Pour vacciner en masse, le Nigeria se tourne vers les églises et les mosquées

Des travailleurs non vaccinés se conformant à la vaccination après avoir été interdits d'accès à des bureaux pour non-respect de la vaccination obligatoire au Secrétariat d'État à Abuja, au Nigéria, le 1er décembre 2021. (AFP)
Des travailleurs non vaccinés se conformant à la vaccination après avoir été interdits d'accès à des bureaux pour non-respect de la vaccination obligatoire au Secrétariat d'État à Abuja, au Nigéria, le 1er décembre 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 03 décembre 2021

Pour vacciner en masse, le Nigeria se tourne vers les églises et les mosquées

  • Redoutant un pic de contaminations durant la période de Noël, où un grand nombre de Nigérians de la diaspora reviennent au pays et avec l'apparition de premiers cas du variant Omicron, le pays le plus peuplé d'Afrique se tourne vers les chefs religieux, l
  • Le pays n'a jusqu'ici vacciné que 3,5 millions de personnes, soit moins de 2% de la population, bien loin de l'objectif du gouvernement de vacciner 112 millions de personnes d'ici fin 2022.

LAGOS : Les prières et les chants s'envolent vers les cieux dans l'église Baptiste d'Ikoyi, laissant place au pasteur qui finit son prêche d'une façon un peu particulière ce dimanche de novembre: "Faites le bon choix, faites vous vacciner".

Sur le parking de l'église située dans un quartier riche de Lagos, la capitale économique du Nigeria, des fidèles en habit du dimanche forment une longue queue dans l'attente de recevoir leur première injection de vaccin contre le Covid-19. 

Redoutant un pic de contaminations durant la période de Noël, où un grand nombre de Nigérians de la diaspora reviennent au pays et avec l'apparition de premiers cas du variant Omicron, le pays le plus peuplé d'Afrique se tourne vers les chefs religieux, les églises et les mosquées pour lancer une campagne de vaccination de masse. 

Depuis le début de la pandémie il y a presque deux ans, le Nigeria a quasiment échappé au coronavirus qui a ravagé les systèmes de santé en Europe et ailleurs comptabilisant officiellement moins de 215.000 cas pour un pays de 210 millions d'habitants (avec toutefois un nombre de tests réalisés très insuffisants).

Le pays n'a jusqu'ici vacciné que 3,5 millions de personnes, soit moins de 2% de la population, bien loin de l'objectif du gouvernement de vacciner 112 millions de personnes d'ici fin 2022.

Au Nigeria où la religion occupe une place prépondérante, les églises et les mosquées servent désormais une double cause, la gloire de Dieu et la vaccination.

"Les mosquées et les églises accueillent de grandes foules. C'est à la fois un moyen de réduire les risques et d'accéder à plus de personnes", déclare à l'AFP la docteure Atinuke Onayiga, présente à l'église d'Ikoyi. 

Car l'implication des chefs religieux dans des campagnes de vaccination de masse au Nigeria a déjà fait ses preuves dans le passé. C'est notamment grâce à ces relais que le gouvernement avait finalement réussi en 2020 à éradiquer la polio du pays.

La méfiance envers les autorités et les vaccins est forte au Nigeria, où la mort en 1996 de 11 enfants après des essais de traitement menés par le géant pharmaceutique Pfizer contre la méningite a laissé des traces.

« Peur de me faire vacciner »

De l'autre côté du lagon, sur la partie continentale de Lagos, la prière du vendredi à la mosquée d'Alausa est aussi devenue jour de vaccination. 

Dans la cour, une équipe de médecins et d'infirmières attendent des fidèles, devant des dizaines de chaises en plastique blanc, à la sortie de la prière.

"J'avais peur de me faire vacciner, mais comme notre imam nous l'a conseillés, et que je vois de mes yeux les autres se faire piquer sans avoir de problèmes, j'ai changé d'avis", dit Muslimat Abdurasaq, une vendeuse âgée de 45 ans, qui vient de recevoir sa première dose d'AstraZeneca.

"Je ne veux pas non plus rater une éventuelle opportunité professionnelle parce que je ne serais pas vaccinée", ajoute la femme, dont un voile violet entoure le visage.

Afin d’accélérer les vaccinations, les employés du gouvernement fédéral doivent désormais présenter une preuve de vaccination ou un test Covid avant d'entrer dans les bâtiments administratifs.

Mercredi, à l'extérieur de certains bâtiments fédéraux d'Abuja, des dizaines de travailleurs ont été refoulés en raison de l'application des nouvelles règles. Certains ont été dirigés vers des centres de vaccination.

"Je ne suis pas malade. Je ne vais pas faire de test", souffle un fonctionnaire, Ifeanyi Nwazo. "Ils veulent nous forcer à prendre une injection. Pourquoi ?"

 Scepticisme 

"L'absence de vaccination constituera un terrain fertile pour le développement de mutations du virus, ce qui menacera à son tour les progrès déjà enregistrés", a déclaré le responsable national des incidents au Nigeria, Mukhtar Muhammed.

Le Nigeria a reçu environ 30 millions de doses, et 60 millions d'autres sont en route.

Selon le directeur national de l'Unicef, Peter Hawkins, 2,5 millions de doses d'AstraZeneca doivent être utilisées avant décembre tandis que d'autres vaccins ont une durée de conservation plus longue, ce qui complique la livraison sur le terrain.

A la mosquée d'Alausa, les dizaines de chaises devant les infirmières ont été prises d'assaut. Mais pour certains fidèles comme Mustapha Adetay, des inquiétudes demeurent.

"Je doute encore pour être sincère, certains disent qu'il a des effets négatifs sur la santé", a déclaré l'ingénieur, âgé de 53 ans, en sortant de la mosquée.

"Si j'étais convaincu, je demanderais à toute ma famille de le prendre. Mais je ne le suis pas vraiment. Je vais y réfléchir".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.