La sécurité énergétique est une priorité mondiale estime l’expert Toufik Hasni

Toufik Hasni est président de l’Apeque, une ONG active dans le développement durable.
Toufik Hasni est président de l’Apeque, une ONG active dans le développement durable.
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Publié le Mardi 16 novembre 2021

La sécurité énergétique est une priorité mondiale estime l’expert Toufik Hasni

  • Selon l’Agence internationale de l’énergie, malgré de légers progrès, les énergies propres ne représentent qu’une part minime dans les plans de relance des économies post-covid-19
  • «L’urgence concerne avant tout la sécurité énergétique: il s’agit d’une priorité mondiale», affirme Toufik Hasni, consultant algérien en énergie

PARIS: Diminuer les émissions des CO2, galvaniser les investissements dans la énergies propres, mettre en œuvre des stratégies d’efficacité énergétique, rationaliser la consommation: les défis à relever ne manquent pas pour faire face aux aléas et aux urgences climatiques. Des experts exhortent les gouvernements à faire adopter une stratégie fiable pour répondre à l’urgence climatique. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), malgré de légers progrès, les énergies propres ne représentent encore qu’une part minime dans les plans de relance des économies post-covid-19.

À l’occasion de la tenue de la COP26, qui s’est refermée le 14 novembre dernier à Glascow, Arab News en français a interrogé Toufik Hasni, ingénieur en raffinage et pétrochimie et ancien directeur de Neal, une société spécialiste du développement des énergies renouvelables (EnR). Il a par ailleurs été consultant pour le ministère algérien de l’Environnement et expert de la Commission transition énergétique dans le cadre du Dialogue 5+5 (le plus ancien cadre de rencontre entre pays du bassin méditerranéen, NDLR) autour des enjeux des énergies du futur.

Toufik Hasni un membre engagé du groupe Concerting Solar Power for the Mediterranean Region (MED-CSP), une étude commandée par le ministère fédéral de l’Environnement, de la Préservation de la nature et la Sécurité nucléaire de l’Allemagne
Toufik Hasni un membre engagé du groupe Concerting Solar Power for the Mediterranean Region (MED-CSP), une étude commandée par le ministère fédéral de l’Environnement, de la Préservation de la nature et la Sécurité nucléaire de l’Allemagne.

L’urgence climatique consiste-elle, selon vous, dans la rationalisation et l’efficacité énergétique ou dans l’impulsion des investissements dans les EnR?

L’urgence concerne avant tout la sécurité énergétique: il s’agit d’une priorité mondiale. Pour cela, il est important d’élaborer une stratégie énergétique qui aura pour finalité la sécurité à long terme du pays, un modèle qui intégrera les besoins rationnels énergétiques des différents secteurs économiques.

Par «rationnel», on entend des besoins normalisés: par exemple, faire arrêter le gaspillage des ménages. Il est nécessaire d’y inclure les besoins des nouveaux axes de développement en dehors des hydrocarbures et le fait de maîtriser la croissance démographique, qui ne dépasserait pas les 2%.

Qui est Toufik Hasni?

Toufik Hasni est président de l’Apeque, une ONG active dans le développement durable. C’est un membre engagé du groupe Concerting Solar Power for the Mediterranean Region (MED-CSP), une étude commandée par le ministère fédéral de l’Environnement, de la Préservation de la nature et la Sécurité nucléaire de l’Allemagne. Par ailleurs, il a participé à la Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation (Trec) et a joué un rôle important dans le projet Desertec.

Il est l’auteur du livre La Transition énergétique et les défis et, plus récemment, de La Guilde et le covid-19 face à la 4e révolution industrielle, ainsi que d’une étude pour la Fondation Friedrich-Ebert intitulée Algérie, 100% énergies renouvelables.

Dans le cadre de la COP26, les chefs d’États auront-ils le choix du pragmatisme et pourront-ils adopter une stratégie nouvelle, exclusivement tournée vers les énergies propres – en tenant compte, bien sûr, des inégalités de moyens entre les différents pays de la planète?

La question principale serait la suivante: les hommes politiques sont-ils capables de dépasser leur vision à court terme liée à leur échéance politique et de se rendre compte que l’avenir de la planète est en jeu?

