La justice innocente deux hommes condamnés pour l'assassinat de Malcolm X

Muhammad Aziz se tient devant un palais de justice de New York avec des membres de sa famille et des avocats, le 18 novembre 2021 à New York. (AFP)
Muhammad Aziz se tient devant un palais de justice de New York avec des membres de sa famille et des avocats, le 18 novembre 2021 à New York. (AFP)
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Publié le Vendredi 19 novembre 2021

La justice innocente deux hommes condamnés pour l'assassinat de Malcolm X

  • Muhammad Aziz et Khalil Islam, qui ont fait 42 ans de prison à eux deux, ont toujours clamé leur innocence
  • Qui a alors tiré sur Malcolm X, le 21 février 1965, lorsqu'il est monté à la tribune de l'Audubon Ballroom, une salle de spectacle à Harlem? 

NEWYORK: Incroyable coup de théâtre dans l'histoire douloureuse des Afro-Américains aux Etats-Unis: une juge de New York a innocenté jeudi deux hommes condamnés pour l'assassinat en 1965 de Malcom X, icône de la cause des personnes noires.

Sous les applaudissements de la salle d'audience de la cour suprême de New York, la juge Ellen Biben a qualifié d'"échec de la justice" la condamnation il y a plus d'un demi-siècle de Muhammad Aziz, alias Norman 3X Butler, aujourd'hui 83 ans et présent à la cour, et de Khalil Islam, alias Thomas 15X Johnson, décédé en 2009. 

Elle a disculpé juridiquement les deux hommes après le dépôt d'une demande d'annulation par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, et la défense. Le procureur new-yorkais, qui quittera son poste à la fin de l'année, a présenté les "excuses" des autorités judiciaires américaines pour des "décennies d'injustice" et des "violations inacceptables de la loi et de la confiance de l'opinion publique".

- "Grave erreur" judiciaire -

Qui a alors tiré sur Malcolm X, le 21 février 1965, lorsqu'il est monté à la tribune de l'Audubon Ballroom, une salle de spectacle à Harlem? 

Jusqu'au retournement d'aujourd'hui, dévoilé mercredi par M. Vance, la thèse officielle, souvent remise en question, retenait trois coupables, membres à l'époque du mouvement "Nation of Islam" et condamnés par la justice américaine en 1966.

Dans une alliance assez rare, le procureur Vance, l'équipe d'avocats des deux anciens condamnés et l'organisation "The Innocence Project", qui lutte contre les erreurs judiciaires, avaient déposé une motion d'annulation devant la cour suprême de l'Etat de New York.

Muhammad Aziz et Khalil Islam, qui ont fait 42 ans de prison à eux deux, ont toujours clamé leur innocence. Le troisième condamné Mujahid Abdul Halim, alias Talmadge X Hayer à l'époque avait lui reconnu avoir tiré sur Malcolm X, et avait mis ses deux co-accusés hors de cause, mais en vain.

Il a fallu attendre février 2020, et la diffusion d'un documentaire sur Netflix ("Who Killed Malcolm X?"), renouvelant les doutes sur leur présence même sur les lieux de l'assassinat, pour que la justice s'empare à nouveau de l'affaire.

Après 22 mois d'investigation, le constat du procureur Vance est sans appel.

Il a reconnu devant la cour que la justice américaine "ne pourra pas rétablir ce qui a été pris à ces hommes". Mais "ce que nous pouvons faire, c'est reconnaître cette erreur, la gravité de cette erreur", a-t-il promis. 

D'après le New York Times, les investigations démontrent l'existence d'"un grand nombre de documents du FBI impliquant d'autres suspects", des "notes des procureurs montrant qu'ils ont omis de divulguer la présence d'agents infiltrés dans la salle au moment de la fusillade". Un témoin toujours vivant a aussi confirmé aux enquêteurs de l'équipe de Cyrus Vance, l'alibi de Muhammad Aziz qui assurait être chez lui au moment du meurtre.

- Malcolm X menacé -

Enfin, toujours d'après le quotidien, un journaliste du Daily News avait reçu un coup de fil le matin même lui annonçait que Malcolm X allait être tué.

Ce retournement de l'Histoire et de la Justice relance la thèse du rôle trouble joué par le FBI et la police de New York à l'époque, déjà alimentée par la lettre posthume d'un policier en février 2021. Ce dernier y affirmait s'être rapproché, à la demande de sa hiérarchie, de l'entourage de Malcolm X et avoir piégé deux de ses gardes du corps, arrêtés quelques jours seulement avant l'assassinat, pour affaiblir la sécurité autour du leader.

Au moment de son assassinat, Malcolm X, 39 ans figure radicale de la cause afro-américaine, accusé par ses détracteurs d'appeler à la violence et au séparatisme, avait quitté "Nation of Islam" et opéré un tournant vers un discours plus consensuel. 

Il faisait l'objet de nombreuses menaces de la part de membres de son ancien mouvement et son domicile, dans le Queens à New York, avait été la cible d'un attentat quelques jours plus tôt.

Le documentaire de Netflix s'appuie sur la thèse d'un historien non-professionnel de Washington, Abdur-Rahman Muhammad, soutenant que les deux premiers condamnés sont innocents et que le troisième, qui a reconnu les faits, avait agi avec quatre autres membres de "Nation of Islam" d'une mosquée de Newark, dans le New Jersey, près de New York.

Le meurtre de Malcom X avait secoué les Etats-Unis, symbolisant les tensions politiques et sociales du pays dans les années 1960, marquées aussi par l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963 et d'une figure encore plus marquante de la défense des droits civiques, Martin Luther King, en 1968.


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."