A Mossoul, la santé mentale fragilisée par le confinement

Dans la vieille ville de Mossoul, autour de la statue du poète Abou Tammam réinstallée après avoir été déboulonnée par le groupe EI, le désert causé par la pandémie. (Zaid Al-Obeidi/AFP)
Dans la vieille ville de Mossoul, autour de la statue du poète Abou Tammam réinstallée après avoir été déboulonnée par le groupe EI, le désert causé par la pandémie. (Zaid Al-Obeidi/AFP)
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Publié le Vendredi 25 septembre 2020

A Mossoul, la santé mentale fragilisée par le confinement

  • En Irak, des milliers d'enfants et de jeunes adultes souffrant de troubles mentaux ont perdu leur espace de socialisation en raison de la pandémie
  • La question de la santé mentale, taboue, est pourtant majeure dans un pays ravagé depuis 40 ans par les guerres

MOSSOUL : Le confinement a sûrement protégé de nombreux habitants de Mossoul, mais il a aussi causé de gros dégâts : il a aggravé les troubles des jeunes souffrant de troubles mentaux qui peinent déjà à recoller les morceaux de leur courte vie dans le Nord de l'Irak repris aux jihadistes.

Durant quatre mois, les centres de santé mentale de la troisième ville d'Irak sont restés fermés, pour tenter d'endiguer une épidémie qui a déjà touché 330.000 Irakiens et tué 8.000 autres.

Des milliers d'enfants et de jeunes adultes ont perdu leur espace de socialisation, leurs cours d'orthophonie et leur rééducation physique –- essentiels pour lutter contre des troubles comme l'autisme, une maladie qui n'a toujours ni traitement ni explications véritables.

"C'est un désastre : certains cas se sont aggravés, d'autres ont fait des rechutes", raconte à l'AFP Ilham Khattab, spécialiste de l'autisme à Mossoul, carrefour commercial historique du Moyen-Orient qui fut de 2014 à 2017 la "capitale" du groupe État islamique (EI) en Irak.

Dans un pays où depuis des décennies les infrastructures de santé sont délabrées, la guerre contre les jihadistes n'a fait qu'aggraver la situation : aujourd'hui, un seul hôpital est opérationnel pour plus de deux millions d'habitants.

Le centre Fakhri Dabbagh, établissement public de santé mentale, tente lui de rester debout pour les 170 enfants qu'il traite pour symptômes autistiques et pathologies mentales, le seul à le faire gratuitement.

Sans des stimulations de leurs capacités motrices et mentales, "leur développement personnel et psychologique se détériorera", prévient le docteur Mohammed al-Qaïssi, qui dirige le centre.

Ni équipement ni formation

Nisrine Hamdi, 63 ans, qui assure l'accompagnement psychologique des enfants, évoque à l'AFP le manque de matériel, l'absence de formation et la débrouille au quotidien.

"On ne peut plus accueillir de nouveaux patients. On n'a même pas de véhicules pour amener les enfants qui ont du mal à se déplacer", affirme-t-elle.

Pour ceux qui ont un peu plus de moyens, des cliniques privées s'attaquent aussi à la question de la santé mentale, taboue et pourtant majeure dans un pays ravagé depuis 40 ans par les guerres.

L'institut privé du docteur Ahmed Soufi propose, pour cent dollars, des sessions d'un mois.

Pour ce praticien de 35 ans, "avant l'EI, on avait environ 4.000 malades dans la province. Ce nombre a atteint 6.000 sous l'EI et maintenant, il avoisine 10.000".

Et, dans le cas de l'autisme, le confinement -- décrété par le gouvernement pour tenter d'endiguer la pandémie mondiale ou par des familles apeurées à l'idée de croiser des jihadistes dehors -- aggrave sévèrement les symptômes.

Faute d'activité en extérieur, le téléphone, la télévision ou l'ordinateur sont des pis-allers souvent appréciés de parents enfermés dans de petites maisons parfois pas entièrement reconstruites. 

Or, trop de temps devant des écrans renforce la possibilité de développer des symptômes de l'autisme chez l'enfant, selon de nombreuses études.

Oum Laith en a fait la douloureuse expérience avec ses quatre enfants aujourd'hui tous inscrits au centre Fakhri Dabbagh. "L'isolement devant la télévision et les téléphones a aggravé leur cas", dit-elle à l'AFP.

Tabou

Si Oum Laith s'est tournée vers les soignants, rares sont les parents qui acceptent de vivre avec le stigmate social de la maladie mentale.

"C'est notre principal problème : une fois un enfant diagnostiqué, de nombreux parents refusent de l'accepter", affirme à l'AFP Rahmat al-Zouheir, psychologue à Mossoul. "Et cela joue sur le temps que nous mettons à pouvoir entamer des traitements".

Save the Children a malgré tout accueilli 15.000 enfants à Mossoul entre 2019 et 2020. Et "les besoins ont explosé avec la Covid-19", affirme sa porte-parole Amal Taïf. 

Mais même après le confinement, les familles doivent s'en remettre à "des travailleurs sociaux ou des psychologues qui n'ont pas d'expertise sur l'enfance ou des pédiatres sans connaissance en santé mentale", poursuit Mme Taïf.

Résultat, des enfants sont déclarés autistes sans l'être alors que d'autres ne sont jamais diagnostiqués. 

Quant à ceux qui obtiennent le bon diagnostic, leur ville ne réunit aucun des éléments nécessaires à une bonne prise en charge: sécurité, éducation et alimentation stable.

Des objectifs impossibles à atteindre dans un pays où eau et électricité sont des denrées rares et imprévisibles.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.