Shell se retire d'un projet pétrolier controversé au large des îles Shetland

Dans cette photo d'archives prise le 11 novembre 2021, des militants manifestent contre le projet de champ pétrolier de Cambo dans les îles Shetland, en marge de la Conférence COP26 sur le changement climatique à Glasgow. (Photo, AFP)
Dans cette photo d'archives prise le 11 novembre 2021, des militants manifestent contre le projet de champ pétrolier de Cambo dans les îles Shetland, en marge de la Conférence COP26 sur le changement climatique à Glasgow. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 04 décembre 2021

Shell se retire d'un projet pétrolier controversé au large des îles Shetland

  • Le champ pétrolier de Cambo contient l'équivalent de plus de 800 millions de barils de pétrole, dont 170 millions devraient être extraits dans la première phase du projet
  • Le projet, qui attend le feu vert du gouvernement britannique, est devenu un cheval de bataille des ONG environnementales, qui réclament son abandon

LONDRES : Le géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a annoncé son retrait d'un projet d'exploitation de champ pétrolier au large des îles Shetland en Ecosse, dont il détenait 30%, une décision aussitôt saluée par des ONG environnementales.

"Après un examen approfondi" du projet de Cambo, Shell a indiqué dans un communiqué avoir conclu "que l'intérêt économique en faveur d'un investissement dans ce projet n'était pas assez solide pour le moment".

Le projet, qui attend le feu vert du gouvernement britannique, est devenu un cheval de bataille des ONG environnementales, qui réclament son abandon. Greenpeace avait organisé début octobre une manifestation à Londres qui s'était soldée par des arrestations de militants.

Le champ pétrolier de Cambo contient l'équivalent de plus de 800 millions de barils de pétrole, dont 170 millions devraient être extraits dans la première phase du projet. Il était détenu jusqu'ici à 70% par Siccar Point Energy, soutenu par la société de capital-investissement américaine Blackstone, et à 30% par Shell UK.

La décision de Shell "devrait être le coup fatal pour Cambo", a salué Greenpeace dans un communiqué, jugeant que le gouvernement "est de plus en plus seul à soutenir le champ pétrolier".

"Le rejet du permis est la seule option" viable, a ajouté l'ONG, appelant le gouvernement britannique à s'atteler à la transition vers "les industries vertes du futur" et jugeant que n'importe quelle autre décision "serait une catastrophe pour notre climat".

Oxfam a pour sa part salué une décision "positive", appelant le gouvernement britannique à mettre son "veto à la production de Cambo et d'autres gisements de pétrole au Royaume-Uni".

S'il dit être "déçu" par la décision de Shell, le PDG de Siccar Point Energy Jonathan Roger assure que l'entreprise "continuera à s'engager avec le gouvernement britannique et les parties prenantes sur le développement futur de Cambo", précisant être en discussions avec ses partenaires pour "examiner les options".

"Une transition abrupte, en réduisant la production de gaz et de pétrole britannique, mettrait des emplois en péril et rendrait le pays dépendant des importations", a ajouté l'entreprise dans un communiqué.

«Sécurité énergétique»

Shell "doit choisir ses combats" d'autant que le projet de Cambo est "relativement petit", a commenté vendredi Steve Clayton, gérant de fonds chez Hargreaves Lansdown.

Les ONG "peuvent revendiquer une victoire, mais elles pourraient bien s'apercevoir que les compagnies pétrolières s'investissent beaucoup plus lorsqu'il s'agit de projets à plus grande échelle et plus solides économiquement", a-t-il ajouté.

Et "le monde a besoin du pétrole avant d'atteindre la neutralité carbone, parce que nous n'avons tout simplement pas encore assez d'alternatives disponibles", selon lui.

"C'est une décision commerciale qui a été prise de façon indépendante par Shell", a commenté de son côté vendredi le ministère britannique de l'Energie dans une déclaration transmise à l'AFP.

L'accord final de la Cop26 organisé par le Royaume-Uni à Glasgow a pour la première fois explicitement mis en cause les énergies fossiles comme principaux responsables du réchauffement climatique, appelant à "la sortie des subventions inefficaces" à ces énergies.

Mais Londres, qui vise la neutralité carbone en 2050, entend continuer l'exploitation du pétrole et du gaz sur son territoire pour être moins dépendant des importations d'hydrocarbures, qui pèsent encore pour 75% de son mix énergétique.

"La poursuite des investissements dans le pétrole et le gaz au Royaume-Uni reste essentielle à la sécurité énergétique du pays", a estimé Shell dans son communiqué, ajoutant que "la mer du Nord - et Shell - ont un rôle essentiel à jouer dans le mix énergétique du Royaume-Uni".

Les actions de Shell ont terminé vendredi en hausse de 1,07% à 1.646,60 pence à la Bourse de Londres.

Shell se fixe un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2030 comparé à ses niveaux de 2016, sur ses sites ainsi que pour l'énergie qu'il achète ailleurs.

Greenpeace avait par ailleurs perdu en octobre un procès devant la justice écossaise face à l'autre géant pétrolier britannique BP, qui visait à faire annuler le permis de forage du projet de Vorlich accordé par le gouvernement britannique en mer du Nord.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.