Algérie: Vers une libération des initiatives dans l’investissement?

Président Abdelmadjid Tebboune. ( photo fournie)
Président Abdelmadjid Tebboune. ( photo fournie)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Algérie: Vers une libération des initiatives dans l’investissement?

  • Le gouvernement dirigé par Aïmene Benabderrahmane a décidé de réviser la loi sur l’investissement afin d’attirer les capitaux étrangers et les délocalisations
  • Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a fustigé les responsables de la bureaucratie, lourde, handicapante et parfois corrompue

PARIS: L’Algérie va-t-elle vers la libération des initiatives en matière d’investissement dès le premier trimestre 2022? Refonte des institutions régissant l’investissement, adoption des mesures incitatives, fiscales, parafiscales et douanières, amélioration du climat des affaires et simplification substantielle des procédures administratives, tels sont les chantiers que le gouvernement compte traiter pour permettre à l’économie algérienne de devenir plus attractive, compétitive et diversifiée à moyen et long terme.

Pour y parvenir, le gouvernement dirigé par Aïmene Benabderrahmane, a décidé de réviser la loi sur l’investissement afin d’attirer les capitaux étrangers et les délocalisations. Lors de son récent déplacement à Dubaï, le Premier ministre algérien avait indiqué que des amendements importants sont à l’étude pour favoriser la libération des initiatives en matière d’investissements. 

«La loi sur l’investissement représente l’un des principaux éléments de réformes structurelles et profondes en passe d’exécution», a-t-il souligné lors d’une déclaration à la presse. 

Des partenariats gagnant-gagnant

Pour le gouvernement, des avantages fiscaux et parafiscaux importants, allant jusqu’aux avantages maximaux, seront accordés aux projets structurants, notamment ceux réalisés dans le large territoire du sud du pays. L’avant-projet de loi concernera, entre autres, la garantie de transfert des apports ou des dividendes réalisés par les partenaires étrangers. Toujours dans le cadre de ce projet de loi, l’emploi de la main-d’œuvre étrangère devrait être limité de 10 % et peut-être porté à 15 % si les qualifications requises pour le projet ne sont pas disponibles sur le marché local. 

«La vision adoptée en matière d’investissement ne sera soumise qu’au principe de gagnant-gagnant, pour faire avancer l’économie nationale vers de nouveaux horizons fondés sur des revenus diversifiés loin de la dépendance aux hydrocarbures», a précisé le Premier ministre. Selon la même source, la révision de la loi permettra aussi l’introduction d’amendements substantiels qui permettront d’encourager les investissements, notamment dans les secteurs du tourisme, des énergies renouvelables, des mines et de l’agriculture, des marchés ouverts aux investisseurs nationaux et étrangers. 

Des secteurs porteurs

Interrogé par Arab News en français sur les secteurs porteurs, Ishak Kherchi, expert en économie et professeur à l’université de Chlef (Algérie) explique, quant à lui, que les secteurs stratégiques qui feront décoller l’économie algérienne sont ceux qui sont en rapport avec les matières premières, comme le secteur des mines qui dispose d’un énorme potentiel. «Impulser les investissements dans le secteur de l’énergie et des matières premières permettra au pays d’avoir des retombées bénéfiques», indique-t-il. À l’exemple de Ghar-Djebilet, l’une des trois mines situées dans la wilaya de Tindouf, dans le sud du pays. Dans le cadre d’un joint-venture avec le consortium chinois CMH, elle va permettre d’extraire cinquante millions de tonnes de fer par an dont cinq millions de tonnes seront réservées aux besoins locaux et le reste sera destiné à l’exportation», ajoute-t-il. Il précise que dans cette filière, deux autres sites aussi importants sont appelés à être exploités avec des partenaires privés, nationaux et étrangers. 

