Max von Oppenheim: l'histoire méconnue d'un espion allemand dans le Golfe

En 1893, le diplomate et archéologue allemand Max von Oppenheim se lance dans une expédition qui le mène de Damas à Bassorah. (Fourni)
En 1893, le diplomate et archéologue allemand Max von Oppenheim se lance dans une expédition qui le mène de Damas à Bassorah. (Fourni)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Max von Oppenheim: l'histoire méconnue d'un espion allemand dans le Golfe

  • Le diplomate et archéologue allemand Max von Oppenheim se lance dans une expédition qui le mène de Damas jusqu’à Bassorah
  • Oppenheim prend des photographies, cartographie le paysage, recueille du matériel sur les Bédouins et rédige des portraits biographiques des personnes qu'il rencontre

DUBAΪ : Lors du printemps 1893, le diplomate et archéologue allemand Max von Oppenheim se lance dans une expédition qui le mène de Damas jusqu’à Bassorah. Ce voyage le fait traverser le désert syrien et le conduit vers le Sud, de la Mésopotamie jusqu'au golfe Persique. Au total, il a parcouru plus de 1 200 kilomètres.

Pendant son périple, Oppenheim garde une trace méticuleuse de tout ce qu'il voit. Il prend des photographies, cartographie le paysage, recueille du matériel sur les Bédouins et rédige des portraits biographiques des personnes qu'il rencontre. Il dira plus tard: «Au cours de cette expédition, j'ai appris à aimer la vie sauvage et sans contrainte des fils du désert.»

Le récit que fait Oppenheim de son voyage conduira à la publication de Vom Mittelmeer zum Persischen Golf De la Méditerranée au golfe Persique»), deux volumes qui retracent ses voyages à travers le Hauran (région située dans le sud de la Syrie et au nord de la Jordanie), le désert syrien et l'Irak d'aujourd'hui. La valeur historique de ce document est remarquable. La première édition de l’ouvrage a été publiée entre 1899 et 1900 par Dietrich Reimer (Ernst Vohsen). Elle reste, quelque cent vingt années plus tard, une source essentielle pour comprendre la région.

Cette photo montre l'intérieur d'une maison damascène. (Fourni)
Cette photo montre l'intérieur d'une maison damascène. (Fourni)

«Le contenu remarquablement complet et détaillé du livre et sa rareté en font un ouvrage fascinant et recherché», explique Duncan McCoshan, catalogueur chez Peter Harrington, le célèbre marchand de livres rares de Londres. «Ce sont des volumes remarquablement réalisés qui, pour une publication commerciale, sont particulièrement soignés.»

En plus de deux grandes cartes dépliantes «vraiment impressionnantes» réalisées par le cartographe allemand Richard Kiepert, l'ouvrage contient une série de photographies époustouflantes. Environ un tiers d’entre elles sont l’œuvre du célèbre photographe allemand Hermann Burchardt, bien qu'il ne soit pas crédité. Au cours de sa carrière, Oppenheim a souvent pris des clichés lui-même, mais il a également voyagé avec une équipe de professionnels, parmi lesquels le pionnier du cinéma britannique, Robert Paul, ainsi que le photographe allemand Waldemar Titzenthaler.

Des exemplaires de ces deux volumes ont été apportés à la Foire internationale du livre de Charjah par Peter Harrington au début du mois. Ils ont été imprimés à une époque où les éditeurs expérimentaient diverses techniques de reliure, d'illustration et de décoration, explique McCoshan. «Les résultats de ces innovations sont parfois spectaculaires, notamment lorsque le livre a survécu dans un état impeccable. Cependant, un bon nombre de ces améliorations ont eu pour conséquence une usure du livre au niveau du lettrage et des procédés décoratifs; les multiples planches reliées ont tendance à affaiblir la reliure et à se desserrer.»

