Réalité augmentée: pourquoi l’Arabie saoudite dispose d’une longueur d’avance

Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Réalité augmentée: pourquoi l’Arabie saoudite dispose d’une longueur d’avance

Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP) Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
  • Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume
  • Le taux d’utilisation des Smartphones est le plus élevé au monde dans notre région. Ainsi, cette dernière est bien placée pour être un leader mondial dans l’adoption de la réalité augmentée par les consommateurs

DUBAÏ: Un outil de réalité augmentée, qui permet aux utilisateurs de «visiter» de nombreuses merveilles historiques d’Arabie saoudite au moyen de leurs Smartphones, a été développé par la société américaine d’appareils photo et de réseaux sociaux Snap, très connue pour son application Snapchat. 

Contrairement à la réalité virtuelle, qui nécessite des équipements spécialisés comme des capteurs, des casques et des gants pour offrir une expérience immersive, la réalité augmentée ne nécessite qu’un Smartphone pour que les utilisateurs améliorent leur monde réel grâce à des entrées générées par ordinateur. 

Près de 90 % des utilisateurs quotidiens de Snapchat en Arabie saoudite interagissent déjà avec la réalité augmentée produite par l’entreprise plus de trente fois par jour en moyenne, selon les propres données de l’entreprise. Ce phénomène de réalité augmentée devrait avoir un impact important dans plusieurs secteurs. 

«Nous sommes fermement convaincus que la caméra est le prochain moyen de communication», déclare Abdallah Alhammadi, responsable régional des affaires chez Snap dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), dans un entretien à Arab News. 

«Une photo ou une vidéo permet de communiquer infiniment plus qu’un mot, un texte ou une simple image. C’est cette idée qui permet de comprendre qu’une photo ou une expérience derrière la caméra est bien plus puissante.» 

Snapchat s’avère extrêmement populaire auprès de la population saoudienne avec une portée mensuelle de 19,5 millions d’utilisateurs à travers le Royaume. On y trouve plus de personnes que sur Twitter, TikTok, Facebook ou Instagram, selon l’entreprise. 

Étant donné que plus de 90 % des 13 à 34 ans utilisent l’application, le potentiel des applications de réalité augmentée en Arabie saoudite dans tous les domaines – des achats à la scolarité en passant par la navigation et le divertissement à domicile – est immense. 

Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume, dont Qasr al-Farid, un site archéologique à Madain Saleh d’AlUla; Bayt Nassif à Al-Balad dans la ville de Djeddah, ainsi que le château Tabuk et Qasr al-Masmak à Riyad. 

Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume. (Photo fournie)
Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume. (Photo fournie)

«Pas besoin de contempler le site à travers une vidéo. Vous êtes sur le site et prenez des photos de vous pour célébrer la Fête nationale de l’Arabie saoudite», affirme M. Alhammadi.

Les utilisateurs sont émerveillés par l’expérience. «J’ai vu passer par hasard l’option réalité augmentée sur Snapchat le jour de la Fête nationale», dit Saïf Abdelrahman, un jeune homme de 25 ans, originaire de Riyad.

«C’est agréable de voir comment différents endroits sont montrés. On se sent comme transporté là-bas. Je pense que cela permettra aux gens qui se trouvent à l’étranger de découvrir l’Arabie saoudite.»

Ces sites culturels saoudiens ont entièrement été reconstitués en 3D numérique, permettant aux utilisateurs de les explorer presque comme s’ils se trouvaient physiquement sur les lieux.

«Nous testons les limites de la réalité augmentée et ce que nous pouvons faire pour offrir des expériences uniques qui, je dirais, étaient historiquement impossibles ou très difficiles à proposer par d’autres moyens», poursuit M. Alhammadi.

«L’entreprise affirme que cet outil immersif rend bien plus justice à la beauté des sites historiques de l’Arabie saoudite qu’une simple photo ou vidéo. Il permet aux gens de ressentir l’expérience d’être sur place», ajoute-t-il.

«Snap s’associe à la Commission royale d’AlUla pour créer des expériences uniques où les gens peuvent visiter différentes régions. C’est important à l’échelle mondiale parce que cette technique permet désormais aux gens de découvrir l’Arabie saoudite. C’est encore plus important sur le plan local parce que tout le monde n’a pas visité ces différentes régions.»

Le taux élevé de possession de Smartphones au sein du Royaume et le réseau 5G très puissant font des jeunes Saoudiens la définition même des «millennials», indique M. Alhammadi.

Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. Ces nouveaux projets novateurs visent à transformer l’économie saoudienne.

«Compte tenu de l’ambition que nous constatons en Arabie saoudite et de la vision dynamique lorsqu’il s’agit de favoriser le changement, la créativité et le développement, tout en soutenant la culture et en restant attaché à ses racines, cette démarche de Snapchat s’avère très intéressante parce qu’elle demeure fidèle à notre communauté», dit M. Alhammadi.

Les développeurs effleurent à peine les possibilités des applications potentielles de la réalité augmentée, précise M. Alhammadi, avec de nombreuses opportunités inexploitées dans des secteurs comme la vente au détail et même l’éducation.

UTILISATION DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE PAR LES FÉRUS DE SNAPCHAT

* 92 % – Communication. 

* 82 % – Jeux. 

* 79% – Médias et divertissement.

* 73% – Shopping. 

(Source: Étude numérique de Deloitte, 2021)

 

Selon l’étude menée par l’entreprise, 66 % des utilisateurs de Snapchat affirment que la plate-forme jouera probablement un rôle plus important dans leurs habitudes d’achat au cours des cinq prochaines années.

