Nissan accélère le tempo dans l'électrification de ses véhicules

La Nissan Leaf, voiture électrique, au salon automobile de Tokyo le 25 octobre 2019. (Photo, AFP)
La Nissan Leaf, voiture électrique, au salon automobile de Tokyo le 25 octobre 2019. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 novembre 2021

Nissan accélère le tempo dans l'électrification de ses véhicules

  • Nissan compte introduire 23 nouveaux modèles électrifiés, dont 15 électriques, d'ici son exercice 2030/31
  • Le groupe compte investir 2.000 milliards de yens (15,6 milliards d'euros au cours actuel) dans les cinq prochaines années pour accélérer son virage électrique

TOKYO : Le constructeur automobile japonais Nissan, allié du français Renault et ancien pionnier de l'électrique, a dit lundi viser une part de 50% pour ses véhicules électrifiés (électriques et hybrides) dans ses ventes mondiales à l'horizon 2030, contre environ 10% en 2020.


Nissan compte pour ce faire introduire 23 nouveaux modèles électrifiés, dont 15 électriques, d'ici son exercice 2030/31, a annoncé le groupe dans le cadre de la présentation de sa stratégie de long terme "Ambition 2030".


Vingt de ces modèles seront mis sur le marché dans les cinq prochaines années, a précisé Nissan, qui vise plus de 75% de ventes électrifiées en Europe d'ici son exercice 2026/27.


Cette part devrait s'élever à plus de 55% au Japon à la même période, et à plus de 40% en Chine. Aux Etats-Unis, Nissan s'attend à ce que ses futurs véhicules électriques à batterie représentent 40% de ses ventes totales en 2030/31.


Une telle vision s'imposait face au "défi imminent et incontournable" de la crise climatique, a souligné lundi le directeur général de Nissan Makoto Uchida lors d'une conférence de presse en ligne.


Le groupe compte investir 2.000 milliards de yens (15,6 milliards d'euros au cours actuel) dans les cinq prochaines années pour accélérer son virage électrique, soit deux fois plus que ce qu'il avait investi dans ce domaine sur la période 2010-2020, a précisé M. Uchida.

Une tendance de fond
Nissan était l'un des pionniers mondiaux des véhicules électriques, avec son modèle Leaf sorti à partir de 2010. Mais il s'est fait doubler sur ce segment actuellement dominé par l'américain Tesla, et des géants automobiles comme Volkswagen mettent désormais le paquet pour accélérer dans ce domaine en pleine expansion.


La plupart des grands constructeurs ont déjà promis de se désengager progressivement des véhicules thermiques ou de cesser totalement d'en vendre, parfois dès 2030 comme le suédois Volvo Cars.


Renault vise lui une part de 65% des véhicules électrifiés dans ses ventes en Europe en 2025, et de 90% en 2030.


Parmi les autres constructeurs japonais, Toyota, qui mise encore largement sur les technologies hybrides, vise à l'horizon 2030 100% de ventes électrifiées (incluant les hybrides) en Europe, 70% en Amérique du Nord et 100% en Chine en 2035. Honda quant à lui s'est fixé cette année l'objectif ambitieux de ventes mondiales 100% électriques d'ici 2040.

Vers des batteries solides
Nissan cherche aussi à devenir un acteur clé des batteries électriques: il a annoncé l'été dernier la construction d'une méga-usine de batteries au Royaume-Uni à côté de son usine automobile existante de Sunderland, en partenariat avec le chinois Envision AESC.


Ce modèle d'usine intégrée doit être répliqué à terme sur les autres marchés clés du groupe, qui compte équiper ses véhicules avec ses propres batteries électriques de nouvelle génération (à l'état solide) à compter de 2028/29, tandis qu'un prototype devrait être mis au point d'ici 2024.


Les batteries solides sont une évolution des batteries lithium-ion actuelles, dont l'électrolyte liquide est remplacé par un matériau solide (un polymère ou des poudres inorganiques semblables à une sorte de céramique).


Cette technologie, qui est encore au stade du développement dans le monde, laisse espérer des performances plus élevées pour un poids et des coûts nettements réduits. Elle permettrait aussi de s'affranchir de matériaux critiques comme le cobalt. 


Nissan va construire une "usine pilote" pour développer ces batteries solides à Yokohama (sud-ouest de Tokyo), où est aussi implanté son siège mondial. 


Le groupe compte par ailleurs recruter 3.000 ingénieurs supplémentaires pour sa recherche-développement mondiale dans l'électrification.


Après deux exercices annuels catastrophiques sous l'effet de la pandémie et d'une cure d'austérité drastique lancée dans la foulée de l'éviction retentissante fin 2018 de son ancien grand patron Carlos Ghosn, Nissan va mieux.


Malgré la pénurie mondiale de semi-conducteurs et le renchérissement des matières premières, le groupe a nettement relevé début novembre ses prévisions de bénéfices pour son exercice 2021/22, qui s'achèvera le 31 mars prochain.


Il anticipe désormais un bénéfice net de 180 milliards de yens (1,4 milliard d'euros), grâce à l'arrivée de nouveaux modèles et le rebond de la demande automobile sur fond de reprise économique mondiale.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".