Cette photo montre une cour d'une maison damascène. (Fourni)
Cette photo montre une cour d'une maison damascène. (Fourni)

«C’est plus particulièrement le cas avec les ouvrages de référence comme celui-là. Ils ont fait l'objet d'une utilisation assez importante sur une période prolongée. En outre, les superbes cartes très détaillées sont mises dans des pochettes, elles ont pour vocation d’être retirées, mises à plat et étudiées de près. Elles peuvent être empruntées, et jamais rendues – c'est loin d'être inhabituel. Les trouver propres, serrées et complètes est quelque chose d’exceptionnel.»

Malgré la valeur de son travail, Oppenheim était une figure controversée. Il a d'abord suivi une formation d'avocat, a occupé divers postes consulaires et diplomatiques, puis il est devenu archéologue. On peut dire que sa plus grande réalisation archéologique réside dans la découverte et l'excavation du site néolithique de Tell Halaf, dans le nord-est de la Syrie.

Derrière ce personnage public se cache toutefois «une figure plutôt sombre» qui s'est déplacée dans la région comme «un aventurier qui servait l'ambition impériale allemande».

Le récit que fait Oppenheim de son voyage conduira à la publication de Vom Mittelmeer zum Persischen Golf («De la Méditerranée au golfe Persique»), deux volumes qui retracent ses voyages à travers le Hauran (région située dans le sud de la Syrie et au nord de la Jordanie), le désert syrien et l'Irak d'aujourd'hui. (Fourni)
Le récit que fait Oppenheim de son voyage conduira à la publication de Vom Mittelmeer zum Persischen Golf («De la Méditerranée au golfe Persique»), deux volumes qui retracent ses voyages à travers le Hauran (région située dans le sud de la Syrie et au nord de la Jordanie), le désert syrien et l'Irak d'aujourd'hui. (Fourni)

Comme l'explique McCoshan, Oppenheim a utilisé «l'archéologie et l'anthropologie comme une couverture pour tenter de saper le prestige britannique, tout comme Lawrence d'Arabie l’a fait». Il était donc connu des services secrets britanniques comme «l'espion du Kaiser».

«Il était considéré par les puissances alliées de la Première Guerre mondiale comme l’instigateur et l’organisateur principal du djihad, dont l'intention était de déstabiliser la région et d'attirer des troupes britanniques et françaises», explique McCoshan, qui a appris l’existence d’Oppenheim à travers les œuvres de l'auteur et historien britannique Peter Hopkirk. «Nous le savons parce que, dans la région, les services de renseignement britanniques ont toujours été très méfiants à l'égard de ses activités.»

Une photo de femmes druzes au Liban. (Fourni)
Une photo de femmes druzes au Liban. (Fourni)

En 1899, Oppenheim entreprend un autre voyage, cette fois du Caire à Damas, via Alep, et au nord de la Mésopotamie. Apparemment, il s’agissait d’une expédition destinée à déterminer les itinéraires possibles du chemin de fer Berlin-Bagdad, dont la Deutsche Bank était un important promoteur. Sa mission secrète consiste alors dans la diffusion de la propagande antibritannique et dans la sape du prestige britannique. C'est au cours de ce voyage qu'il a découvert Tell Halaf.

«Le livre d'Oppenheim souligne l'importance géopolitique de la région et il nous permet de mieux comprendre ce qu’elle fut au tournant du XXe siècle», explique McCoshan. Il a réalisé son ouvrage «grâce à des recherches minutieuses, des enquêtes et la sympathie manifeste qu’il éprouvait pour les peuples de la région, en particulier les Bédouins».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hezbollah affirme qu'il fera comme si la décision de le désarmer «n'existait pas»

Le ministre de la Santé, Rakan Nassereddine, affilié au Hezbollah, et la ministre de l'Environnement, Tamara el-Zein, proche du mouvement Amal, ont quitté la réunion du Conseil des ministres de mardi. (AFP)
Le ministre de la Santé, Rakan Nassereddine, affilié au Hezbollah, et la ministre de l'Environnement, Tamara el-Zein, proche du mouvement Amal, ont quitté la réunion du Conseil des ministres de mardi. (AFP)
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  • Le Hezbollah considère que cette décision est "le fruit des injonctions de l'émissaire américain Tom Barrack", en référence à une proposition qu'il a soumise aux autorités et qui prévoit le désarmement du mouvement selon un calendrier précis
  • Elle "sert pleinement les intérêts d'Israël et laisse le Liban exposé face à l'ennemi israélien, sans moyen de dissuasion", accuse le parti

BEYROUTH: Le Hezbollah a affirmé mercredi que le gouvernement libanais avait commis un "péché grave" en décidant de le désarmer d'ici fin 2025 et qu'il ferait comme si cette décision "n'existait pas".

