Réalité augmentée: pourquoi l’Arabie saoudite dispose d’une longueur d’avance

Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Réalité augmentée: pourquoi l’Arabie saoudite dispose d’une longueur d’avance

Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP) Une employée du géant chinois de la technologie JD.com montre un système de réalité augmentée qui permet aux clients d’essayer virtuellement des vêtements dans les boutiques. (AFP)
  • Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume
  • Le taux d’utilisation des Smartphones est le plus élevé au monde dans notre région. Ainsi, cette dernière est bien placée pour être un leader mondial dans l’adoption de la réalité augmentée par les consommateurs

DUBAÏ: Un outil de réalité augmentée, qui permet aux utilisateurs de «visiter» de nombreuses merveilles historiques d’Arabie saoudite au moyen de leurs Smartphones, a été développé par la société américaine d’appareils photo et de réseaux sociaux Snap, très connue pour son application Snapchat. 

Contrairement à la réalité virtuelle, qui nécessite des équipements spécialisés comme des capteurs, des casques et des gants pour offrir une expérience immersive, la réalité augmentée ne nécessite qu’un Smartphone pour que les utilisateurs améliorent leur monde réel grâce à des entrées générées par ordinateur. 

Près de 90 % des utilisateurs quotidiens de Snapchat en Arabie saoudite interagissent déjà avec la réalité augmentée produite par l’entreprise plus de trente fois par jour en moyenne, selon les propres données de l’entreprise. Ce phénomène de réalité augmentée devrait avoir un impact important dans plusieurs secteurs. 

«Nous sommes fermement convaincus que la caméra est le prochain moyen de communication», déclare Abdallah Alhammadi, responsable régional des affaires chez Snap dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), dans un entretien à Arab News. 

«Une photo ou une vidéo permet de communiquer infiniment plus qu’un mot, un texte ou une simple image. C’est cette idée qui permet de comprendre qu’une photo ou une expérience derrière la caméra est bien plus puissante.» 

Snapchat s’avère extrêmement populaire auprès de la population saoudienne avec une portée mensuelle de 19,5 millions d’utilisateurs à travers le Royaume. On y trouve plus de personnes que sur Twitter, TikTok, Facebook ou Instagram, selon l’entreprise. 

Étant donné que plus de 90 % des 13 à 34 ans utilisent l’application, le potentiel des applications de réalité augmentée en Arabie saoudite dans tous les domaines – des achats à la scolarité en passant par la navigation et le divertissement à domicile – est immense. 

Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume, dont Qasr al-Farid, un site archéologique à Madain Saleh d’AlUla; Bayt Nassif à Al-Balad dans la ville de Djeddah, ainsi que le château Tabuk et Qasr al-Masmak à Riyad. 

Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume. (Photo fournie)
Pour marquer la Fête nationale saoudienne le 23 septembre, Snapchat a permis aux utilisateurs d’explorer six trésors culturels du Royaume. (Photo fournie)

«Pas besoin de contempler le site à travers une vidéo. Vous êtes sur le site et prenez des photos de vous pour célébrer la Fête nationale de l’Arabie saoudite», affirme M. Alhammadi.

Les utilisateurs sont émerveillés par l’expérience. «J’ai vu passer par hasard l’option réalité augmentée sur Snapchat le jour de la Fête nationale», dit Saïf Abdelrahman, un jeune homme de 25 ans, originaire de Riyad.

«C’est agréable de voir comment différents endroits sont montrés. On se sent comme transporté là-bas. Je pense que cela permettra aux gens qui se trouvent à l’étranger de découvrir l’Arabie saoudite.»

Ces sites culturels saoudiens ont entièrement été reconstitués en 3D numérique, permettant aux utilisateurs de les explorer presque comme s’ils se trouvaient physiquement sur les lieux.

«Nous testons les limites de la réalité augmentée et ce que nous pouvons faire pour offrir des expériences uniques qui, je dirais, étaient historiquement impossibles ou très difficiles à proposer par d’autres moyens», poursuit M. Alhammadi.

«L’entreprise affirme que cet outil immersif rend bien plus justice à la beauté des sites historiques de l’Arabie saoudite qu’une simple photo ou vidéo. Il permet aux gens de ressentir l’expérience d’être sur place», ajoute-t-il.

«Snap s’associe à la Commission royale d’AlUla pour créer des expériences uniques où les gens peuvent visiter différentes régions. C’est important à l’échelle mondiale parce que cette technique permet désormais aux gens de découvrir l’Arabie saoudite. C’est encore plus important sur le plan local parce que tout le monde n’a pas visité ces différentes régions.»

Le taux élevé de possession de Smartphones au sein du Royaume et le réseau 5G très puissant font des jeunes Saoudiens la définition même des «millennials», indique M. Alhammadi.

Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. Ces nouveaux projets novateurs visent à transformer l’économie saoudienne.

«Compte tenu de l’ambition que nous constatons en Arabie saoudite et de la vision dynamique lorsqu’il s’agit de favoriser le changement, la créativité et le développement, tout en soutenant la culture et en restant attaché à ses racines, cette démarche de Snapchat s’avère très intéressante parce qu’elle demeure fidèle à notre communauté», dit M. Alhammadi.

Les développeurs effleurent à peine les possibilités des applications potentielles de la réalité augmentée, précise M. Alhammadi, avec de nombreuses opportunités inexploitées dans des secteurs comme la vente au détail et même l’éducation.

UTILISATION DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE PAR LES FÉRUS DE SNAPCHAT

* 92 % – Communication. 

* 82 % – Jeux. 

* 79% – Médias et divertissement.

* 73% – Shopping. 

(Source: Étude numérique de Deloitte, 2021)

 

Selon l’étude menée par l’entreprise, 66 % des utilisateurs de Snapchat affirment que la plate-forme jouera probablement un rôle plus important dans leurs habitudes d’achat au cours des cinq prochaines années.

