Dans l'Irak en crise, «pas d'emploi sans wasta», ce si précieux passe-droit

Pour travailler dans l'administration publique ou dans les agences sécuritaires, la wasta - entremise en arabe - est le sésame permettant de sécuriser son avenir, à travers les connexions familiales ou le clientélisme des partis, dans un pays où près de 40% des jeunes sont au chômage. (Photo, AFP)
Pour travailler dans l'administration publique ou dans les agences sécuritaires, la wasta - entremise en arabe - est le sésame permettant de sécuriser son avenir, à travers les connexions familiales ou le clientélisme des partis, dans un pays où près de 40% des jeunes sont au chômage. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 01 décembre 2021

Dans l'Irak en crise, «pas d'emploi sans wasta», ce si précieux passe-droit

  • Pas moins de 95% des Irakiens reconnaissent ainsi qu'il faut «souvent ou parfois» une wasta pour trouver un emploi
  • Pour lui, ce fléau résultant de «la faiblesse du droit» vient «jouer un rôle dans l'émigration» et «entraver le développement du pays»

BAGDAD : Sur les cinq enfants d'Abou Zeinab, tous sont au chômage, sauf son aîné. Mais pour y arriver, le jeune homme a dû recourir à une wasta, la pratique du passe-droit qui représente un fléau tentaculaire en Irak.

Pour travailler dans l'administration publique ou dans les agences sécuritaires, la wasta - entremise en arabe - est le sésame permettant de sécuriser son avenir, à travers les connexions familiales ou le clientélisme des partis, dans un pays où près de 40% des jeunes sont au chômage.

"Tous mes enfants, dont mes trois filles, ont fini leurs études universitaires, mais un seul a pu trouver un emploi. Les autres essayent, sans succès", déplore Abou Zeinab, retraité sexagénaire de Bagdad.

Grâce à un proche, la wasta a été le "joker" ayant permis à son fils de 28 ans d'être embauché en tant que contractuel au sein d'un ministère. Chaque année son CDD est renouvelé.

"La pauvreté pousse les gens vers la wasta", lâche avec résignation M. Zeinab.

Pas moins de 95% des Irakiens reconnaissent ainsi qu'il faut "souvent ou parfois" une wasta pour trouver un emploi, selon le baromètre arabe de la Banque mondiale, publié en 2019.

C'est aussi pour fuir ces pratiques, les inégalités sociales qu'elles engendrent et un horizon bouché, que des milliers de migrants s'endettent et dépensent toutes leurs économies pour rallier l'Europe occidentale, espérant y trouver une vie meilleure.

Parmi les dernières illustrations en date, ces milliers de personnes, dont de nombreux Kurdes irakiens, bloquées à la frontière entre le Bélarus et la Pologne.

Encourager l'émigration

"Toute la société s'accorde pour dire que sans wasta tu ne peux arriver à rien", confirme le politologue irakien Thamer al-Haimes.

Pour lui, ce fléau résultant de "la faiblesse du droit" vient "jouer un rôle dans l'émigration" et "entraver le développement du pays".

L'Irak, selon le classement de l'ONG anti-corruption Transparency International, est le 160e pays (sur 180) le plus corrompu au monde.

Malgré la manne pétrolière, un tiers des 40 millions d'Irakiens vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Lors des manifestations monstres à l'automne 2019, des milliers de contestataires ont battu le pavé des semaines durant pour dénoncer la déliquescence des services publics, le chômage des jeunes, mais aussi la corruption endémique et ses multiples facettes.

Mais ceux qui ont recours à un passe-droit témoignent presque sans complexe, tant le phénomène est courant.

"J'avais essayé à plusieurs reprises de trouver un travail dans n'importe quelle institution publique, plus de 20 fois j'ai postulé, sans succès", se souvient Omran, 32 ans et diplômé en sociologie.

Il a finalement intégré la police après avoir rejoint un parti politique, reconnaît-il.

Expérience similaire pour Jassem, ingénieur en télécommunications de 30 ans, devenu fonctionnaire deux jours seulement après avoir par hasard rencontré un parlementaire.

« Embauches clientélistes »

"Les Irakiens font la queue pour un emploi dans le secteur public, à cause de la sécurité de l'emploi, des salaires plus élevés et un des systèmes de retraite les plus généreux au monde", indiquait un rapport de la Banque mondiale publié en 2017.

Entre 2003 et 2015, le nombre de fonctionnaires est passé de 900.000 à plus de trois millions, faisant de l'Etat le premier employeur du pays. Leurs salaires sont le plus gros poste de dépense du budget, d'après la même source.

"L'augmentation dramatique des embauches clientélistes depuis 2003 a contribué à gonfler les emplois dans le secteur public" reconnaît la Banque mondiale.

Ahmed, 29 ans, habitant de la ville de Kut, a passé de longues années à chercher un travail dans ce sud irakien marginalisé et pauvre.

Un jour, la chance sourit à ce père de deux enfants, diplômé en management et économie. Il rencontre le garde du corps d'un haut responsable du gouvernement.

Cette connexion lui a garanti un emploi dans l'éducation, mais on lui a demandé de payer un million de dinars irakiens, soit environ 800 dollars. Il s'est exécuté, grâce à un prêt bancaire.

"J'ai des remords, parce que j'ai dû payer un pot-de-vin pour travailler, mais j'étais obligé", justifie-t-il. "Il n'y a pas d'emploi sans wasta."


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com