La Cour de cassation ordonne un nouveau procès pour la mère d'un djihadiste

Dans sa décision, la cour d'appel avait en effet retenu que Nathalie Haddadi avait reconnu avoir caché les passeports de son fils et d'autres membres de la famille, un mois et demi avant la notification de l'interdiction de sortie du territoire, à laquelle elle avait assisté. (AFP)
Dans sa décision, la cour d'appel avait en effet retenu que Nathalie Haddadi avait reconnu avoir caché les passeports de son fils et d'autres membres de la famille, un mois et demi avant la notification de l'interdiction de sortie du territoire, à laquelle elle avait assisté. (AFP)
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Publié le Mardi 23 novembre 2021

La Cour de cassation ordonne un nouveau procès pour la mère d'un djihadiste

  • Nathalie Haddadi avait été condamnée à deux ans d'emprisonnement ferme par le tribunal correctionnel de Paris en septembre 2017
  • La quadragénaire est donc définitivement reconnue coupable de financement du terrorisme

PARIS: La Cour de cassation a ordonné mardi un nouveau procès pour la mère d'un djihadiste concernant des soupçons d'aide à la sortie du territoire de son fils, mais elle a confirmé sa condamnation pour financement du terrorisme.


Nathalie Haddadi avait été condamnée à deux ans d'emprisonnement ferme par le tribunal correctionnel de Paris en septembre 2017, pour avoir envoyé de l'argent à son fils, Belabbas Bounaga, et l'avoir aidé à partir alors qu'il était visé par une interdiction de sortie du territoire.


Après plusieurs renvois, elle avait été condamnée en appel en mars 2021, voyant sa peine réduite à un an d'emprisonnement avec sursis. Elle avait formé un pourvoi en cassation.


Mardi, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a partiellement cassé la décision de la cour d'appel, concernant les poursuites pour "complicité de sortie du territoire français en violation d'une interdiction de sortie".


Dans sa décision, la cour d'appel avait en effet retenu que Nathalie Haddadi avait reconnu avoir caché les passeports de son fils et d'autres membres de la famille, un mois et demi avant la notification de l'interdiction de sortie du territoire, à laquelle elle avait assisté.


La cour d'appel avait estimé que, s'il existait un "doute" sur le fait qu'elle ait payé le billet d'avion de son fils pour l'Algérie et qu'elle l'ait accompagné à l'aéroport de Francfort, elle avait "de façon résolument délibérée menti aux policiers".


La Cour de cassation a estimé que la juridiction n'avait pas, sur ce point, "caractérisé la matérialité" de l'aide apportée par Nathalie Haddadi, ordonnant un troisième procès qui portera uniquement sur cette infraction et sur le quantum global de la peine.


La quadragénaire est donc définitivement reconnue coupable de financement du terrorisme, en particulier pour avoir envoyé quelque 2 800 euros à son fils alors qu'il se trouvait en Malaisie.


De Malaisie, Belabbas Bounaga avait fini par rejoindre l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie. Radicalisé en prison, le Franco-Algérien est présumé mort en zone irako-syrienne en août 2016, à 21 ans.


Nathalie Haddadi avait expliqué au tribunal en 2017 avoir signalé, en vain, la radicalisation de son fils délinquant en prison, et assuré l'avoir envoyé chez son père en novembre 2015 en Algérie pour "le sauver" puis lui avoir envoyé de l'argent en Malaisie afin de "l'aider" à "manger" et "se soigner". 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.