Ishak Kherchi, expert économique et professeur à l'université de Chlef
Ishak Kherchi, expert économique et professeur à l'université de Chlef

 

D’autres secteurs, à plus faible compétitivité, peuvent être exportateurs en cas de surproduction saisonnière, poursuit-il. «Ces derniers auront besoin de plus d’investissement et de réformes structurelles à tous les niveaux pour leur permettre d’atteindre un développement stable et durable», ajoute-t-il. Dans ce but, Ishak Kherchi plaide pour la mise en œuvre d’une vision stratégique à l’horizon 2030, 2040 et 2050. «Une vision économique stratégique, à moyen et long terme, permettra au pays de mettre en œuvre les réformes structurelles tant attendues par les entreprises et les filières industrielles qui leur permettra, par la suite, de conquérir des marchés internationaux», souligne-t-il. 

Libération des initiatives? 

Concernant la nouvelle loi sur l’investissement, Ishak Kherchi confirme. «L’Algérie se dirige en effet vers la libéralisation des initiatives dans les investissements avec la mise en place de nombreux avantages destinés aux opérateurs locaux et étrangers.» L’expert cite notamment les avantages fiscaux pour tous les programmes qui seront situés dans le sud du pays dont l’exonération de l’impôt sur les bénéfices des entreprises (IBS) sur une durée de vingt ans. M. Kherchi cite également la création d’une agence nationale dédiée à la facilitation de l’accès au foncier industriel ainsi qu’à l’ouverture des capitaux des entreprises publiques aux investisseurs privés. 

Dans cette perspective, l’expert insiste sur l’amélioration et l’ajustement du climat des affaires, car, estime-t-il, des freins persistent comme une bureaucratie lourde et handicapante. Selon lui, le gouvernement devrait travailler à la mise en place de bureaux de change et à la numérisation des procédures administratives et des transactions bancaires. «Les réformes structurelles essentielles comme le traitement et la garantie de prêts, qui seront complètement éloignés des procédures d’avant, nécessitent du temps dans la mise en œuvre, d’où l’importance de l’application de la vision stratégique en matière de relance économique», conclut-il. 

Rachid Zouaïmia, spécialiste en droit des investissements et de régulation, professeur à l’université de Bejaïa (Algérie), considère, de son côté, que la mondialisation de l’économie impose des exigences, notamment la transparence des conditions d’investissement et l’absence de volatilité de la législation. Pour lui, la réglementation doit être standardisée, raisonnable, facilement identifiable et appliquée clairement. Or, le cadre juridique actuel, qui découle de la loi de 2016, se caractérise par une prolifération désordonnée de textes qui n’assurent pas la sécurité juridique des investissements directs à l’étranger (IDE), alors que cette dernière est une exigence majeure.

Une bureaucratie parfois corrompue

Lors de l’ouverture de la Conférence nationale sur la relance industrielle, qui s’est déroulée du 4 au 6 décembre 2021, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a fustigé les responsables de la bureaucratie, lourde, handicapante et parfois corrompue, considérant cette dernière comme «un crime contre l’économie nationale».

«Parfois tout est prêt, sauf celui qui donne l’autorisation pour le début de la production. Des milliards de dollars ont été dépensés pour des usines pour qu’à la fin, un bureaucrate vienne te dire: “Paye!” Tout marche avec la corruption», a-t-il dénoncé devant une assistance composée de hauts responsables d’État, d’industriels, de walis et de responsables locaux. «Si vous acceptez la corruption, c’est que vous n’avez rien compris. Vous n’avez pas compris que l’Algérie a changé», a-t-il ajouté.

Mine de Fer et d'Acier de Ghar el Djebilat. ( Photo fournie )
Mine de Fer et d'Acier de Ghar el Djebilat. ( Photo fournie )

 

À ce propos, le président de la république a ordonné la levée des toutes les entraves bureaucratiques imposées aux investisseurs et il a instruit le gouvernement de débloquer, avant la fin de l’année en cours, quatre cent deux projets bloqués au sein du Conseil national de l’investissement (CNI). 

Pour rappel, le Premier ministre avait déclaré que deux mille cinq cents projets d’investissement, estimés à près de quatre-vingt-dix milliards de dollars (1 dollar = 0,89 euro), sont en attente de validation au niveau du CNI.

 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com