Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour candidat à la présidentielle

Eric Zemmour prononce un discours pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le 30 novembre 2021 à Paris. (Photo, AFP)
Eric Zemmour prononce un discours pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le 30 novembre 2021 à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 novembre 2021

Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour candidat à la présidentielle

  • «J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle», a-t-il annoncé, installé devant une bibliothèque, assis derrière un micro d'époque, mimant le parallèle avec l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940
  • Le polémiste de 63 ans a renvoyé dos-à-dos les «bien-pensants», les «élites», les «journalistes», les «islamo-gauchistes» et les tenants de «la théorie du genre»

PARIS : Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a officialisé mardi sa candidature à l'élection présidentielle dans une vidéo au ton dramatique, à l'issue d'une précampagne agitée et de premiers ressacs dans les sondages.

"J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle", a-t-il annoncé, installé devant une bibliothèque, assis derrière un micro d'époque, mimant le parallèle avec l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.

Sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, dans une vidéo entrecoupée d'images de violences en France ou d'archives historiques, l'ancien éditorialiste de CNEWS et du Figaro explique s'adresser aux Français qui "se sentent étrangers" dans leur "propre pays", "pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis".

Le polémiste de 63 ans a renvoyé dos-à-dos les "bien-pensants", les "élites", les "journalistes", les "islamo-gauchistes" et les tenants de "la théorie du genre". 

Après cette annonce tournée il y a deux semaines et qui doit être suivie d'une interview au 20H de TF1 -cette fois en direct-, il va tenir son premier meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire "taire Zemmour", à 13h dans la capitale.

Eric Zemmour "nous a vendu qu'il était le Trump français. C'est un Trump commandé sur Wish, cette plateforme de contrefaçons qui vend des trucs qui ne fonctionnent pas, qui sont faux", a cinglé mardi sur Europe 1 Gabriel Attal.

Le porte-parole du gouvernement a dit se "poser des questions sur sa capacité à représenter notre pays" après la visite chahutée du polémiste à Marseille samedi qui s'est terminée par un échange de doigts d'honneur avec une passante. Un geste "fort inélégant", avait convenu Eric Zemmour le lendemain.

Quelques propositions du candidat Zemmour

Suppression du droit du sol, port d'un prénom "français", baisse des impôts de production, lancement de 14 nouveaux EPR, retraite à 64 ans, retour de l'uniforme à l'école ou encore sortie du commandement intégré de l'Otan: voici de premières propositions d'Éric Zemmour, candidat d'extrême droite à la présidentielle, distillées pendant sa pré-campagne.

Immigration

  • Référendum sur l'immigration
  • Suppression du droit du sol
  • Suppression du droit au regroupement familial
  • Expulsion des étrangers purgeant une peine de prison
  • "Forcer" les pays d'origine à les "reprendre". En cas de refus de ces pays: suppression des aides au développement et des visas
  • Déchéance de la nationalité des binationaux auteurs de crimes ou plusieurs délits successifs 
  • Interdiction de porter un premier prénom d'origine étrangère
  • Fin de l'automaticité du renouvellement des titres de séjours (notamment pour les chômeurs et les parents d'enfants délinquants)
  • Fin de la régularisation des clandestins 
  • Suspension de l'espace Schengen et création de garde-frontières à statut militaire pour "contrôler nos frontières nationales"

Protection sociale

  • Suppression des allocutions non contributives (RSA, APL, allocations familiales) aux étrangers qui ne paient pas d'impôt, même s'ils sont en situation régulière
  • Restreindre l'Aide médicale d'État (AME) aux soins urgents uniqueme

Economie

  • Baisse des impôts de production 
  • Progressivité plus importante de l'impôt sur les sociétés
  • Création d'un haut commissariat à la simplification administrative, directement rattaché au président de la République
  • Suppression des droits de succession sur les transmissions des entreprises familiales
  • Augmentation de l'âge de départ à la retraite à 64 ans
  • Favoriser les entreprises françaises dans la commande publique
  • Environ 3% du PIB alloué à la recherche et au développement à horizon 2027
  • Pas de rétablissement de l'ISF et exonération de la résidence principale dans le calcul de l'IFI
  • Pas d'augmentation du Smic
  • Programme de construction de 14 nouveaux EPR à horizon 2050

 

«Brutalité»

Stanislas Rigault, qui anime "Génération Z", le mouvement de jeunesse du candidat, a reconnu sur BFMTV un moment "compliqué" à Marseille mais "ne pense pas que la dynamique va s'essouffler, on a un Zénith qui sera rempli". 

Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15% d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25%) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20%). 

Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo.

En se déclarant mardi, il parasite le processus d'investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, après un dernier débat mardi soir, et l'entrée au Panthéon de Joséphine Baker.

Il embarrasse également sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a déploré mardi sur Sud Radio qu'il "disperse des voix utiles au redressement du pays". "Il n'apporte rien", a-t-elle dit, en critiquant notamment la "brutalité" de ses mesures sur l'immigration ou sa vision des femmes. 

Pour Sébastien Chenu (RN), sur BFMTV, "cette annonce est faite pour essayer de colmater les brèches, au moment où il enclenche une descente de son propre fait".  

 

Quelques propositions du candidat Zemmour

Commerce

  • Blocage des accords de libre-échange signés par l'UE
  • "Patri-score" pour signaler les "produits plus ou moins français" 
  • Oeuvrer à la mise en place d'une taxe carbone aux frontières européennes 

 Défense, diplomatie

  • Sortie du commandement intégré de l'Otan
  • Augmentation "massive" du budget de l'armée 
  • "Indépendance vis-à-vis des Etats-Unis" (lutter contre l'extra-territorialité du droit américain), "tout en étant méfiant avec la Chine" pour être "une puissance d’équilibre"
  • Levée des sanctions contre la Russie

Education

  • Retour de l'uniforme à l'école
  • Rétablissement des classes de niveaux
  • Interdiction de l'écriture inclusive
  • Suppression du collège unique avec mise en place en parallèle de la filière générale, de filières professionnelles en alternance dès 14 ans
  • Suppression des allocations familiales aux parents qui ne "sanctionnent pas leur enfant" perturbateur

Sécurité routière

  • Suppression du permis à point
  • Retour de la limitation de vitesse à 90km/h sur les routes nationales

Droit

  •  "Modifier" l'Etat de droit
  • Réforme constitutionnelle pour que le droit national (les lois votées après les Traités européens) prime sur le droit européen  
  • "S'affranchir" de la Cour européenne des droits de l'homme

Financement

Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques de l'islam, une "civilisation" qu'il juge "incompatible avec les principes de la France".

Adepte de la théorie complotiste du "grand remplacement" de la population européenne par des immigrés non européens, sa mesure la plus controversée vise à interdire de porter un premier prénom d'origine étrangère.

Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Eric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d'un salon sur la sécurité ou s'est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de n'avoir "pas protégé les Français". 

Ou quand il affirme, contre l'avis des historiens, que Pétain aurait "sauvé des juifs de France" pendant la Seconde Guerre mondiale.

Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, "La France n'a pas dit son dernier mot", Eric Zemmour fait de l'ancien président américain Donald Trump une source d'inspiration, même s'il ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti.

La constitution d'un réseau sur le terrain sera d'ailleurs l'un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.

Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros.

Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.

 

"On n'est pas couché", le "laboratoire" d'où Zemmour se serait échappé

 

 

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"J'ai eu Zemmour dans mon laboratoire presque cinq ans et j'ai l'impression de l'avoir laissé échapper" a déclaré Laurent Ruquier en octobre. (Photo, AFP)

"On n'est pas couché" a-t-il été un tremplin pour Eric Zemmour ? Laurent Ruquier, qui a accueilli le polémiste d'extrême droite cinq ans dans son émission télévisée, s'en inquiète, mais la réalité est plus complexe, nuance un expert.

Début octobre, Laurent Ruquier, animateur aux convictions assumées à gauche, fait son mea culpa sur France 2: "J'ai eu Zemmour dans mon laboratoire presque cinq ans et j'ai l'impression de l'avoir laissé échapper".

Entre 2006 et 2011, dans le talk show du samedi soir de France 2, sur le service public, Eric Zemmour affiche un ton provocateur, une parole résolument de droite, aux côtés d'un homme de gauche, Michel Polac, puis Eric Naulleau.

Le succès est au rendez-vous: 1 636 000 personnes regardent en moyenne la première saison de l'émission produite par Catherine Barma (2006-2007), soit 26,8% de part d'audience. Un pourcentage qui se tassera légèrement ensuite: 24,1%, 22,3%, 22,8% et 22,6% pour la dernière saison du polémiste.

