus de trois ans après le procès de ces attaques jihadistes, au terme duquel Salah Abdeslam a été condamné à la perpétuité incompressible, le seul membre encore en vie des commandos a dit vouloir, selon son avocate, s'engager dans une démarche de justice restaurative. "Plusieurs victimes des attentats du 13-Novembre" sont prêtes à s'inscrire dans cette démarche de dialogue, a assuré Arthur Dénouveaux.

 


Paris intensifie ses efforts au Liban pour éviter tout dérapage incontrôlé

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés de sa conseillère diplomatique Anne-Claire Legendre au siège du Croissant-Rouge égyptien dans la ville d'Arish, au nord-est de l'Égypte, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à environ 55 kilomètres à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés de sa conseillère diplomatique Anne-Claire Legendre au siège du Croissant-Rouge égyptien dans la ville d'Arish, au nord-est de l'Égypte, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à environ 55 kilomètres à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Liban reste en tête des priorités françaises
  • C’est dans cet esprit que Paris va intensifier ses efforts, avec la visite, ce jour à Beyrouth, d’Anne-Claire Legendre, conseillère du président Emmanuel Macron pour le Moyen-Orient

PARIS: Alors qu’Israël menace d’élargir ses frappes quotidiennes au Liban, en dépit du cessez-le-feu, la France ne baisse pas les bras et s’efforce de préserver son rôle de médiatrice dans un contexte régional explosif.
Membre européen du « mécanisme » chargé de superviser l’application de l’accord de cessation des hostilités, Paris tente de maintenir un équilibre délicat consistant à appuyer les efforts américains sur le plan sécuritaire, tout en défendant la stabilité et la souveraineté du Liban, où ses troupes constituent l’un des principaux contingents de la FINUL depuis 1998.

La montée des tensions à la frontière sud a ravivé les inquiétudes d’une escalade majeure. Et si les États-Unis demeurent en première ligne pour gérer la crise militaire, la diplomatie française, consciente des limites de son influence sur Israël, redouble néanmoins d’efforts.
À travers des visites, des initiatives multilatérales et un travail constant au sein du « mécanisme », Paris cherche à renforcer la surveillance du cessez-le-feu, à contenir les violations israéliennes et à encourager la relance du processus de désarmement progressif du Hezbollah.

Le Liban reste en tête des priorités françaises. C’est dans cet esprit que Paris va intensifier ses efforts, avec la visite, ce jour à Beyrouth, d’Anne-Claire Legendre, conseillère du président Emmanuel Macron pour le Moyen-Orient.
Pendant deux jours, Mme Legendre rencontrera les différents responsables libanais pour discuter du désarmement, de la sécurité et des réformes économiques.

Pour Paris, l’objectif est clair : sortir de l’impasse actuelle en appuyant et en renforçant le mécanisme de suivi du cessez-le-feu, qui devra, selon la France, jouer pleinement son rôle — non seulement dans la vérification du retrait des armes illégales, mais aussi comme barrière contre les violations répétées du cessez-le-feu.
Ce dispositif reste central dans la stratégie française, qui vise à éviter tout dérapage militaire incontrôlé et à trouver un moyen de faire cesser les violations tout en avançant concrètement sur le désarmement.
Paris espère ainsi faire baisser la tension militaire et éviter qu’une opération israélienne d’envergure ne précipite le Liban dans un nouveau cycle de destruction.

Soutien à l’armée 

Sur le plan interne, le soutien à l’armée libanaise demeure une priorité pour la France, qui pousse activement à la tenue de la Conférence internationale en appui aux forces armées libanaises, jugée essentielle pour maintenir la stabilité institutionnelle.
Un second rendez-vous, consacré au redressement économique du pays, reste en revanche suspendu à la mise en œuvre des réformes financières promises par Beyrouth. Paris estime que ces deux volets doivent avancer de pair pour aboutir à des résultats concrets.

D’autre part, les États-Unis demeurent, il est vrai, les principaux interlocuteurs d’Israël et du Hezbollah. Mais la coordination avec Paris reste étroite, et les émissaires américains, notamment Tom Barrack, passent par la capitale française avant leurs rencontres à Beyrouth.
La France, de son côté, s’efforce de convaincre Washington d’intégrer davantage la dimension sociale et économique dans son approche, notamment au Sud-Liban, afin d’offrir aux populations locales une alternative tangible à la domination du Hezbollah et aux effets de l’occupation israélienne.

Pressions régionales et impératif de stabilité

Cette orientation s’accompagne d’un effort de développement mené par l’Agence française de développement (AFD), qui multiplie les partenariats dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’énergie, de l’environnement et des services publics.
Pour Paris, il s’agit de bâtir une base solide de coopération, capable de renforcer les institutions étatiques et de réduire l’influence des acteurs armés.

Malgré cette mobilisation, la France partage l’agacement américain face à la lenteur du gouvernement libanais : les réformes économiques promises tardent, le calendrier du désarmement a été repoussé à septembre, et la planification de l’aide militaire reste floue.
Paris redoute que ce manque de dynamisme ne fasse perdre au Liban le soutien de la communauté internationale. D’ailleurs, les discussions avec Riyad, partenaire clé dans la région, illustrent cette méfiance.
Si l’Arabie saoudite se dit prête à accueillir la conférence de soutien à l’armée, elle attend des signes plus concrets de sérieux dans le processus de désarmement avant de s’engager pleinement.

