Maroc : Le décès d’un jeune casablancais dans des circonstances opaques enflamme les réseaux sociaux

Pour les Green Boys, il ne fait aucun doute que Youssef, qui revenait d’un rassemblement du groupe ultra, a été victime d’une bavure policière. (Photo, AFP)
Pour les Green Boys, il ne fait aucun doute que Youssef, qui revenait d’un rassemblement du groupe ultra, a été victime d’une bavure policière. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 17 novembre 2021

Maroc : Le décès d’un jeune casablancais dans des circonstances opaques enflamme les réseaux sociaux

  • Cette histoire, qui aurait pu finir dans les oubliettes des faits divers, a refait surface ces derniers jours, déterrée par les Green Boys, groupe d’ultras du Raja de Casablanca
  • Pour les Green Boys, il ne fait aucun doute que Youssef, qui revenait d’un rassemblement du groupe ultra, a été victime d’une bavure policière.

CASABLANCA : La mort de Youssef, un jeune casablancais, dans des circonstances opaques, pose question et suscite l’indignation sur les réseaux sociaux au Maroc.

L’affaire remonte au 8 septembre dernier, lorsqu’un accident de la circulation, dans la zone Ain Sebaa-Hay Mohammadi à Casablanca, provoque la mort d'un jeune homme dans un accident de moto et blesse son compagnon, ainsi qu'un policier.

Bavure policière

Cette histoire qui aurait pu finir dans les oubliettes des faits divers, a refait surface ces derniers jours, déterrée par les Green Boys, groupe d’ultras (NDLR: groupe de supporters organisés qui ont une certaine influence sur la population) du Raja de Casablanca. Ces derniers ont en effet publié un message accompagné d'un enregistrement audio dans lequel la mère de Youssef, demandant que justice soit faite, donne sa version des faits.

 

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Image qui fait le tour des réseaux sociaux, reprenant la scène du crime selon la version des proches de Youssef. (Photo, Facebook)

 

Le message explique que Youssef, qui conduisait une moto, aurait été pris en chasse par une patrouille de police (composée de trois motards et d’une voiture) car il ne portait pas de casque de protection. Le jeune homme aurait été bousculé par les motards et serait tombé de sa moto. Une fois à terre, les policiers l’auraient passé à tabac jusqu'à ce que Youssef rende l'âme.  

Selon la mère du défunt, l'équipe médicale qui a pris en charge Youssef a déclaré qu’il ne s’agissait pas «seulement d’un accident de la circulation» et ils ont demandé une autopsie. 
Les supporters rajaouis et la famille de la victime accusent des policiers d'avoir refusé de leur remettre les résultats de l'autopsie, ainsi que l’enregistrement d'une caméra de surveillance placée à proximité d'une station de tramway qui aurait enregistré l'intervention des éléments de la police.

Pour les Green Boys, il ne fait aucun doute que Youssef, qui revenait d’un rassemblement du groupe ultra, a été victime d’une bavure policière.


Les réseaux sociaux s’enflamment

Le message des Green Boys a rapidement fait le tour des réseaux sociaux au Maroc. À peine a-t-il été publié sur le groupe Facebook dudit «ultra» qu’il a été repris et partagé par d’autres ultras marocains et par des milliers d’internautes marocains. En quelques heures, le hashtag #JusticeForYoussef se retrouvait au sommet des tendances sur les réseaux sociaux. 

Dans le message publié par cette faction de supporters du club du Raja, la scène du meurtre de Youssef aurait été filmée par un témoin, qui lui aussi aurait été tabassé par un policier. Ce dernier ne portait pas son uniforme. Il aurait confisqué le téléphone du témoin pour supprimer la vidéo.

 

 

La DGSN s'en mêle

Face à la colère grandissante sur les réseaux sociaux, la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a rapidement réagi. Dès mardi, la DGSN a publié un communiqué, relayé par la MAP, dans lequel elle indique qu’elle «traite avec le sérieux nécessaire les enregistrements et les contenus numériques publiés sur les réseaux sociaux» concernant l’accident survenu le 8 septembre dernier. En général, lorsque la DGSN s’en mêle, c’est que l’affaire est grave.

