Le premier cargo électrique autonome voit le jour en Norvège

Le premier porte-conteneurs électrique automoteur au monde, le MV Yara Birkeland, est amarré à Langkaia à Oslo, le 19 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le premier porte-conteneurs électrique automoteur au monde, le MV Yara Birkeland, est amarré à Langkaia à Oslo, le 19 novembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 20 novembre 2021

Le premier cargo électrique autonome voit le jour en Norvège

  • Le Yara Birkeland, présenté à la presse vendredi, évitera annuellement près de 40 000 trajets polluants en camion
  • Avec de nombreux mois de retard, le Yara Birkeland, 80 mètres de long et 3 200 tonnes de port en lourd, va commencer une campagne d'essai de deux ans qui l'aidera progressivement à se passer de l'équipage

OSLO : Zéro émission et, bientôt, zéro équipage: le premier cargo 100% électrique et autonome au monde a été mis à l'eau en Norvège, une grande avancée technologique et une petite contribution écologique pour un secteur maritime qui cherche à réduire son empreinte.

En convoyant par la mer jusqu'à 120 conteneurs d'engrais depuis une usine de Porsgrunn (sud-est) vers le port de Brevik, à une dizaine de kilomètres de là, le Yara Birkeland, présenté à la presse vendredi, évitera annuellement près de 40 000 trajets polluants en camion.

"Bien sûr, il y a eu des difficultés, des revers, mais ce n'est que plus gratifiant de pouvoir être ici aujourd'hui et de voir qu'on y est arrivé", confie à l'AFP le directeur général de Yara, Svein Tore Holsether, devant la silhouette effilée, bleu et blanc, du bateau amarré à un quai d'Oslo.

Avec de nombreux mois de retard, le Yara Birkeland, 80 mètres de long et 3 200 tonnes de port en lourd, va commencer une campagne d'essai de deux ans qui l'aidera progressivement à se passer de l'équipage.

La passerelle devrait disparaître, peut-être dans "trois, quatre ou cinq ans" selon M. Holsether, laissant le navire parcourir quotidiennement son trajet de 7,5 milles nautiques par ses propres moyens avec l'assistance de senseurs.

"Beaucoup d'incidents qui se produisent sur des navires sont dus à des erreurs humaines, à cause de la fatigue par exemple", explique le chef de projet, Jostein Braaten, depuis l'éphémère poste de commandement.

"Les opérations autonomes peuvent garantir de voyager en sécurité", assure-t-il.

Si la distance parcourue est courte, les obstacles sont nombreux: le Yara Birkeland devra naviguer dans un fjord étroit, passer sous deux ponts en se jouant des courants, se frayer un chemin parmi les navires de commerce, bateaux de plaisance et autres kayaks avant d'accoster dans un des ports les plus encombrés de Norvège.

Les mois qui viennent seront consacrés à l'apprentissage. 

"D'abord, nous devons détecter qu'il y a quelque chose, nous devons comprendre que c'est un kayak, puis nous devons déterminer ce qu'il convient de faire", souligne Jostein Braaten. 

"Aujourd'hui, les gros bateaux ne se soucient guère des kayaks, ils ne peuvent pas. Ils peuvent émettre des signaux, mais ils ne peuvent pas manœuvrer ou faire machine arrière pour éviter un incident", dit-il.

L'autonomie requiert aussi la mise en place d'une réglementation qui n'existe pas encore.

 «Cent Tesla»

A bord du Yara Birkeland, la traditionnelle salle des machines a été remplacée par huit compartiments tapissés de batteries qui donnent au navire une capacité de 6,8 MWh. 

"L'équivalent de cent Tesla", décrypte Jostein Braaten.

Responsable de près de 3% du total des émissions d'origine humaine, le secteur maritime ambitionne de réduire les siennes de 40% d'ici 2030 et de 50% d'ici 2050.

Toutes activités confondues (internationales, domestiques, pêche), ses émissions ont augmenté, selon les derniers chiffres disponibles de l'Organisation maritime internationale (OMI), passant de 962 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2012 à plus de 1 milliard de tonnes en 2018.

Avec ses 678 tonnes de CO2 économisées par an, le Yara Birkeland représentera une infime contribution aux efforts climatiques, laquelle ne pourra de toute façon pas être généralisée selon les experts.

"L'électrique a une utilisation de +niche+, notamment pour les ferries car ce sont des routes assez courtes et stables, éventuellement sur du cabotage et du transport fluvial, mais il est peu adapté pour les longues traversées océaniques", note Camille Egloff, spécialiste du transport maritime au Boston Consulting Group.

"Il faut non seulement de l'autonomie sur une distance importante, mais également équiper les terminaux portuaires de bornes de charge adaptées. Il y a donc un défi non seulement technologique, mais aussi d'infrastructures de chargement nécessitant une coordination de nombreuses parties prenantes", dit-elle.

Si des dizaines de ferries électriques sillonnent déjà les fjords de Norvège, un gros producteur d'hydrocarbures paradoxalement en pointe dans l'électrification des transports, les navires transocéaniques devront, eux, compter sur d'autres solutions technologiques (LNG, e-méthanol, hydrogène, ammoniac...) pour se verdir.


Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Short Url
  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

Short Url
  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Short Url
  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".