Coup d'envoi de la conférence internationale pour la Libye à Paris

L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile". (AFP).
L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile". (AFP).
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Publié le Vendredi 12 novembre 2021

Coup d'envoi de la conférence internationale pour la Libye à Paris

  • L'objectif de cette conférence internationale sera d’apporter un soutien international à la poursuite de la transition politique engagée et à la tenue des élections selon le calendrier prévu
  • Mais les tensions politiques ont repris de l'ampleur, chaque camp soupçonnant l'autre de vouloir tirer la couverture à soi, ce qui rend la tenue des élections incertaine, dans un contexte sécuritaire toujours fragile

PARIS: Dix ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la communauté internationale se réunit une nouvelle fois vendredi à Paris pour tenter d'aider la Libye à retrouver la stabilité avec, comme première étape, la bonne tenue des élections prévues le 24 décembre.

Autour du président français Emmanuel Macron, hôte de la conférence, seront rassemblés dans l'après-midi une trentaine de dirigeants, dont ceux des pays co-organisateurs: l'Allemande Angela Merkel, l'Italien Mario Draghi et les Libyens Mohamed Al-Manfi, président du Conseil présidentiel, et Abdelhamid Dbeibah, Premier ministre. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Gutteres interviendra en visioconférence.

Des responsables de la plupart des pays impliqués dans la crise libyenne ou dans son réglement, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov seront également présents.

"L'objectif de cette conférence internationale sera d’apporter un soutien international à la poursuite de la transition politique engagée et à la tenue des élections selon le calendrier prévu", a expliqué l'Elysée.

Or la présidentielle du 24 décembre et les législatives qui doivent se tenir un mois plus tard restent très incertaines sur fond de regain de tensions entre camps rivaux.

"Les élections sont à portée de main (..) Il y va de la stabilité du pays", a relevé la présidence française. "Mais des +spoilers+ (ceux qui veulent gâcher la dynamique, ndlr) sont en embuscade, ils essaient de faire dérailler le processus", a-t-elle regretté.

L'objectif est donc de "rendre le processus électoral incontestable et irréversible" et faire en sorte que le résultat des élections soit ensuite "respecté", selon l'Elysée.

Ces scrutins, aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU, sont censés tourner la page d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et mettre fin aux divisions et aux luttes fratricides entre deux camps rivaux, l'un dans l'ouest du pays et l'autre dans l'est.

Mais les tensions politiques ont repris de l'ampleur, chaque camp soupçonnant l'autre de vouloir tirer la couverture à soi, ce qui rend la tenue des élections incertaine, dans un contexte sécuritaire toujours fragile.

Déroulé prévisionnel

  • 14H15 Arrivée des chefs de délégation à la Conférence internationale pour la Libye. Maison de la Chimie. 
  • 15H00 Session plénière à huis-clos de la Conférence internationale pour la Libye. 
  • 18H30 Conférence de presse conjointe du Président de la République, de Mme Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, de Mario Draghi, Président du Conseil des ministres d’Italie, et de M. Abdelhamid Dbeibah, Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale de l’État de Libye. 

 

 

Départ des mercenaires

Les chances de succès sont donc jugées très incertaines par les experts après les conférences de Berlin 1 et 2. "L'absence des présidents algérien Tebboune, turc Erdogan et russe Poutine et l’impasse actuelle en Libye" risquent "d'entacher cette séquence libyenne", relève Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Suisse). 

De ce fait, la conférence ne va "pas offrir à Emmanuel Macron une opportunité importante de revenir sur la scène libyenne et de se présenter en tant qu’acteur neutre après les échecs de toutes les initiatives françaises" tentées jusqu'à présent.

Le président français, qui a déjà organisé deux conférences sur la Libye en 2017 et 2018, se voit reprocher d'avoir trop favorisé l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, également soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis, au détriment du camp pro-turc de Tripoli.

"Si le comportement de la France, de l’ONU ou des Etats-Unis contribue à exacerber la polarisation qui manifestement est en train de s’accélérer en Libye, cela peut participer de cette course vers une aggravation de la crise", prévient Jalal Harchaoui, expert à la Global Initiative. "L'horizon temporel est extrêmement resserré, chaque journée compte", selon lui.