Deloitte, le cabinet de conseil, affirme que le taux d’adoption de la réalité augmentée dans le Royaume va de pair avec l’augmentation de l’utilisation du téléphone portable. La quasi-totalité des «millennials» (personnes nées entre 1981 et 1996) et de la «génération Z» (personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000) deviendront des utilisateurs fréquents de la réalité augmentée d’ici à 2025.

Bien que beaucoup considèrent encore la technologie comme un simple «jouet», la société affirme que 81 % des personnes interrogées souhaitent l’utiliser comme un outil pratique dans leur vie de tous les jours.

Une étude digitale menée en 2021 par Deloitte à la demande de Snap montre que 92 % des utilisateurs de Snapchat emploient actuellement la réalité augmentée à domicile pour la communication, 79 % pour les médias et le divertissement, 82 % pour les jeux et 73 % pour le shopping.

Le potentiel de la réalité augmentée dans le secteur de la vente au détail a été testé sur le terrain au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque les détaillants ont été contraints de fermer leurs boutiques et de recourir entièrement à la vente en ligne.

Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. (Photo fournie)
Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. (Photo fournie)

Il est désormais possible d’essayer des bijoux chez Cartier ou même de rechercher la bonne pointure chez Dior. Les achats en ligne sont révolutionnés grâce aux fonctionnalités de réalité augmentée proposées par Snapchat. «Et ce ne sont là que des applications que nous testons actuellement», explique M. Alhammadi.

Ce ne sont pas uniquement les détaillants du secteur de la mode qui s’adonnent à la réalité augmentée. Ikea utilise la même technologie pour permettre aux acheteurs d’imaginer les meubles dans leur maison avant de les acheter.

La pandémie a accéléré la transition numérique. De nombreux étudiants accèdent à leurs salles de cours à distance, tandis que les employés assistent virtuellement à des réunions. D’ailleurs, la plate-forme de visioconférence Zoom propose depuis longtemps des filtres pour masquer les arrière-plans indésirables et a récemment ajouté un outil d’effets faciaux en réalité augmentée appelé «Studio Effects».

«Voilà ce qui rend cette démarche captivante. Lorsque nous la proposons à l’ensemble de la communauté, qu’il s’agisse de créateurs, d’entreprises, de marques ou de différentes entités à travers le monde, c’est intéressant de voir comment différents contributeurs interprètent cette technologie et comment ils l’utilisent pour atteindre leurs objectifs et principaux indicateurs de performance», déclare M. Alhammadi.

D’autres célèbres applications comme Star Walk et Pokemon Go, superposent depuis longtemps des données, des images, des animations et des informations sur des images en direct, permettant à leurs utilisateurs d’explorer des constellations lointaines ou d’errer dans les rues à la recherche de monstres virtuels.

Google Maps utilise également la technologie pour aider les utilisateurs à naviguer dans les rues, en superposant les directions et les détails.

La technologie se développe également à un rythme rapide. «Différentes sources rapportent que les chiffres de croissance du marché mondial de la réalité augmentée se situent entre 40 et 80 % (par an) au cours des cinq prochaines années», dit Mina Litvinova, directrice générale d’Ar More.

Cette photo montre une vue de la nouvelle salle de concert Maraya («miroir» en arabe) construite dans les ruines d’AlUla. (AFP)
Cette photo montre une vue de la nouvelle salle de concert Maraya («miroir» en arabe) construite dans les ruines d’AlUla. (AFP)

«La raison de la montée en flèche de la réalité augmentée est la recherche, le développement et les investissements des géants de la technologie comme Facebook, Apple, Google et Snapchat dans la réalité augmentée au cours des dernières années.»

«Nombre d’entre nous utilisent déjà la réalité augmentée dans leur vie de tous les jours sans même s’en rendre compte. Par exemple, chaque fois que vous appliquez un filtre facial sur Instagram ou Snapchat, vous utilisez la réalité augmentée.»

«Il faut surtout savoir que la réalité augmentée a transformé les caméras de nos Smartphones, d’appareils qui capturaient simplement notre réalité physique en appareils qui peuvent l’augmenter de manière illimitée. Le potentiel de la réalité augmentée est véritablement infini et la croissance est donc illimitée.»

Le marché mondial de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle devrait être évalué à 570 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) d’ici à 2025, selon le mégaprojet de ville intelligente Neom en Arabie saoudite, qui espère se positionner comme un leader mondial de l’innovation technologique des médias de nouvelle génération.

Le rapport «Future of Shopping» de Snapchat, publié en juillet, prédit que dans moins de cinq ans, le monde verra une augmentation de 57 % de la proportion d’acheteurs au sein de la génération Z qui utilise la réalité augmentée avant d’acheter un produit, passant de 23 % en 2021 à 36 % en 2025.

«L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis devraient être les principaux marchés quant au pourcentage de consommateurs qui utiliseront la réalité augmentée avant d’acheter un produit en ligne», ajoute-t-elle. 

«Le taux d’utilisation des Smartphones est le plus élevé au monde dans notre région. Ainsi, cette dernière est bien placée pour être un leader mondial dans l’adoption de la réalité augmentée par les consommateurs et elle a donc le potentiel de devenir le leader mondial du marketing de la réalité augmentée.»

«Notre région sert de marché pilote idéal pour les marques. Leurs campagnes basées sur la réalité augmentée peuvent ensuite être déployées dans le monde entier.»

Twitter: @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.