Pour le magnat Sawiris, l'Etat égyptien fait de l'ombre au secteur privé

Le sexagénaire a reçu une équipe de l'AFP dans l'un de ses hôtels de luxe d'el-Gouna, une station balnéaire ultrachic sur la mer Rouge où il a fondé un festival international du film en 2017. (Photo d'archives, AFP)
Le sexagénaire a reçu une équipe de l'AFP dans l'un de ses hôtels de luxe d'el-Gouna, une station balnéaire ultrachic sur la mer Rouge où il a fondé un festival international du film en 2017. (Photo d'archives, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Pour le magnat Sawiris, l'Etat égyptien fait de l'ombre au secteur privé

  • «Les entreprises détenues par l'Etat ou par l'armée ne paient ni impôts ni taxes douanières. Nous, par contre, on ne peut y échapper, donc la concurrence est déloyale dès le départ»
  • «On ne peut pas éternellement dépendre de l'Etat" pour soutenir l'économie. De plus, déplore-t-il, l'omniprésence de l'Etat "rend frileux les investisseurs étrangers»

EL-GOUNA, Egypte : Dans l'Egypte du président Abdel Fattah al-Sissi, l'Etat se livre à une concurrence déloyale envers le secteur privé, déplore Naguib Sawiris, l'un des hommes les plus riches du pays avec une fortune estimée à plus de trois milliards de dollars.


Le sexagénaire a reçu une équipe de l'AFP dans l'un de ses hôtels de luxe d'el-Gouna, une station balnéaire ultrachic sur la mer Rouge où il a fondé un festival international du film en 2017. 


"Les entreprises détenues par l'Etat ou par l'armée ne paient ni impôts ni taxes douanières (...) Nous, par contre, on ne peut y échapper, donc la concurrence est déloyale dès le départ", assure-t-il. 


"L'Etat doit avoir un rôle de régulateur et pas être un actionnaire", poursuit M. Sawiris, habitué des polémiques notamment sur Twitter où il lance régulièrement des piques contre le pouvoir.


Depuis sa première élection en 2014, M. Sissi, multiplie les méga-projets de construction, notamment sa "nouvelle capitale" et une myriade de ponts, tunnels et autres voies ferrées pour doter en infrastructures le plus peuplé des pays arabes.

«Aucune règle»

Un secteur dans lequel est fortement impliquée l'armée, qui est aussi engagée dans la production de divers biens, des machines à laver aux pâtes alimentaires.


Si aucun chiffre crédible n'existe sur le poids des militaires dans l'économie, l'armée assurait en 2019 "superviser" plus de 2.300 projets employant cinq millions de civils. Certains se font en partenariat avec de grands promoteurs immobiliers, dont Orascom construction, propriété de M. Sawiris.


"Le fait que l'Etat investisse dans les infrastructures a fortement boosté l'économie", reconnaît le magnat. Mais, avertit-il, "on ne peut pas éternellement dépendre de l'Etat" pour soutenir l'économie. De plus, déplore-t-il, l'omniprésence de l'Etat "rend frileux les investisseurs étrangers".


"Moi-même, je ne réponds pas à un appel d'offre quand je sais qu'une entreprise publique se présente parce qu'alors, il n'y a plus aucune règle du jeu", assène-t-il.


"Le gouvernement oublie que le secteur privé (...) emploie 90% de la main d'oeuvre. Donc il devrait s'abstenir d'entrer en compétition" avec lui, ajoute-t-il encore.


De fait, depuis 2017, l'activité du secteur privé hors pétrole est restée contractée plus de quatre ans (52 mois sur 60) reflétant, selon des données recueillies par le cabinet IHS Markit, un manque de dynamisme criant.


Mais ce fils de la famille la plus riche d'Egypte a su diversifier ses activités et les élargir à l'international. Il est dans les mines d'or en Afrique et en Australie mais il a surtout bâti sa fortune dans les télécoms, en investissant dans le réseau de téléphonie mobile au Bangladesh, en Irak, au Pakistan et même... en Corée du Nord.


Sur le plan politique, Naguib Sawiris a été un fervent supporter du soulèvement qui renversa le président Hosni Moubarak en 2011.


Il a même créé cette année-là son propre parti, les Egyptiens libres. Mais si celui-ci a obtenu 65 sièges lors des législatives de 2015, il les a tous perdus après celles de 2020.

«Et après?»

Le multimilliardaire issu de la minorité chrétienne copte ne cache pas avoir été déçu par la génération ayant porté ce mouvement. 


