Laos: l'arrivée du train rapide chinois, promesse d'un boom économique

Cette capture d'écran d'une séquence vidéo de la télévision nationale laotienne prise le 16 octobre 2021 via AFPTV montre le ministre des Travaux publics et des Transports du Laos Viengsavath Siphandone (à droite) et l'ambassadeur de Chine au Laos Jiang Zaidong dévoilant un panneau pour le train à grande vitesse Lane Xang à Vientiane. (Photo, AFP)
Cette capture d'écran d'une séquence vidéo de la télévision nationale laotienne prise le 16 octobre 2021 via AFPTV montre le ministre des Travaux publics et des Transports du Laos Viengsavath Siphandone (à droite) et l'ambassadeur de Chine au Laos Jiang Zaidong dévoilant un panneau pour le train à grande vitesse Lane Xang à Vientiane. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 novembre 2021

Laos: l'arrivée du train rapide chinois, promesse d'un boom économique

  • La construction de cette ligne de 414 kilomètres, dont l'ouverture au fret est prévue le 3 décembre, a pris cinq ans et fait partie des «nouvelles routes de la soie»
  • Pauvre en infrastructures, le Laos, pays communiste enclavé de 7,2 millions d'habitants, ne disposait auparavant que de quatre kilomètres de voies ferrées

BANGKOK : La toute première ligne de chemin de fer du Laos, construite par la Chine pour un montant de 6 milliards de dollars, promet de changer la vie de nombreux Laotiens, comme Anouphon Phomhacsar, qui fait pousser ses fraises dans les champs d'une vallée montagneuse du centre du pays.


La construction de cette ligne de 414 kilomètres, dont l'ouverture au fret est prévue le 3 décembre, a pris cinq ans et fait partie des "nouvelles routes de la soie", un vaste ensemble de projets d'infrastructure visant à renforcer l'influence de Pékin dans le monde. 


Il faut actuellement trois à quatre heures à Phomhascar pour livrer par la route ses fraises à Vientiane, la capitale. Le train devrait réduire ce délai de moitié.


Il espère aussi développer le tourisme rural.


"A l'avenir, les touristes étrangers qui viendront à la ferme pourraient être des dizaines de milliers" à venir camper et participer à la cueillette, a-t-il déclaré à l'AFP.


Le train reliera la ville chinoise de Kunming à la capitale du Laos, et à terme traversera la Thaïlande et la Malaisie jusqu'à Singapour.


Pauvre en infrastructures, le Laos, pays communiste enclavé de 7,2 millions d'habitants, ne disposait auparavant que de quatre kilomètres de voies ferrées.

75 tunnels et 167 ponts
Désormais, d'élégants trains rouges, bleus et blancs aux allures de TGV rouleront à une vitesse pouvant atteindre 160 km/h le long de la nouvelle ligne, traversant 75 tunnels et 167 ponts, et s'arrêtant dans dix gares de passagers.


Handicapée par la pandémie, l'économie laotienne a connu une croissance proche de zéro en 2020, son niveau le plus bas en 30 ans, selon la Banque mondiale. 


Les espoirs de rebond ont été anéantis en 2021 alors qu'un pic de Covid-19 a touché le pays depuis le mois d'avril.


"Le nouveau chemin de fer est un investissement majeur qui a le potentiel de simuler l'économie laotienne et de permettre au pays de tirer parti de sa position géographique au cœur de l'Asie du Sud-Est", a déclaré à l'AFP Sombath Southivong, expert en infrastructures à la Banque mondiale.


Avec la pandémie, le Laos a perdu 80% de ses 4,7 millions de visiteurs étrangers enregistrés en 2019.


Le pays était prisé des routards qui s'entassaient dans des bus pour un trajet de quatre heures vers Vang Vieng, un voyage qui ne prendra pus qu'une heure lorsque la ligne ouvrira aux passagers à une date encore inconnue.


Mais dans ce haut lieu de l'aventure et de la fête, les kayaks, radeaux, tyroliennes et montgolfières se sont vidés.


Autrefois complet, l'Inthira, un hôtel de charme niché sur les rives de la rivière Nam Song, se contente maintenant de quelques visiteurs nationaux le week-end, selon le directeur général Oscar Tality.

Un coup de fouet au tourisme
Le train et la réduction du temps de trajet donneront un coup de fouet à l'industrie, espère-t-il.


"En chemin, les gens verront des vues magnifiques sur les montagnes et traverseront des ponts et des tunnels. Ce sera un voyage merveilleux pour ceux qui prendront le train", a-t-il déclaré à l'AFP.