La liste des participants à la conférence

Participants en présentiel :

  • Chefs de délégation :
  • Mme Angela MERKEL, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne
  • M. Mario DRAGHI, Président du Conseil des ministres de la République italienne
  • M. Mohamed AL-MANFI, Président du Conseil présidentiel libyen
  • M. Abdelhamid DBEIBAH, Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale de l’Etat de Libye
  • M. Abdel Fattah AL-SISSI, Président de la République arabe d’Egypte
  • M. Mohamed BAZOUM, Président de la République du Niger
  • M. Nicos ANASTASIADES, Président de la République de Chypre
  • M. Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo
  • Mme Kamala HARRIS, Vice-présidente des États-Unis d'Amérique
  • M. Mahamat Idriss DEBY, Président du Conseil militaire de transition du Tchad
  • M. Pedro SANCHEZ PEREZ-CASTEJON, Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne
  • M. Kyriakos MITSOTAKIS, Premier ministre de la République hellénique
  • M. Robert ABELA, Premier ministre de la République de Malte
  • Mme Najla BOUDEN, Première ministre de la République tunisienne
  • M. Sergueï LAVROV, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie
  • M. Ignazio CASSIS, Vice-président et Ministre des Affaires étrangères de la Confédération suisse
  • M. Nasser BOURITA, ministre des Affaires étrangères du Royaume du Maroc
  • M. Ayman SAFADI, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères du Royaume hachémite de Jordanie
  • M. Christophe LUTUNDULA, ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo
  • Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, ministre des Affaires étrangères du Koweït
  • M. Ramtane LAMAMRA, Ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire
  • M. Hubertus KNAPEN, ministre des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas
  • Cheikh Shakhboot ALNAHYAN, ministre d’Etat de la fédération des Emirats arabes unis
  • M. Soltan Saad AL-MORAIKHI, ministre d’Etat du Qatar M. Sedat ÖNAL, vice-ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie
  • M. James CLEVERLY, ministre délégué aux Affaires du Moyen-Orient et Afrique du Nord du Royaume-Uni
  • Mme YU Jinsong, chargée d’affaires de la République populaire de Chine
  • Dirigeants d’organisations internationales ou régionales :
  • M. Charles MICHEL, Président du Conseil européen
  • M. Moussa FAKI, Président de la Commission de l’Union africaine
  • M. Josep BORRELL, Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, et vice-président de la Commission européenne
  • M. Ahmed Aboul GHEIT, Secrétaire général de la Ligue arabe
  • M. Eric TIARE, secrétaire exécutif du G5 Sahel
  • Participant en distanciel : M. Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies

Malgré la crise diplomatique avec Paris sur le mémoire de la colonisation, Alger a annoncé la présence du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamarma, tandis que la Tunisie sera représentée par sa nouvelle Première ministre Najla Bouden.

L'exécutif français, qui souhaite voir endossé lors de la conférence "le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers", concède qu'en la matière, la partie reste "difficile".

Plusieurs milliers de mercenaires russes - du groupe privé Wagner - syriens pro-turcs, tchadiens et soudanais sont encore présents en Libye, selon l'Elysée. 

Trois cents d'entre eux actifs dans des zones contrôlées par le camp de Khalifa Haftar vont être rapatriés "à la demande de la France", a-t-on appris jeudi soir dans l'entourage du maréchal.

Mais la Turquie, qui sera représentée par Sedat Önal, vice-ministre des Affaires étrangères, se montre peu pressée d'engager un retrait de ses forces. Le Kremlin dément, lui, tout envoi de militaires ou mercenaires en Libye ainsi que tout lien avec le groupe Wagner.  

Le dépôt de candidatures pour l'élection du chef d'Etat --premier scrutin au suffrage universel en Libye-- s'est ouvert lundi. Les spéculations vont bon train sur les intentions de Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien "Guide", et du maréchal Khalifa Haftar. 

 

(Avec AFP).


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.