Le gouvernement libanais a chargé mardi l'armée de préparer un plan d'action pour désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année, une mesure sans précédent depuis la fin de la guerre civile en 1990.

Le gouvernement "a commis une faute grave en prenant une décision qui prive le Liban de l'arme de la résistance contre l'ennemi israélien", a réagi le mouvement chiite soutenu par l'Iran, estimant que cette décision "sapait la souveraineté du Liban" et "donnait les mains libres à Israël". "C'est pourquoi nous ferons comme si elle n'existait pas", a-t-il ajouté.

Le Hezbollah considère que cette décision est "le fruit des injonctions de l'émissaire américain Tom Barrack", en référence à une proposition qu'il a soumise aux autorités et qui prévoit le désarmement du mouvement selon un calendrier précis.

Elle "sert pleinement les intérêts d'Israël et laisse le Liban exposé face à l'ennemi israélien, sans moyen de dissuasion", accuse le parti.

La décision du gouvernement s'inscrit dans le cadre de l'application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à plus d'un an de conflit entre le Hezbollah et Israël. L'accord prévoit que seuls six organismes militaires et de sécurité sont autorisés à porter les armes.

Dans son communiqué, le Hezbollah a réaffirmé que l'arrêt des frappes israéliennes sur le Liban était une condition préalable à toute discussion sur "une nouvelle stratégie nationale de défense".

Le ministre de la Santé, Rakan Nassereddine, affilié au Hezbollah, et la ministre de l'Environnement, Tamara el-Zein, proche du mouvement Amal, ont quitté la réunion du Conseil des ministres de mardi.

Le Hezbollah a estimé qu'il s'agissait d'un moyen pour les ministres d'exprimer leur "rejet" de ce qu'il assimile à une volonté de "soumettre le Liban à une tutelle américaine et à une occupation israélienne".


L'armée israélienne sommée «d'exécuter» les prochaines décisions sur Gaza

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  • La télévision publique Kan 11 a révélé mercredi que le général Zamir, au cours d'une réunion la veille, avait mis en garde contre le "piège" que serait une occupation totale de Gaza
  • Sur la foi de ses sources gouvernementales, la presse israélienne est unanime à prédire une nouvelle escalade de l'offensive militaire, y compris dans les zones où pourraient être retenus les otages et dans les secteurs les plus densément peuplés

JERUSALEM: L'armée israélienne devra "exécuter" les décisions politiques sur la guerre dans la bande de Gaza, a affirmé mercredi le ministre de la Défense, au moment où des dissensions s'expriment dans ses rangs face à la perspective d'une occupation totale du territoire palestinien.

Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu se prépare à annoncer une nouvelle phase des opérations pour vaincre "totalement" le Hamas et ramener les otages israéliens retenus à Gaza, les médias se font l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir.

La télévision publique Kan 11 a révélé mercredi que le général Zamir, au cours d'une réunion la veille, avait mis en garde contre le "piège" que serait une occupation totale de Gaza.

Sur la foi de ses sources gouvernementales, la presse israélienne est unanime à prédire une nouvelle escalade de l'offensive militaire, y compris dans les zones où pourraient être retenus les otages et dans les secteurs les plus densément peuplés.

Dans la bande de Gaza assiégée et bombardée, où se pressent chaque jour des milliers de Palestiniens autour des points de distribution de nourriture, la Défense civile a annoncé mercredi la mort de 20 personnes, tuées quand un camion chargé de vivres s'est retourné sur la foule.

"Droit et devoir" 

Une responsable de Médecins sans frontières, Caroline Willemen, a décrit une situation humanitaire "dévastatrice" dans le territoire, où persiste "la crise de la faim".