Enfin, la diplomatie française ne cache pas ses préoccupations sécuritaires : les frappes israéliennes se sont intensifiées ces dernières semaines, tandis que les discours de Tel-Aviv laissent planer la menace d’une extension du conflit.
Paris, engagé à la fois au sein du mécanisme et sur le terrain diplomatique, tente de préserver les fragiles équilibres entre pression internationale, désarmement du Hezbollah et soutien au gouvernement libanais.

En toile de fond, une conviction persiste au sein de la diplomatie française : sans réformes économiques, sans armée nationale forte et sans désescalade régionale, le Liban restera prisonnier d’un cercle vicieux où se mêlent désarmement inachevé, pressions extérieures et paralysie politique.


Abbas renouvelle sa promesse d'élections, Macron hausse le ton sur la colonisation

Le président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé mardi à Paris sa volonté de tenir des élections d'ici environ un an, lors d'un entretien avec Emmanuel Macron qui, son côté, a haussé le ton sur la colonisation de la Cisjordanie par Israël. (AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé mardi à Paris sa volonté de tenir des élections d'ici environ un an, lors d'un entretien avec Emmanuel Macron qui, son côté, a haussé le ton sur la colonisation de la Cisjordanie par Israël. (AFP)
Short Url
  • "Nous renouvelons notre engagement ici devant vous quant aux réformes" de l'Autorité palestinienne, a déclaré Mahmoud Abbas à l'issue de sa rencontre avec le président français au Palais de l'Elysée
  • Celles-ci passent par "l'organisation d'élections présidentielle et législatives", a assuré le dirigeant palestinien, Emmanuel Macron précisant qu'elles auraient lieu "un an après le passage à la deuxième phase du cessez le feu"

PARIS: Le président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé mardi à Paris sa volonté de tenir des élections d'ici environ un an, lors d'un entretien avec Emmanuel Macron qui, son côté, a haussé le ton sur la colonisation de la Cisjordanie par Israël.

"Nous renouvelons notre engagement ici devant vous quant aux réformes" de l'Autorité palestinienne, a déclaré Mahmoud Abbas à l'issue de sa rencontre avec le président français au Palais de l'Elysée.

Celles-ci passent par "l'organisation d'élections présidentielle et législatives", a assuré le dirigeant palestinien, Emmanuel Macron précisant qu'elles auraient lieu "un an après le passage à la deuxième phase du cessez le feu" à Gaza, celle qui comprend le désarmement du Hamas.

Israël et le Hamas se trouvent encore dans la première phase de l'accord de cessez-le-feu conclu le 9 octobre sous l'égide du président américain Donald Trump, celle qui doit voir le retour en Israël des dépouilles de tous les otages morts après la libération de ceux qui étaient en vie.

"La priorité va à l'organisation d'(une) élection présidentielle et d'élections générales libres, transparentes et démocratiques dans l'ensemble des territoires palestiniens, y compris à Jérusalem-Est", a dit de son côté Emmanuel Macron qui, comme son homologue palestinien, s'exprimait devant la presse.

Les deux dirigeants ont également annoncé la création d'un "comité conjoint" franco-palestinien qui doit travailler une Constitution pour l'Etat palestinien que la France a reconnu au moins de septembre lors de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Le président français a par ailleurs adressé plusieurs avertissements à Israël.

"Ligne rouge" 

Les projets d'annexion "partielle ou totale" de la Cisjordanie par Israël, y compris "de facto" par la colonisation, "constituent une ligne rouge à laquelle nous réagirons fortement avec nos partenaires européens s'ils sont mis en oeuvre", a-t-il mis en garde.

Sur le plan financier, "Israël doit de toute urgence transférer les revenus douaniers dus à la Palestine et rétablir les correspondances bancaires entre institutions israéliennes et palestiniennes", a-t-il déclaré.

"Nul ne peut comprendre une politique qui fragilise le seul partenaire à même de coopérer au plan sécuritaire et de s'ériger contre l'explosion de violence qui résulterait immanquablement de son effondrement", a ajouté Emmanuel Macron.

Le président palestinien a également réitéré son engagement à retirer les discours de haine anti-Israël contenus dans les manuels scolaires utilisés dans les écoles palestiniennes et à mettre fin concrètement à la pratique consistant à payer les prisonniers ayant commis des violences en Israël.

Emmanuel Macron recevait pour la première fois Mahmoud Abbas depuis la reconnaissance de l'Etat palestinien par la France, et celui-ci est désormais désigné comme "président de l'Etat de Palestine" dans les documents officiels français.

Dans un communiqué, l'ambassade d'Israël en France s'est insurgée contre l'accueil réservé au président palestinien. Elle a estimé que l'Autorité palestinienne avait eu de "nombreuses occasions de promouvoir la paix et a choisi de rejeter toutes les opportunités offertes par Israël et les Etats-Unis pour mettre fin au conflit".

Sur le plan bilatéral, Mahmoud Abbas promis une extradition rapide d'un Palestinien, Hicham Harb, arrêté en septembre en Cisjordanie et soupçonné d'avoir supervisé le commando de l'attentat antisémite de la rue des Rosiers qui avait fait six mort à Paris en 1982.

"Les procédures juridiques relatives à l'extradition sont arrivées à leur phase finale. Il ne reste que quelques détails techniques, qui sont pris en charge par les autorités compétentes des deux pays", a-t-il déclaré au Figaro quelques heures avant sa rencontre avec Emmanuel Macron.