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Le communiqué poursuit en assurant que «dans le souci d’éclairer l’opinion publique et d’établir la vérité, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) s’est chargée de poursuivre et d’approfondir l’enquête sur cette affaire sous la supervision du Parquet compétent, afin d’en élucider toutes les circonstances».

Ce communiqué a été publié juste après que la mère du défunt a posté un message sur son compte Facebook, s’en remettant au roi du pays pour que justice soit faite. 

Bavure policière? Accident de la circulation? Pourquoi les enregistrements vidéos ne sont-ils pas disponibles?  Pourquoi la police aurait-elle refusé de délivrer les résultats de l’autopsie? Qui sera dans le viseur de la DGSN? Autant de questions sans réponse, pour l’instant.

Affaire à suivre. 
 


Un système d’armement américain utilisé dans une frappe israélienne au Liban violerait le droit international

Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
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  • The Guardian et Human Rights Watch (HRW) ont identifié les fragments d’une bombe JDAM fabriquée par Boeing sur le site où les secouristes ont été tués
  • Les États-Unis interdisent la vente de ces systèmes à des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme

LONDRES: Une frappe aérienne israélienne au Liban, qui a fait sept morts parmi les travailleurs humanitaires en mars, pourrait avoir été lancée à l’aide d’un système d’armement fourni par les États-Unis, selon une enquête menée par le quotidien The Guardian.

Cet incident a coûté la vie à sept secouristes âgés de 18 à 25 ans, tous bénévoles, qui se trouvaient dans un centre ambulancier à Al-Habariyé, dans le sud du Liban, le 27 mars.

Il a eu lieu cinq jours avant qu’une frappe israélienne à Gaza ne tue sept travailleurs humanitaires travaillant pour l’ONG World Central Kitchen.

Les débris trouvés sur les lieux à Al-Habariyé ont été identifiés par The Guardian, un expert indépendant et Human Rights Watch (HRW) comme appartenant à une bombe israélienne MPR de 230 kg et à une bombe JDAM (Joint Direction Attack Munition) fabriquée par Boeing, un système attaché aux explosifs pour les transformer de bombes non guidées en bombes guidées par GPS.

Ramzi Kaiss, chercheur de HRW sur le Liban, a indiqué à The Guardian que «les assurances d’Israël sur son utilisation légale des armes américaines ne sont pas crédibles. Étant donné que le comportement d’Israël à Gaza et au Liban continue de violer le droit international, l’administration Biden devrait immédiatement suspendre les ventes d’armes à Israël».

En vertu de la loi Leahy de 1997, le gouvernement américain ne peut légalement ni aider ni armer des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme.

Un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a assuré à The Guardian: «Les États-Unis veillent constamment à ce que le matériel de défense fourni par les États-Unis soit utilisé conformément au droit national et international applicable. Si des violations sont constatées, nous prenons les mesures nécessaires.»

Quant à Josh Paul, chercheur non résident à Democracy for the Arab World Now et ancien employé du département d’État, il a précisé: «Le département d’État a approuvé plusieurs de ces transferts (d’armes) en quarante-huit heures. Il n’y a aucune préoccupation politique concernant les munitions destinées à Israël, à l’exception du phosphore blanc et des bombes à sous-munitions».

Il a ajouté que les JDAM constituent des «armes clés» régulièrement demandées par Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken remettra au Congrès un rapport sur l’utilisation par Israël d’armes américaines et sur la possibilité qu’elles aient été impliquées dans des violations de cette loi ou d’autres.

Le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, a déclaré à The Guardian que les conclusions de l’enquête à Al-Habariyé sont «profondément préoccupantes et doivent faire l’objet d'une enquête approfondie de la part de l’administration Biden. Les conclusions de cette enquête approfondie devraient certainement être incluses dans le rapport NSM-20 qui doit être soumis au Congrès le 8 mai».

