Au premier jour du procès Fillon en appel, la défense brocarde une procédure «biaisée»

L’ex-Premier ministre français François Fillon (Photo, AFP).
L’ex-Premier ministre français François Fillon (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 novembre 2021

Au premier jour du procès Fillon en appel, la défense brocarde une procédure «biaisée»

  • «François Fillon n'a pas reçu le même traitement judiciaire que tout autre justiciable», a tonné son avocat Antonin Lévy
  • Pour lui, les «neuf» remontées d'informations entre le PNF et le parquet général n'ont pas été faites dans le respect de la loi et elles expliquent les «fuites généralisées» dans la presse

PARIS: Au premier jour du procès en appel de François Fillon, de sa femme et de son ex-suppléant dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de Penelope Fillon, l'avocat de l'ancien Premier ministre a réclamé l'annulation d'une procédure à ses yeux "biaisée".

Costume bleu nuit, visage indéchiffrable derrière un masque noir, celui qui fut le chef du gouvernement entre 2007 et 2012, 67 ans aujourd'hui, a déclaré sobrement à la barre "contester" le jugement qui l'avait condamné en juin 2020 à cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme, 375.000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité.

Lors du premier procès, "je me suis sentie ridiculisée, même parfois humiliée, j'étais tétanisée au point de ne pas pouvoir m'exprimer comme je l'aurais voulu", a déclaré Penelope Fillon, 66 ans, se plaignant d'un "préjugé" à son encontre. "Cette fois-ci, j'aimerais vous convaincre".

Jusqu'au 30 novembre, la Franco-Galloise entend défendre sa relaxe, elle qui s'était vu infliger trois ans d'emprisonnement avec sursis et 375.000 euros d'amende. Comme l'ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, Marc Joulaud, condamné à la même peine d'emprisonnement ainsi qu'à 20.000 euros d'amende avec sursis.

La première journée d'audience a été consacrée à des questions de procédure.

"François Fillon n'a pas reçu le même traitement judiciaire que tout autre justiciable", a tonné son avocat Antonin Lévy, demandant pour la première fois l'annulation de l'essentiel du dossier où il y avait selon lui "quelque chose de pourri".

«Pressions»

Me Lévy a invoqué les déclarations, en juin 2020, de l'ex-cheffe du Parquet national financier (PNF) qui s'était émue en commission parlementaire de "pressions" de sa hiérarchie dans cette affaire, quelques jours avant le jugement du premier procès - la défense avait alors demandé, en vain, le report de la décision.

Pour lui, les "neuf" remontées d'informations entre le PNF et le parquet général n'ont pas été faites dans le respect de la loi et elles expliquent les "fuites généralisées" dans la presse.

L'avocat a aussi accusé le président du tribunal de Paris d'une "litanie de mensonges", "d'erreurs et d'approximations" dans ses explications sur la désignation du magistrat instructeur. Selon Me Levy, ce dernier a été choisi "à dessein" dans le "but" d'une mise en examen de M. Fillon en pleine campagne présidentielle.

L'ouverture de cette instruction avait été initialement saluée par M. Fillon, avant qu'il ne soit mis en examen en mars 2017, à quelques jours de la clôture des candidatures.

"On est dans le procès d'intention", a répliqué l'avocat général Bruno Revel qui a rappelé que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), saisi par Emmanuel Macron, avait conclu fin 2020 que la justice avait agi "de façon indépendante".

Il a estimé que la demande de la défense était irrecevable et que, sur le fond, "les règles du procès équitables (avaient) été respectées".

Prestations «fictives»

Après une courte délibération, la cour d'appel a décidé de trancher cette question avec le fond du dossier. Elle se prononcera en outre le 14 décembre sur deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) soulevées lundi par la défense des époux Fillon.

En plein débat pour l'investiture chez Les Républicains en vue du prochain scrutin présidentiel, la justice se replonge dans ce dossier qui a miné la course à l'Elysée de l'ex-Premier ministre.

Celui qui a aussi été député de la Sarthe devra à nouveau s'expliquer sur l'emploi de son épouse comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, par lui et par son suppléant Marc Joulaud.

Des prestations rémunérées 613.000 euros nets (plus d'un million d'euros bruts) "fictives ou surévaluées" selon l'accusation. Le travail de Penelope Fillon était certes "discret" mais "essentiel", a toujours clamé son mari.

Le couple est aussi jugé pour l'emploi de ses deux enfants en tant qu'assistants parlementaires de leur père sénateur entre 2005 et 2007 (100.000 euros bruts), ainsi que pour le lucratif contrat de Penelope Fillon comme "conseillère littéraire" en 2012 et 2013 à la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière - 135.000 euros bruts.

François Fillon est enfin poursuivi pour avoir omis de déclarer un prêt de l'homme d'affaires à hauteur de 50.000 euros à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) - il a été relaxé sur ce point par le tribunal.

Le procès reprend mardi après-midi.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.