Manche: pour les familles des migrants naufragés, un deuil en suspens

Photographie de réfugiés afghans dans le camp de Saray Shamali à Kaboul le 2 novembre 2021. (AFP)
Photographie de réfugiés afghans dans le camp de Saray Shamali à Kaboul le 2 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 décembre 2021

Manche: pour les familles des migrants naufragés, un deuil en suspens

  • Le jeune homme de 22 ou 23 ans s'était persuadé que l'herbe était plus verte côté britannique, où la législation lui permettrait de travailler plus facilement.
  • La dernière fois que les frères se sont parlé, c'était le 23 au soir, moment où les témoins s'accordent à situer le départ du bateau qui a fait naufrage dans des circonstances encore inexpliquées. 

LILLE: Ils avaient la vingtaine et chérissaient un rêve commun : celui d'une "vie meilleure" au Royaume Uni. Les témoignages de leurs proches esquissent les derniers jours et les aspirations de migrants afghans, probablement au nombre des vingt-sept victimes du naufrage dans la Manche.

Quelques jours avant le drame du 24 novembre qui a suscité une onde de choc européenne, Hussein, un Afghan de 24 ans, venait d'arriver à Dunkerque, dans le nord de la France, chez son cousin Amanullah Omakhil, 18 ans. 

Les jeunes hommes sont très proches depuis qu'ils ont pris la route de l'exil ensemble en 2016, après une enfance dans leur village de Nangarhar, à la frontière pakistanaise. 

Par la suite, Hussein vit quelques temps en Grande-Bretagne, avant de rentrer au pays, puis de revenir très récemment en France en aspirant à repasser clandestinement côté anglais.

"Il est venu directement chez moi, il a dormi, puis je lui ai montré le bus et il est parti dans la jungle" sur le littoral, explique Amanullah Omakhil, yeux humides à la sortie de l'institut médico-légal de Lille, où il est venu ce mercredi dans l'espoir d'identifier le corps de son cousin.

Il n'a pas essayé de le retenir. "C'était son choix. Il était mon aîné, je ne pouvais pas lui dire fais pas ci, fais pas ça", raconte-t-il en français.

 Téléphones éteints 

Après trois jours à essayer de se faufiler dans un camion, Hussein finit par lui dire qu'il tentera sa chance le 23 novembre par bateau. Le 24 à la mi-journée, les cadavres de 27 migrants sont repêchés. 

Les familles afghanes, accueillies à l'institut médico-légal, n'ont pas encore pu voir les frères ou cousins dont ils redoutent le décès. 

Si le parquet de Paris a appelé le jour-même à transmettre aux enquêteurs "toute information susceptible d'aider à l'identification" des victimes, les proches vont d'abord devoir déposer leurs empreintes génétiques auprès de la gendarmerie spécialisée pour avoir accès aux corps, explique Jan Kakar, un responsable associatif afghan qui fait le lien, sur place.

Mais pour Amanullah, pas de doute: "J'étais en contact avec lui jusqu'au départ. Il m'avait dit qu'il m'appellerait quand il arriverait de l'autre côté". 

En Grande-Bretagne, Hussein aspirait à une "belle vie". Lui qui "aime les balades et voir des paysages", comme sur cette photo qu'Amanullah a envoyée aux gendarmes et sur laquelle on voit son cousin poser en Italie avec, dans son dos, une plaine verdoyante.

Hassan Isakhil aussi est sans nouvelles de son "cousin et meilleur ami", dont il tait le nom.

Lui aussi venait pour en avoir le cœur net, alors qu'il n'a plus de nouvelles depuis le 24 novembre, quand le téléphone de son cousin s'est éteint après lui avoir dit qu'il tentait la traversée.

Mode avion 

Cela ne faisait qu'un mois qu'il était en France, après un périple d'un an depuis son départ de leur village natal. 

Le jeune homme de 22 ou 23 ans s'était persuadé que l'herbe était plus verte côté britannique, où la législation lui permettrait de travailler plus facilement.

Un autre Afghan de 27 ans, lui, avait d'autres motivations: "Sa famille est en Angleterre, sa tante, son oncle, son frère", raconte Safiyullah Azizi, venu de Londres pour l'identifier. 

Il fait office de porte-parole pour la famille, depuis que le frère de la victime présumée, tête enfoncée sous un bonnet noir, s'est réfugié dans le mutisme. 

"On ne sait toujours pas s'il est mort ou s'il est vivant. On est venu pour avoir des réponses et on stresse encore plus", déplore-t-il. 

La dernière fois que les frères se sont parlé, c'était le 23 au soir, moment où les témoins s'accordent à situer le départ du bateau qui a fait naufrage dans des circonstances encore inexpliquées. 

"Il disait ce soir je vais franchir la frontière, je vous tiens au courant", poursuit Safiyullah Azizi.

Sous le poids du stress, croulant sous les appels des amis et de la famille venant aux nouvelles, le frère avait alors "mis son téléphone en mode avion pendant la traversée".

Lorsqu'il le réactive, il se rend compte que son frère "a tenté de le joindre plusieurs fois". Depuis, plus rien.


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.