Quel rôle pour la France dans les loisirs et la culture en Arabie saoudite?

La France est présente auprès de la Commission royale pour AlUla. Ses objectifs sont la transformation de la région d’AlUla, la promotion de son patrimoine naturel et culturel ainsi que la valorisation de sa population. (Photo, AN)
La France est présente auprès de la Commission royale pour AlUla. Ses objectifs sont la transformation de la région d’AlUla, la promotion de son patrimoine naturel et culturel ainsi que la valorisation de sa population. (Photo, AN)
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Quel rôle pour la France dans les loisirs et la culture en Arabie saoudite?

  • La montée en puissance culturelle inédite de l’Arabie saoudite sur le plan mondial s’est accompagnée d’une demande d’expertise et de formation sans précédent
  • Les loisirs et la culture de l’Arabie saoudite ne sauraient se résumer aux sites d’Al-Qiddiya et d’AlUla, loin de là

MANAMA: Quiconque observe l’évolution de l’Arabie saoudite en conviendra aisément: le pays se transforme, et il mise avant tout sur les secteurs de la culture et des loisirs.

Parmi les gigaprojets qui visent à transformer le royaume, trois sont directement liés à ces secteurs: Al-Qiddiya, la ville des loisirs, AlUla, dont le patrimoine somptueux se révèle progressivement au monde, et les installations touristiques de la mer Rouge, qui ont pour objectif de rendre cette zone plus attractive en développant le secteur des loisirs.

Ce changement s’est effectué de façon très rapide grâce au tournant de 2018-2019: la musique a été alors autorisée dans les lieux publics; les cinémas, les théâtres, les musées ont également été autorisés à sortir de terre, et ils ne s’en sont pas privés. Le budget que l’Arabie saoudite consacre à la culture et aux loisirs est devenu le plus important du monde, car tout était à construire. Le public ne s’y est pas trompé: il s’est massivement rendu aux différents événements organisés dès que la situation sanitaire l’a rendu possible.

Pour autant, cette montée en puissance culturelle inédite sur le plan mondial s’est accompagnée d’une demande d’expertise et de formation sans précédent: ces métiers n’existaient pas auparavant en Arabie, les Saoudiens n’y étaient fort logiquement pas formés. Cette demande fait bien entendu écho à la priorité politique du gouvernement qui consiste à faire travailler les jeunes Saoudiens dans le secteur privé aux postes les plus qualifiés possible. Étant donné la volonté exprimée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, de mettre l’accent sur le tourisme, les loisirs et la culture, il est devenu indispensable de valoriser les carrières dans des secteurs attractifs.

C’est précisément dans ce domaine qu’un pays comme la France est particulièrement susceptible d’apporter son expertise. L’Hexagone est la première destination touristique mondiale. En termes de loisirs et de la culture, il se situe au tout premier plan. En outre, il dispose d’un patrimoine admiré par des millions de touristes chaque année.

Par ailleurs, la France a su faire valoir sa différence et sa singularité face à la tentation hégémonique américaine. Elle est apparue comme un partenaire naturel pour accompagner l’Arabie saoudite dans sa transformation en pays touristique.

Cette association s’est d’abord faite de façon tout à fait privée, avec la nomination du Français Philippe Gas comme PDG d’Al-Qiddiya, la ville des loisirs. Il le dit lui-même: cette mission est «le projet de sa vie». Cet entrepreneur a effectué toute sa carrière chez Disney, de Paris à l’Asie; il présentait le profil idéal pour créer de toutes pièces une ville destinée à attirer les touristes du monde entier.

Experts de niveau mondial

La France est également présente auprès de la Commission royale pour AlUla, fondée au mois de juillet 2017 et présidée par le prince héritier. Ses objectifs sont la transformation de la région d’AlUla, la promotion de son patrimoine naturel et culturel ainsi que la valorisation de sa population. L’Agence française pour le développement d’AlUla est un opérateur qui a pour mission de mettre à disposition des ressources en termes de valorisation et de formation tout en déployant sur place des experts de niveau mondial afin d’accompagner le Royaume dans sa transformation.

 

Quatre partenariats signés

Dans le cadre de la visite du président français à Djeddah, la Commission royale pour AlUla (RCU) signe 4 partenariats stratégiques avec des institutions françaises de premier plan, pour développer la collaboration dans les domaines de la mobilité, de la technologie, du tourisme, de l'hôtellerie et de l'industrie culturelle et créative.

Un partenariat avec la RATP « apportera de l’innovation en matière de mobilité et des meilleures pratiques en matière d’opérations et de solutions alors que nous développons des solutions évolutives pour répondre aux besoins des citoyens d’AlUla et des touristes».

Un partenariat de dix ans avec l'école française de gastronomie et de management hôtelier Ferrandi «permettra de fonder l’Université internationale de tourisme et d’hôtellerie d’AlUla, consolidant ainsi le rôle d’AlUla en tant que centre régional exclusif de formation et de spécialisation dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie».

Le développement s'accélère avec 2 milliards de dollars déjà investis dans l’infrastructure primaire d’AlUla.

Le partenariat de jumelage numérique avec Dassault Systèmes «permettra de fusionner la technologie et l’excellence institutionnelle, de rationaliser les services du comté et de soutenir le développement spatial et l’investissement».

Toutefois, les loisirs et la culture de l’Arabie saoudite ne sauraient se résumer aux sites d’Al-Qiddiya et d’AlUla, loin de là. Ainsi, le groupe Al Hokair, principal opérateur immobilier du pays, et sa branche Mena Company for Education and Development ont lancé cette année la Saudi Entertainement Academy, dont le but est de former les opérateurs et les managers de ce secteur en pleine expansion. 

C’est donc tout naturellement que l’académie de Paris et l’université Côte-d’Azur ont été désignées comme partenaires académiques de ce centre de formation de haut niveau, qui a pour ambition de former des centaines de managers et d’opérateurs dans le domaine des parcs d’attractions, mais aussi dans celui de la culture, de l’industrie du spectacle et de la conception de jeux vidéo.

Mena Company for Education and Development n’en est pas à son coup d’essai en matière de coopération avec la France: la société a déjà développé un partenariat avec une autre institution française, Mod’Art Paris, dans le secteur de la mode et du luxe. 

Le lancement de cette Saudi Entertainement Academy répond à un besoin exprimé par le pays à travers la General Entertainment Authority et le Human Resources Development Fund. Elle est destinée à accueillir sa première promotion en 2022 pour disposer au plus vite d’une main d’œuvre saoudienne formée et compétente et de répondre ainsi à un besoin crucial pour l’avenir du pays, qui s’inscrit parfaitement dans le plan de développement de la Vision 2030.


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com