La frappe aérienne sur le centre ambulancier d’Al-Habariyé a été lancée sans avertissement le 27 mars avant 1h du matin. Aucun combat n’avait été signalé dans la région.

Les victimes, qui travaillaient au centre la nuit, sont les frères jumeaux Hussein et Ahmad al-Chaar, âgés de 18 ans; Abderrahmane al-Chaar, 19 ans; Mohammed Hamoud, 21 ans; Mohammed al-Farouk Aatwi, 23 ans; Abdallah Aatwi, 24 ans; et Baraa Abou Kaiss, 24 ans.

Selon l’armée israélienne, la frappe, qui a détruit le bâtiment de deux étages, a tué un «terroriste de premier plan appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe politique libanais armé lié au Hezbollah. L’armée n’a pas désigné cette personne par son nom.

Un porte-parole de la Jamaa Islamiya a confirmé que certains des secouristes bénévoles étaient membres du groupe, mais a nié qu’ils faisaient partie de sa branche armée.

Samer Hardane, responsable du centre local de Défense civile, qui faisait partie des premiers intervenants, a affirmé à The Guardian : «Nous avons inspecté chaque centimètre à la recherche des membres et des possessions des victimes. Nous n’avons rien vu qui soit lié à l’armée. Nous connaissions personnellement les victimes. Nous avons donc pu identifier leurs corps».

Depuis le 7 octobre, 16 travailleurs médicaux ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au Liban, et 380 autres personnes ont péri, dont 72 civils. Onze soldats israéliens et huit civils ont également été tués.

Kassem al-Chaar, père des jumeaux Ahmed et Hussein, a confié qu’il avait déconseillé à ses fils de se porter volontaires.

«Je leur ai dit qu’il était dangereux de faire ce type de travail, mais ils m’ont répondu qu’ils acceptaient le risque. Je ne sais pas ce qui a poussé Israël à agir de la sorte: il s’agissait de jeunes gens enthousiastes à l’idée d’aider les autres», a-t-il déploré.

«Mes fils voulaient faire du travail humanitaire, et voyez ce qui leur est arrivé. Israël n’oserait pas agir de la sorte si les États-Unis ne le soutenaient pas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar

Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi cette annonce à Rafah
  • Un responsable du Hamas a indiqué que «la balle est désormais dans le camp» d'Israël, après l'annonce

GAZA: Le Hamas a indiqué lundi avoir informé l'Egypte et le Qatar qu'il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza dévastée par sept mois de guerre.

"Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdelrahmane Al Thani et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien.

Un responsable du Hamas a indiqué à l'AFP que "la balle est désormais dans le camp" d'Israël, après l'annonce. 

Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée sur laquelle Israël projette une offensive militaire d'ampleur

 


L’Arabie saoudite met Israël en garde contre le ciblage de Rafah à Gaza

De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi
  • Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne

RIYAD: Lundi, l’Arabie saoudite a mis en garde contre les dangers d’un ciblage de la ville de Rafah par Israël dans le cadre de sa campagne «sanglante et systématique visant à envahir toutes les zones de la bande de Gaza et à déplacer ses habitants».

Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi, signalant qu’une invasion terrestre, promise depuis longtemps, pourrait être imminente.

Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne, qui exacerbent la crise humanitaire dans le territoire et entravent les efforts de paix internationaux.

Le ministère a réitéré l’appel du Royaume à la communauté internationale pour qu’elle intervienne immédiatement afin d’arrêter le génocide israélien en cours dans les territoires palestiniens occupés.

Lundi, Volker Turk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que les ordres israéliens de déplacer les Palestiniens de Rafah étaient inhumains et risquaient de les exposer à davantage de dangers et de souffrances. Il a averti que de telles actions peuvent parfois constituer des crimes de guerre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com