"On a eu de grands espoirs pour la jeunesse après la révolution mais" ces jeunes "voulaient seulement renverser le régime. Et après? C'était sûr qu'il reviendrait en force", dit l'homme de 67 ans, vêtu d'un jean délavé et d'un sweat-shirt à fleurs.


Interrogé sur la situation politique actuelle en Egypte, pays régulièrement épinglé sur les droits humains, M. Sawiris lâche en souriant: "Au moins, il y a un Parlement, non? Je ne vais pas trop en dire là...".


Faute de politique, l'homme dit cultiver sa "créativité" dans l'immobilier. Et de parler d'el-Gouna, créée en 1989 par son frère Samih et devenue depuis un bastion de la minorité ultra-riche d'Egypte, pays de 102 millions d'habitants, dont un tiers de pauvres.


Pour lui, la "génération de (Mark) Zuckerberg (...) et tous ces petits jeunes en shorts qui ont gagné des milliards" ne prennent pas assez au sérieux "les entreprises traditionnelles".


Mais ça ne l'empêche pas, comme eux, avoue-t-il, de regarder la série phénomène sud-coréenne Squid Game, qui reflète bien selon lui l'univers impitoyable des affaires.


"Quand il faut sauver sa peau, je me choisis moi en premier", prévient-il.


Explosion près d'un navire au large du Yémen 

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
Short Url
  • Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO)
  • L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat

DUBAI: Une agence de sécurité maritime britannique a fait état mardi d'une explosion près d'un navire au large du Yémen, où les rebelles houthis mènent régulièrement des attaques contre des navires liés à Israël.

Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO).

Cette agence a précisé que les membres d'équipage étaient sains et saufs et que le navire se dirigeait vers le prochain port d'escale.

L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les rebelles Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l'aéroport international de Sanaa.

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO.

 


Egypte: gracié, le militant Alaa Abdel-Fattah fête sa libération

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
Short Url
  • Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux
  • La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense

LE CAIRE: Le défenseur des droits humains égypto-britannique Alaa Abdel-Fattah, figure du militantisme en Egypte, a retrouvé la liberté dans la nuit de lundi à mardi et rejoint sa famille après avoir été gracié au terme de plusieurs années en prison.

"La vie est revenue chez nous! J'espère que ce nous vivons ne se répètera pas et que la libération d'Alaa est un signe d'ouverture", a déclaré à la presse sa soeur Sanaa Seif, qui a elle aussi connu la prison pour ses activités militantes.

Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux.

La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense.

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur.

Ses proches ont posté tôt mardi des images sur les réseaux sociaux montrant les retrouvailles, avec pour commentaires "Alaa est libre" et "Home" (à la maison).

"Je n'arrive pas à croire qu'Alaa soit parmi nous maintenant. C'est un immense soulagement et il nous faudra du temps pour le digérer", a déclaré Sanaa Seif.

"J'espère que d'autres familles de militants vivront cet instant, que ce sera la fin des difficultés, qu'Alaa sera autorisé à voyager pour retrouver son fils qui vit à l'étranger", a ajouté sa soeur. Le petit Khaled, 10 ans, a surtout connu son père à travers les parloirs.

Elle a néanmoins souligné que son frère était "sur la liste des personnes interdites de voyager".

"Reconnaissante" 

Opposé aux pouvoirs en place ayant succédé à Hosni Moubarak, Alaa Abdel-Fattah avait été arrêté pour la dernière fois en 2019 pour avoir publié sur Facebook un message évoquant des violences policières, puis condamné à cinq ans de prison en 2021 pour "fausses informations", une accusation fréquemment utilisée en Egypte contre les voix dissidentes.

La cheffe de la diplomatie britannique, Yvette Cooper, a dit sa joie à l'annonce de cette grâce. "Je suis reconnaissante au président Sissi" et j'espère "qu'Alaa pourra bientôt rentrer au Royaume-Uni", a-t-elle dit sur X.

Le gouvernement britannique a régulièrement intercédé auprès des autorités égyptiennes et un groupe d'experts de l'ONU a également appelé à sa libération immédiate, qualifiant sa détention d'"arbitraire".

Le militant avait obtenu la nationalité britannique en 2022 par le biais de sa mère, elle-même naturalisée.

M. Sissi avait ordonné le lancement de la procédure d'examen de grâce en faveur de détenus, dont M. Abdel-Fattah. En juillet, la justice avait ordonné son retrait de la liste des personnes accusées de terrorisme.

Sa mère, la militante et universitaire Laila Soueif, a récemment mis fin à une grève de la faim partielle de dix mois menée pour réclamer sa libération.

