Libye: l'homme fort de l'Est Haftar se porte candidat à la présidentielle

Le 22 septembre, le maréchal Haftar, 77 ans, s'était provisoirement retiré de ses fonctions à la tête de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), comme le stipule la loi électorale, pour pouvoir se présenter à la présidentielle le 24 décembre. (Photo/AFP)
Le 22 septembre, le maréchal Haftar, 77 ans, s'était provisoirement retiré de ses fonctions à la tête de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), comme le stipule la loi électorale, pour pouvoir se présenter à la présidentielle le 24 décembre. (Photo/AFP)
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Publié le Mardi 16 novembre 2021

Libye: l'homme fort de l'Est Haftar se porte candidat à la présidentielle

  • Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des violences sanglantes et à des luttes entre pouvoirs rivaux dans l'est et l'ouest du pays
  • Le militaire, accusé par ses adversaires de vouloir instaurer une dictature militaire, est soutenu par des acteurs régionaux clefs impliqués dans le dossier libyen comme l'Egypte et les Emirats arabe unis

BENGHAZI: L'homme fort de l'Est de la Libye Khalifa Haftar s'est porté mardi candidat à la présidentielle de décembre, deux jours après un fils de Mouammar Kadhafi, deux hommes aux penchants autoritaires qui risquent selon leurs détracteurs de torpiller le passage du pays à la démocratie.

Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des violences sanglantes et à des luttes entre pouvoirs rivaux dans l'est et l'ouest du pays.

"Je déclare ma candidature à l'élection présidentielle, non pas parce que je cours après le pouvoir mais pour conduire notre peuple en cette période cruciale vers la gloire, le progrès et la prospérité", a lancé le maréchal Haftar dans un discours retransmis en direct depuis Benghazi, son fief.

Après son discours, il s'est rendu dans un bureau de la Haute Commission électorale (HNEC) pour déposer sa candidature.

Le 22 septembre, le maréchal Haftar, 77 ans, s'était provisoirement retiré de ses fonctions à la tête de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), comme le stipule la loi électorale, pour pouvoir se présenter à la présidentielle le 24 décembre.

La loi électorale en question, critiquée par les détracteurs du maréchal Haftar comme taillée sur mesure pour lui, lui permet d'être candidat à la présidentielle et de pouvoir retrouver son poste militaire s'il n'était pas élu. 

Le militaire, accusé par ses adversaires de vouloir instaurer une dictature militaire, est soutenu par des acteurs régionaux clefs impliqués dans le dossier libyen comme l'Egypte et les Emirats arabe unis. 

Il cherche à conquérir le pouvoir par les urnes après l'échec retentissant de son aventure militaire aux portes de Tripoli, siège du gouvernement reconnu par l'ONU, en 2019. 

«Un tournant»

"La Libye se trouve aujourd'hui à un tournant. Soit elle opte pour la liberté et l'indépendance, soit pour la corruption et le chaos", a-t-il déclaré dans son allocution mardi.

Selon Wolfram Lacher, expert sur la Libye de l'institut allemand SWP, les forces dirigées par Haftar "sont de loin les principaux auteurs de crimes de guerre depuis 2014 et elles pourraient recourir à la violence pour influer sur les élections".

La candidature du maréchal Haftar survient deux jours après celle de Seif al-Islam Kadhafi, recherché lui par la Cour pénale internationale pour "crimes contre l'humanité". 

En 2019, le maréchal Haftar qui contrôle l'Est et une partie du sud du pays avait lancé ses combattants à la conquête de Tripoli (ouest). Ses troupes ont été repoussées en juin 2020 par les forces rivales aidées militairement par la Turquie. 

Pour son discours de candidature, M. Haftar a troqué son uniforme militaire lesté d'insignes pour un costume cravate bleu foncé. Les médias de l'Est libyen acquis à sa cause s'y réfèrent désormais comme "Monsieur Khalifa Haftar" sans mention de sa grade militaire.

Personnage controversé

Son échec à conquérir la capitale a été suivi de la signature d'un cessez-le-feu en octobre 2020 et, surtout, de l'installation en mars 2021 sous l'égide de l'ONU d'un gouvernement chargé de mener la transition d'ici les élections de décembre.

Pour Khaled al-Montasser, professeur en relations internationales à l'Université de Tripoli, même en s’imposant sur le plan politique, Haftar "reste néanmoins un personnage controversé et contesté par une grande majorité dans l'ouest et le sud du pays". 

Il sera "difficile de faire accepter un processus électoral qui l’amène au pouvoir", a-t-il affirmé à l'AFP.

"Le prochain scrutin est désormais un moyen de recycler l’ancien système au lieu d'établir une transition consensuelle. Après l'échec de l'option militaire, le maréchal Haftar est en course pour succéder au colonel" Kadhafi, a commenté sur Twitter Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. 

Devant un rassemblement de jeunes lundi soir à Tripoli, le chef du gouvernement intérimaire, Abdelhamid Dbeibah, a évoqué de "gros problèmes" autour des lois électorales adoptées unilatéralement par le Parlement pro-Haftar, faisant savoir qu'il annoncerait, "le moment venu", s'il compte se présenter ou pas.

Des dignitaires de plusieurs villes avaient appelé lundi au boycott de la présidentielle et des bureaux de vote --où les électeurs retirent leur carte-- ont fermé dans l'Ouest sous la pression de groupes hostiles à la candidature de Seif al-Islam Kadhafi et celle du maréchal Haftar avant même l'officialisation de cette dernière.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com