La décision du président Trump a bien reflété ce dilemme politique, avec le retrait de ses engagements à l’occasion de la COP21. Est-ce que le président Biden pourra le faire? Est-ce que les présidents Xi Jinping et Poutine suivront? La crise économique mondiale et la fin d’une économie liée au dollar serons-ils des facteurs susceptibles de relancer une nouvelle économie mondiale multilatérale, socialement plus équilibrée? Il n’existe pas, aujourd’hui, de réponse à cette question.

Vous avez participé à de nombreux groupes de réflexions et à un certain nombre d’études autour des énergies renouvelables à l’échelle de la Méditerranée: Groupe 5+5, projet Desertec… Pouvez-vous nous parler du potentiel algérien en matière d’énergies propres et durables?

Le programme de développement des EnR pour la période 2030, respectueux des engagements de la COP21, devait se structurer pour le réseau électrique: 2800 MW en photovoltaïque (PV), 11 200 MW en solaire thermique et en éolien. L’estimation de la Banque mondiale en termes de torchage du gaz indique plus de 6 milliards de m3 par an. Cela devrait permettre au pays de parachever le mix énergétique de manière à respecter les engagements de la COP21.

Dans l’étude commanditée par la fondation Friedrich-Ebert qui a pour titre L’Algérie 100% énergies renouvelables, nous avons défini l’ensemble du programme qui permet d’atteindre l’objectif suivant: 14 000 MW pour nos besoins et 10 000 MW pour l’export (Union européenne); 6000 MW pour nos besoins et 36 000 MW pour l’export (Maghreb). Il est évident que le retard constaté pour le respect des engagements pris lors de la COP 21 va créer une pression plus grande. L’Europe n’est pas en mesure de respecter ses engagements. La crise économique et sanitaire a compliqué la situation.

Le potentiel de l’Algérie est l’un des plus importants du monde en ce qui concerne l’énergie en général et le solaire en particulier. Nous avons démontré que le solaire représentait 40 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, ce qui est près de dix fois la consommation mondiale. Il est largement suffisant pour assurer la sécurité énergétique de l’Europe, du Maghreb et de l’Afrique sahélienne, du Sénégal au Soudan.

Dans le secteur des EnR, quelle filière pourrait devenir la locomotive de transition énergétique dans la région Maghreb-Méditerrané en matière de coopération, de financements et de partenariats? Quels en sont les atouts et les freins?

Nous pensons avoir défini les filières qui sont en train de s’imposer à l’heure actuelle dans la région saharienne et moyen-orientale: il s’agit à 80% de l’hybride solaire thermique et à 20% photovoltaïque. C’est le résultat de l’étude que j’ai mentionnée.

Les atouts sont certains, avec le potentiel en solaire thermique algérien et la proximité du marché. La liaison électrique en courant continu entre la côte algérienne et la côte européenne représente à près de 120 km. Le coût est un atout important, car il est plus faible que celui des énergies fossiles ou du nucléaire.

Actuellement, le premier frein réside dans le poids des lobbies pétrolier et nucléaire, qui voient leurs filières menacées par les énergies renouvelables décarbonées, et surtout moins chères.

Le second frein reste l’accès au marché européen de l’électricité, qui possède le monopole du nucléaire.

Il y aussi la question de l’environnement de l’investissement, qui, en Algérie, reste difficile, notamment pour les projets capitalistiques. La révision de la règle des 51/49 est une étape. Nous proposons des reformes plus audacieuses, comme l’approche basée sur le principe des zones franches

Dans un tel contexte mondial – Covid-19 et relance économique –, un projet ambitieux comme l’était Desertec devrait-il être relancé ou revu à l’échelle de la région Méditerranée?

Le projet Desertec était une initiative allemande. Notre programme est certainement plus ambitieux. Il est inscrit dans le cadre des 5+5 élargis à l’Allemagne. C’est le cadre actuel des négociations. La dimension de notre programme offre des opportunités à tout le monde.

Il présente en outre une approche de développement conjoint des deux rives, avec une ouverture vers l’Afrique. Cela devrait appuyer la mutation culturelle dans la vision du partenariat entre les deux rives. Le déséquilibre social qui résulte du mode de développement actuel a montré ses limites, comme l’a relevé la COP26. Il est de notre devoir de rééquilibrer la situation pour nos jeunes des deux rives.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com