En appel, l'ex-Premier ministre Fillon défend la présence locale «essentielle» de son épouse

François Fillon à son arrivée au tribunal le 15 novembre dernier. (AFP).
François Fillon à son arrivée au tribunal le 15 novembre dernier. (AFP).
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Publié le Lundi 22 novembre 2021

En appel, l'ex-Premier ministre Fillon défend la présence locale «essentielle» de son épouse

  • Aujourd'hui retraité, l'ex-chef de gouvernement, 67 ans, ne s'est pas encore exprimé en longueur depuis le début du procès en appel
  • Il est rejugé jusqu'au 30 novembre aux côtés de sa femme et de son ancien suppléant pour des soupçons d'emplois "fictifs ou surévalués" de Penelope Fillon comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, rémunérés au total 612.000 euros nets

PARIS: A son procès en appel à Paris pour des soupçons d'emplois fictifs de son épouse, l'ancien Premier ministre français François Fillon a défendu lundi le caractère "essentiel" des missions exercées par sa femme dans l'ouest de la France, tentant de rebattre les cartes après une condamnation en première instance.


Aujourd'hui retraité, l'ex-ministre et sénateur de droite est rejugé jusqu'au 30 novembre aux côtés de sa femme et de son ancien suppléant pour des soupçons d'emplois "fictifs ou surévalués" de Penelope Fillon comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, rémunérés au total 612 000 euros nets, notamment.


Le 29 juin 2020, l'ancien locataire de Matignon, 67 ans, avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme et 375 000 euros d'amende. Son épouse s'était vu infliger trois ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende, son suppléant Marc Joulaud trois ans avec sursis et 20 000 euros d'amende avec sursis.


Celui qui a été chef de gouvernement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a répondu pendant plus de cinq heures aux questions de la cour, d'une voix calme où perçait parfois l’agacement. L'atmosphère est bien moins électrique mais sur le fond, sa défense n'a pas changé depuis le procès de première instance.


"Le rôle principal que j'avais confié à mon épouse, c'est d'être présente sur le terrain", de "créer ce lien personnel, ce lien de confiance" avec les habitants, répète lundi François Fillon. "C'est un travail permanent de maillage de la circonscription (...) qui, exercé pendant une longue période, est irremplaçable."


Le remplacer aux repas des anciens, recevoir des habitants chez eux, trier le courrier et y détecter des "revendications" ou des "broncas"... Autant d'activités que réalisait Mme Fillon, qui peuvent sembler éloignées des enjeux nationaux mais sont "indispensables" car "ça vous donne votre légitimité" auprès des électeurs, a fait valoir son époux.


"Penelope apportait sa connaissance des situations personnelles, individuelles", a soutenu M. Fillon, qui a aussi assuré qu'elle relisait "tous (ses) discours importants". "Combien de fois elle m'a fait modifier un point de vue parce qu'il était trop technocratique, trop éloigné des réalités, trop pessimiste ?"

«Pratique généralisée»
Le président de la cour relève que très peu de personnes savaient qu'elle était son assistante parlementaire et souligne au détour d'une question la "forte tonalité immatérielle" de cette "collaboration", dont très peu de traces ont été retrouvées.


Penelope Fillon mettait en avant son statut d'épouse, "c'était mieux", répond le prévenu. Le conjoint d'élu "incarne la présence du parlementaire sur le terrain, que n'incarne pas un autre collaborateur" - nombre de députés ont d'ailleurs embauché leur conjoint "pendant 40 ans", soutient-il.


En 2002, François Fillon est nommé au gouvernement et sa femme est alors embauchée par son suppléant, Marc Joulaud. "Transférer l'équipe de collaborateurs au suppléant" était une "pratique généralisée", assure-t-il. 


Sa rémunération augmente pour atteindre 5 300 euros bruts ? C'est ce qu'elle "méritait" mais qu'il ne pouvait pas verser lui, à cause des règles des emplois familiaux, dit le prévenu. "Penelope était la plus diplômée de mes collaborateurs, et de loin, et le travail qu'elle a fourni était pour moi le plus essentiel."

«Pas orthodoxe»
S'il a embauché deux de ses enfants comme collaborateurs entre 2005 et 2007, lorsqu'il était sénateur, c'était pour travailler à "l'élaboration du programme" du parti de droite UMP pour la présidentielle. Rien ne l'interdisait alors, dit l'ancien candidat à l'élection de 2017.


"C'est quand même une constante chez vous - n'y voyez pas une familiarité déplacée - mais on laisse assez peu de traces de ses ouvrages...", glisse le président de la cour, alors qu'aucun document n'établissant le travail de son fils n'a pu être retrouvé, et seulement sur une partie de la période concernée pour sa fille.


Oui, il a demandé au milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, dont il était proche, une activité pour Penelope Fillon "qui lui soit propre" en 2012: son emploi à la Revue des deux mondes, qui n'avait rien de fictif, assure-t-il.


Au même moment, il a aussi réembauché sa femme comme assistante dans la Sarthe (Ouest) alors qu'il était député de Paris, une pratique "pas orthodoxe", observe l'accusation. Dans cette période "de réflexion, d'hésitation" sur son avenir politique, l'une des options est "de revenir" dans son fief, justifie-t-il, tandis que son avocat souligne les nombreux courriers que les Sarthois continuent à lui envoyer, même s'il n'est plus leur député.


Dans ce dossier, "il y a cette espèce d'idée préconçue, ce préjugé, qu'une femme de député, ça fait le boulot d'une femme de député. Non ! Elle faisait un travail de collaboratrice".


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.