Deloitte, le cabinet de conseil, affirme que le taux d’adoption de la réalité augmentée dans le Royaume va de pair avec l’augmentation de l’utilisation du téléphone portable. La quasi-totalité des «millennials» (personnes nées entre 1981 et 1996) et de la «génération Z» (personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000) deviendront des utilisateurs fréquents de la réalité augmentée d’ici à 2025.

Bien que beaucoup considèrent encore la technologie comme un simple «jouet», la société affirme que 81 % des personnes interrogées souhaitent l’utiliser comme un outil pratique dans leur vie de tous les jours.

Une étude digitale menée en 2021 par Deloitte à la demande de Snap montre que 92 % des utilisateurs de Snapchat emploient actuellement la réalité augmentée à domicile pour la communication, 79 % pour les médias et le divertissement, 82 % pour les jeux et 73 % pour le shopping.

Le potentiel de la réalité augmentée dans le secteur de la vente au détail a été testé sur le terrain au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque les détaillants ont été contraints de fermer leurs boutiques et de recourir entièrement à la vente en ligne.

Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. (Photo fournie)
Au-delà de ses applications dans le secteur du tourisme, la réalité augmentée donne également aux investisseurs potentiels un aperçu de l’avenir, en superposant des données visuelles sur les développements prévus et les mégaprojets comme Neom. (Photo fournie)

Il est désormais possible d’essayer des bijoux chez Cartier ou même de rechercher la bonne pointure chez Dior. Les achats en ligne sont révolutionnés grâce aux fonctionnalités de réalité augmentée proposées par Snapchat. «Et ce ne sont là que des applications que nous testons actuellement», explique M. Alhammadi.

Ce ne sont pas uniquement les détaillants du secteur de la mode qui s’adonnent à la réalité augmentée. Ikea utilise la même technologie pour permettre aux acheteurs d’imaginer les meubles dans leur maison avant de les acheter.

La pandémie a accéléré la transition numérique. De nombreux étudiants accèdent à leurs salles de cours à distance, tandis que les employés assistent virtuellement à des réunions. D’ailleurs, la plate-forme de visioconférence Zoom propose depuis longtemps des filtres pour masquer les arrière-plans indésirables et a récemment ajouté un outil d’effets faciaux en réalité augmentée appelé «Studio Effects».

«Voilà ce qui rend cette démarche captivante. Lorsque nous la proposons à l’ensemble de la communauté, qu’il s’agisse de créateurs, d’entreprises, de marques ou de différentes entités à travers le monde, c’est intéressant de voir comment différents contributeurs interprètent cette technologie et comment ils l’utilisent pour atteindre leurs objectifs et principaux indicateurs de performance», déclare M. Alhammadi.

D’autres célèbres applications comme Star Walk et Pokemon Go, superposent depuis longtemps des données, des images, des animations et des informations sur des images en direct, permettant à leurs utilisateurs d’explorer des constellations lointaines ou d’errer dans les rues à la recherche de monstres virtuels.

Google Maps utilise également la technologie pour aider les utilisateurs à naviguer dans les rues, en superposant les directions et les détails.

La technologie se développe également à un rythme rapide. «Différentes sources rapportent que les chiffres de croissance du marché mondial de la réalité augmentée se situent entre 40 et 80 % (par an) au cours des cinq prochaines années», dit Mina Litvinova, directrice générale d’Ar More.

Cette photo montre une vue de la nouvelle salle de concert Maraya («miroir» en arabe) construite dans les ruines d’AlUla. (AFP)
Cette photo montre une vue de la nouvelle salle de concert Maraya («miroir» en arabe) construite dans les ruines d’AlUla. (AFP)

«La raison de la montée en flèche de la réalité augmentée est la recherche, le développement et les investissements des géants de la technologie comme Facebook, Apple, Google et Snapchat dans la réalité augmentée au cours des dernières années.»

«Nombre d’entre nous utilisent déjà la réalité augmentée dans leur vie de tous les jours sans même s’en rendre compte. Par exemple, chaque fois que vous appliquez un filtre facial sur Instagram ou Snapchat, vous utilisez la réalité augmentée.»

«Il faut surtout savoir que la réalité augmentée a transformé les caméras de nos Smartphones, d’appareils qui capturaient simplement notre réalité physique en appareils qui peuvent l’augmenter de manière illimitée. Le potentiel de la réalité augmentée est véritablement infini et la croissance est donc illimitée.»

Le marché mondial de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle devrait être évalué à 570 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) d’ici à 2025, selon le mégaprojet de ville intelligente Neom en Arabie saoudite, qui espère se positionner comme un leader mondial de l’innovation technologique des médias de nouvelle génération.

Le rapport «Future of Shopping» de Snapchat, publié en juillet, prédit que dans moins de cinq ans, le monde verra une augmentation de 57 % de la proportion d’acheteurs au sein de la génération Z qui utilise la réalité augmentée avant d’acheter un produit, passant de 23 % en 2021 à 36 % en 2025.

«L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis devraient être les principaux marchés quant au pourcentage de consommateurs qui utiliseront la réalité augmentée avant d’acheter un produit en ligne», ajoute-t-elle. 

«Le taux d’utilisation des Smartphones est le plus élevé au monde dans notre région. Ainsi, cette dernière est bien placée pour être un leader mondial dans l’adoption de la réalité augmentée par les consommateurs et elle a donc le potentiel de devenir le leader mondial du marketing de la réalité augmentée.»

«Notre région sert de marché pilote idéal pour les marques. Leurs campagnes basées sur la réalité augmentée peuvent ensuite être déployées dans le monde entier.»

Twitter: @CalineMalek

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.