Mais certains observateurs doutent de la viabilité à long terme du projet.


"La question pour le Laos est de savoir si son économie... son secteur privé est en mesure de tirer parti de ce système de transport", a déclaré à l'AFP Greg Raymond, professeur à l'Australian National University.


Les deux tiers des Laotiens vivent dans des villages reculés où ils travaillent la terre et le salaire minimum est d'environ 116 dollars par mois.


Selon des informations non confirmées, le prix du billet de train entre Vientiane et la frontière chinoise serait de 13,30 dollars, inabordable pour la majorité d'entre eux.


"Quand on regarde la juxtaposition de ce chemin de fer super moderne et de la campagne qu'il traverse, c'est très dur. On peut se demander si le peuple laotien en sera le bénéficiaire",  s'interroge Greg Raymond.


Le projet a déjà affecté quelque 4.400 agriculteurs et villageois qui ont été contraints de céder leurs terres, où passe désormais le chemin de fer.


Nombre d'entre eux ont dû attendre longtemps avant d'être indemnisés ou ont reçu des montants insuffisants, a indiqué le Mouvement laotien pour les droits de l'homme dans un rapport. 


"Le taux d'indemnisation est très faible. Si (vous) demandez aux villageois de déménager, comment peuvent-ils s'offrir de nouvelles terres (si le calcul est si bas)", a déclaré le député laotien Vilay Phommixay au Parlement en juin de l'année dernière. 


Mais pour d'autres, tout est sur les bons rails. 


"Il y a une grande attente... c'est une source de fierté pour le peuple laotien", affirme Tality.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.


La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour 2025 et 2026 

La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
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  • L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025
  • La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB)

PARIS: La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1.

Lors de la publication prévue le 19 décembre, "nous allons remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine. Nous étions à 0,7% pour cette année, à 0,9% pour l'année prochaine", a-t-il indiqué en ajoutant qu'il ne pouvait pas encore donner de chiffres.

L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025.

La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,5% au trimestre précédent, a-t-elle indiqué jeudi.

"Evidemment, même si on allait à 1% (de croissance l'année prochaine, NDLR), ça ne suffit pas. C'est résilient, mais non suffisant", selon le gouverneur.

"L'économie, l'activité, résistent malgré cette incertitude" politique estime le gouverneur qui rappelle qu'il y a un an "beaucoup craignaient une récession", qui a été évitée.

"Il y a une estimation assez convergente qui dit qu'au total, l'incertitude nationale plus internationale nous coûte à peu près 0,5 point de croissance (...) et que la part nationale là-dedans, c'est au moins 0,2. Donc, si on arrivait à sortir avec une stratégie budgétaire et une stabilisation politique, on peut espérer gagner 0,2%", selon le gouverneur.

Le vote du budget de la sécurité sociale mardi "je relève simplement que c'est une étape franchie", "c'est pas du tout la fin de ce chemin", a insisté M. Villeroy de Galhau.

Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026.

Les discussions sur le budget de l'Etat se poursuivront en janvier si le Sénat et l'Assemblée ne parviennent pas à un accord, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, excluant de facto le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.

"Baisser suffisamment le déficit total" 

Le gouverneur de la Banque de France a aussi rappelé mercredi qu'"on ne sait pas aujourd'hui si on va arriver à baisser suffisamment le déficit total".

"On part de 5,4% du PIB, du poids de notre économie, pour ce déficit total. Il faut être à 3% dans quatre ans (...) Donc, si on doit faire ce chemin en quatre ans, il faut faire le quart du chemin la première année. C'est pour ça que moi, j'ai plaidé un déficit à 4,8% l'an prochain".

Le gouverneur "croit qu'il reste très important d'être aussi proche que possible de ce chiffre de 4,8%", à la fois "pour sortir de l'étouffement progressif par la dette, parce que les intérêts de la dette prennent de plus en plus notre marge de manœuvre", et puis "pour ramener la confiance".

Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a pour sa part dit mercredi sur RTL souhaiter toujours que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales réunis) soit à "5% (du PIB) et pas au-dessus" en 2026.

Cela implique que l'Etat renfloue les caisses de la Sécurité sociale de 4,5 milliards d'euros après le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, celui-ci aggravant le déficit de la Sécu par rapport au projet initial du gouvernement.

M. Lescure considère que le vote la veille du budget de la Sécurité sociale, avec un déficit alourdi, faisait "remonter d'un cran" la difficulté d'obtenir un vote du budget de l'Etat, qui va devoir compenser.