"En plus de cela, nous continuons de voir des patients se faire tirer dessus ou écraser sur les sites de distribution d'aide", a-t-elle ajouté mercredi sur les réseaux sociaux.

Les agences de l'ONU et les ONG ont appelé les autorités israéliennes à "abroger l'exigence introduite le 9 mars les obligeant à partager des informations personnelles sensibles sur leurs employés palestiniens, sous peine de devoir cesser leurs opérations humanitaires dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est" d'ici septembre.

Selon le quotidien Maariv, le général Zamir a averti mardi "qu'une décision d'intensifier les combats pourrait entraîner la mort des otages encore en vie" et aurait réitéré "son opposition à une décision de conquérir entièrement la bande de Gaza", déjà occupée par Israël entre 1967 et 2005.

"C'est le droit et le devoir du chef d'état-major d'exprimer sa position dans les forums appropriés", a commenté mercredi le ministre de la Défense, Israël Katz.

"Mais après que des décisions sont prises par l'échelon politique, l'armée les exécutera avec détermination et professionnalisme (...) jusqu'à ce que les objectifs de la guerre soient atteints", a-t-il souligné sur X.

Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a indiqué avoir rencontré mercredi le Premier ministre: "occuper Gaza est une très mauvaise idée" sur "le plan opérationnel, le plan moral et le plan économique".

Selon la presse, une réunion du cabinet de sécurité présidée par le Premier ministre est prévue jeudi en fin d'après-midi pour prendre les décisions finales sur la nouvelle phase de la guerre.

"Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël", avait réaffirmé M. Netanyahu mardi.

En guerre contre le Hamas depuis l'attaque du 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour trouver une issue au conflit.

L'opinion israélienne s'alarme du sort des 49 otages toujours retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée, tandis qu'à l'international de plus en plus de voix s'élèvent face aux souffrances des plus de deux millions de Palestiniens, menacés de "famine généralisée" selon l'ONU.

Ces derniers jours, la pression a encore grandi sur le Premier ministre après la diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux otages israéliens, Evyatar David et Rom Braslavski, très affaiblis et très amaigris, qui ont suscité colère et émotion en Israël et à l'étranger.

"Routes dangereuses" 

Israël avait assoupli fin mai le blocus humanitaire qu'il avait imposé début mars au territoire palestinien mais les quantités autorisées à entrer, par voie terrestre ou largages aériens, sont jugées insuffisantes par l'ONU.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 61.158 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'armée israélienne, par la voix de son porte-parole en arabe, a appelé la population à évacuer deux quartiers de Khan Younés (sud), où elle va élargir "le champ de ses opérations de combat", ainsi que plusieurs blocs d'immeubles du quartier d'Al-Zaytoun de la ville de Gaza.

L'armée a par ailleurs indiqué à l'AFP poursuivre ses opérations contre le Hamas dans la bande de Gaza, avec notamment l'élimination d'une "cellule terroriste" de 10 personnes à Daraj Tuffah, et éliminé plusieurs "terroristes" dans le sud du territoire.


Gaza: un camion de vivres se retourne sur la foule, 20 morts selon la Défense civile

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
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  • "Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal
  • "Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué

GAZA: La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de vingt personnes dans l'accident d'un camion de vivres qui s'est retourné sur la foule dans la nuit de mardi à mercredi.

"Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué.

"Malgré la récente autorisation limitée de quelques camions d'aide, l'occupant (ndlr:Israël) entrave délibérément le passage sûr et la distribution de cette aide. Elle oblige les conducteurs à emprunter des itinéraires surchargés de civils affamés qui attendent depuis des semaines les produits de première nécessité", a accusé dans un communiqué mercredi matin le gouvernement de Gaza, sous l'autorité du Hamas.

Ce "comportement délibéré et criminel se solde souvent par des foules désespérées qui se ruent sur les camions et s'emparent de leur contenu par la force", a expliqué le gouvernement, faisant lui aussi état de 20 civils tués et de dizaines de blessés.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué vérifier ces informations.