"Quand Ruquier le recrute, on est dans un contexte très particulier après le référendum européen de 2005, où le +non+ l'avait emporté en France", explique à l'AFP Alexis Lévrier, historien du journalisme. "Or la voix du +non+, le souverainisme, n'existait quasiment pas dans les médias. Zemmour était l'une des seules figures médiatiques à porter ce combat-là".

Dans son livre "La France n'a pas dit son dernier mot" paru en septembre", M. Zemmour écrit: "Je tenais un discours aux antipodes de ceux qu'avaient ressassés depuis des années les grands éditorialistes que j'avais écoutés et observés dès mon adolescence", "je défendais la patrie, l'ordre, le mérite, la hiérarchie, l'excellence, l'assimilation". 

Le polémiste ne disposait pas pour autant d'une tribune ouverte, comme plus tard sur CNews: ses propos étaient contrebalancés par ceux d'un chroniqueur de gauche. Laurent Ruquier n'hésitait pas à le recadrer.

Eric Zemmour s'en "prenait aux invités, des auteurs et des autrices, essentiellement quand il estimait qu'ils n'avaient pas de talent" et "sa misogynie y transparaissait", estime Alexis Lévrier. 

Comme le veut son rôle de chroniqueur cinglant, Eric Zemmour, avec Eric Naulleau, malmène copieusement les invités: il qualifie en 2009 Francis Lalanne de "chanteur un peu bébête" et dit en 2011 à l'actrice et chanteuse Claire Keim, à propos de son nouvel album, "avoir l'impression d'avoir entendu ça un million de fois depuis mes 15 ans". 

Après sa condamnation en février 2011 pour provocation à la haine raciale pour des propos tenus en mars 2010 sur "les Noirs et les Arabes" sur France ô, ses employeurs, dont France 2, ne le sanctionnent pas, jugeant que les regrets qu'il exprime sont suffisants.

Mais trois mois plus tard, Laurent Ruquier décide de renouveler l'équipe des chroniqueurs: il annonce le remplacement du duo par les journalistes Audrey Pulvar et Natacha Polony, disant "vouloir apporter un souffle nouveau". 


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.


France: Conseil des ministres spécial pour tenter de sortir de l'impasse budgétaire

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron convoque un conseil des ministres extraordinaire pour présenter une loi spéciale afin d’assurer le financement de l’État face à l’impasse budgétaire
  • Les discussions sur un budget 2026 reprendront rapidement : le gouvernement vise une adoption d’ici fin janvier, dans un contexte de fortes divergences

PARIS: Le président français Emmanuel Macron préside lundi un conseil des ministres extraordinaire qui devrait conduire à l'adoption rapide par le Parlement d'une loi spéciale, destinée à financer l'Etat et ses administrations malgré l'impasse budgétaire.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu doit poursuivre dans la journée de lundi ses consultations des différentes formations politiques "pour trouver les conditions d'une solution".

Une commission de sénateurs et députés a échoué vendredi à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour l'année à venir.

A l'issue de ces discussions, un conseil des ministres de crise destiné à présenter le projet de loi spéciale est prévu en fin de journée, au retour du président Emmanuel Macron d'Abou Dhabi, où le chef d'État a annoncé devant des militaires français le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions destiné à remplacer le Charles De Gaulle.

Dans la foulée, les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat auditionneront lundi soir et mardi le ministre de l'Économie Roland Lescure et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, sur ce projet de loi. L'objectif est que ce texte spécial puisse être voté mardi par les deux chambres.

Mais il faudra dès la rentrée reprendre les discussions pour tenter de trouver un budget 2026, car la loi spéciale "c'est un service minimum", a martelé Amélie de Montchalin.

La ministre a indiqué dimanche soir sur la chaîne BFMTV que l'objectif est d'adopter une véritable loi de finance 2026 avant "la fin janvier", y compris avec "quelques hausses d'impôts", une des demandes notamment du Parti socialiste - partenaire privilégié de Sébastien Lecornu lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale, et à qui il a concédé notamment la suspension de la réforme des retraites.

Reste qu'après deux mois de discussions qui n'ont pas permis d'aboutir, le doute subsiste sur la capacité du Premier ministre à obtenir ce compromis, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclame plus de recettes et moins de coupes budgétaires.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.