Le Soudan, coupé du monde, vit sa journée la plus meurtrière depuis le putsch

Les gens manifestent samedi à Khartoum, au Soudan. Des manifestants pro-démocratie sont descendus dans les rues pour se rassembler contre la prise de pouvoir par l'armée le mois dernier. (Photo, AP)
Les gens manifestent samedi à Khartoum, au Soudan. Des manifestants pro-démocratie sont descendus dans les rues pour se rassembler contre la prise de pouvoir par l'armée le mois dernier. (Photo, AP)
Short Url
Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Le Soudan, coupé du monde, vit sa journée la plus meurtrière depuis le putsch

Les gens manifestent samedi à Khartoum, au Soudan. Des manifestants pro-démocratie sont descendus dans les rues pour se rassembler contre la prise de pouvoir par l'armée le mois dernier. (Photo, AP)
  • Au total, depuis le putsch il y a plus de trois semaines, 34 personnes dont trois adolescents ont été tuées et des centaines blessées
  • La police, elle, assure ne pas ouvrir le feu et la télévision d'Etat a même annoncé l'ouverture d'une enquête sur les manifestants tués

KHARTOUM: Quinze manifestants anti-putsch ont été tués à Khartoum lors de la journée la plus sanglante depuis le coup d'Etat du 25 octobre, mené par l'armée qui a plongé mercredi le Soudan dans un huis-clos macabre en coupant toutes les communications.

Dans la seule banlieue nord de la capitale, sept personnes ont été fauchées par des balles tirées, selon un syndicat de médecins prodémocratie, par les forces de sécurité qui visaient "la tête, le cou ou le torse". 

Au total, depuis le putsch il y a plus de trois semaines, 34 personnes dont trois adolescents ont été tuées et des centaines blessées. La répression a semblé se durcir mercredi. 

Dès la mi-journée, le nouveau pouvoir militaire a coupé toutes les communications téléphoniques, tandis qu'internet est inaccessible dans le pays depuis le 25 octobre. 

Mercredi, pour la troisième journée de mobilisation massive, les militants n'ont pas pu mobiliser comme d'habitude par SMS et les manifestants n'étaient que quelques milliers contre des dizaines de milliers les fois précédentes. 

Le déploiement sécuritaire et la répression, en revanche, étaient eux plus importants. 

« Crimes contre l'humanité » 

"Aujourd'hui, la répression est féroce, il y a eu beaucoup de violence, des grenades lacrymogènes et assourdissantes en continu", a dit Soha, une manifestante de 42 ans. 

"J'ai vu un blessé par balle derrière moi et il y a eu énormément d'arrestations" à Khartoum, a-t-elle ajouté. 

Dans ce pays où plus de 250 manifestants avaient péri lors de la révolte qui a renversé le dictateur Omar el-Béchir en 2019, l'un de ses fers de lance, l'association des professionnels soudanais, a dénoncé mercredi d'"immondes crimes contre l'humanité", accusant les forces de sécurité de "meurtres prémédités". 

La police, elle, assure ne pas ouvrir le feu et la télévision d'Etat a même annoncé l'ouverture d'une enquête sur les manifestants tués. 

En soirée des centaines de manifestants continuaient de tenir leurs barricades notamment dans la banlieue nord de Khartoum pour dire "Non au pouvoir militaire", tandis que les défilés dans les autres villes du Soudan s'étaient dispersés. 

Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane a rebattu les cartes d'une transition chancelante depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir et mis un point final à l'union sacrée formée en 2019 par civils et militaires. 

Alors qu'aucune solution politique ne semble en vue, Washington a multiplié les appels du pied. 

Après les sanctions, les Etats-Unis ont annoncé être prêts à soutenir de nouveau le Soudan, si "l'armée remet le train (de la transition) sur les rails", a prévenu le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken au Kenya. 

Retour de Hamdok? 

Son émissaire à Khartoum ces derniers jours, la vice-secrétaire d'Etat pour les Affaires africaines, Molly Phee, a fait la navette entre le Premier ministre Abdallah Hamdok toujours en résidence surveillée et le général Burhane, pour tenter de relancer la transition démocratique au Soudan, sous dictature militaire quasiment en continu depuis son indépendance en 1956. 

Mais le chef de l'armée semble ne pas envisager de retour en arrière: il s'est récemment renommé à la tête de la plus haute institution de la transition, le Conseil de souveraineté. Et a reconduit tous ses membres militaires ou pro-armée, remplaçant uniquement quatre membres partisans d'un pouvoir entièrement civil par d'autres civils, apolitiques. 

Pour tenter de venir à bout de la contestation, des centaines de militants, de passants ou de journalistes ont été arrêtés. 

Selon le syndicat de médecins, les forces de sécurité sont allées jusqu'à arrêter médecins et blessés dans des hôpitaux de la capitale.  

Sur le plan politique, les militaires tardent à nommer les nouvelles autorités qu'ils promettaient depuis des jours de façon "imminente".  

Mme Phee a plaidé pour le retour de M. Hamdok, dont les quelques ministres libres affirment être toujours l'unique cabinet "légitime", refusant de négocier avec les généraux depuis le 25 octobre. 

Le général Burhane, lui, continue de promettre des élections en 2023 et assure n'avoir agi que pour "corriger la trajectoire de la révolution", comme il l'a redit mardi à Mme Phee. 

 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
Short Url
  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Short Url
  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
Short Url
  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.