Le militant observait lui-même une grève de la faim depuis début septembre, après une grève de la faim partielle en mars par solidarité avec sa mère, alors hospitalisée.

 Espoirs d'un "tournant" 

Saluant cette grâce, l'ONG Human Rights Watch a rappelé dans un communiqué que "des milliers de personnes comme Alaa croupissent encore dans les prisons égyptiennes simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression".

Amr Magdi, chercheur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a espéré que "sa libération marque un tournant et offre au gouvernement de Sissi l'occasion de mettre fin à la détention abusive de milliers de critiques pacifiques".

La libération d'Alaa Abdel-Fattah est "un pas nécessaire et important mais il n'aurait jamais dû être emprisonné", a déclaré à l'AFP le militant Ahmed Douma, qui s'était rendu devant la prison bouclée. "Cela donne de l'espoir mais il y a encore des dizaines de milliers d'autres en prison."

En août, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a exhorté les autorités égyptiennes à mettre fin aux pratiques de détention arbitraire prolongée et appelé à "libérer toutes les personnes qui en ont été victimes".

En 2022, M. Sissi avait relancé un comité de grâce présidentielle qui a permis la libération de plusieurs prisonniers politiques, dont un avocat de M. Abdel-Fattah, Mohamed al-Baqer.

Mais selon les défenseurs des droits humains, "trois fois plus de personnes" ont été arrêtées durant la même période.

 


L'Arabie saoudite appelle à la reconnaissance mondiale de la Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza

 Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
Short Url
  • Lors d'un sommet historique de l'ONU coprésidé par le Royaume et la France, le ministre saoudien des Affaires étrangères condamne les "attaques répétées" contre la souveraineté des pays arabes et musulmans
  • Le prince Faisal ben Farhane déclare que les actions d'Israël "menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région

NEW YORK : L'Arabie saoudite a réaffirmé son soutien à une solution à deux États pour le conflit entre Israéliens et Palestiniens, lors d'une conférence de paix coprésidée par le Royaume et la France à l'Assemblée générale de l'ONU à New York lundi.

Les autorités saoudiennes ont également appelé à la reconnaissance mondiale de l'État de Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza et en Cisjordanie.

Prenant la parole au nom du prince héritier Mohammed ben Salmane, le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, a commencé par partager les salutations du roi Salmane, ainsi que les meilleurs vœux du prince héritier pour le succès de la conférence.

Il a également remercié le président français, Emmanuel Macron, pour la déclaration officielle de reconnaissance de l'État de Palestine par la France.

La conférence franco-saoudienne d'une journée s'est déroulée dans un contexte d'escalade de la violence au Moyen-Orient. Le prince Faisal a condamné l'agression continue d'Israël à Gaza, en Cisjordanie et à Al-Quds Al-Sharif (Jérusalem), y compris ce qu'il a décrit comme des "crimes brutaux", ainsi que les "attaques répétées contre la souveraineté des pays arabes et musulmans", citant en particulier la récente frappe israélienne sur Doha.

"Ces actions soulignent l'insistance d'Israël à poursuivre ses pratiques agressives qui menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région", a-t-il déclaré.

Seule la mise en œuvre d'une solution à deux États peut apporter une paix durable, a-t-il ajouté.

Le prince Faisal a également salué le récent vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur la "Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", dans laquelle 142 États membres sur 193 ont voté en faveur de la déclaration.

"Cela reflète la volonté de la communauté internationale de rendre justice au peuple palestinien et de consolider ses droits légaux et historiques conformément aux cadres internationaux, aux résolutions pertinentes des Nations unies et à l'initiative de paix arabe", a-t-il ajouté.

Il a déclaré que l'Arabie saoudite était prête à travailler avec la France et d'autres pays en quête de paix pour donner suite aux résultats de la conférence de lundi, contribuer à mettre fin à la guerre à Gaza, cesser les actions unilatérales qui portent atteinte à la souveraineté palestinienne et établir un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Dans son discours de clôture, le prince Fayçal a remercié les États qui ont déjà reconnu officiellement l'État de Palestine ou qui prévoient de le faire, et il a exhorté les autres à prendre "une mesure historique similaire".

Il a ajouté : "Une telle action aura un impact considérable sur le soutien des efforts visant à mettre en œuvre la solution à deux États, à parvenir à une paix permanente et globale au Moyen-Orient et à trouver une nouvelle réalité qui permettra à la région de jouir de la paix, de la stabilité et de la prospérité".