Brexit: le pêcheur, la licence perdue et l'océan de papiers

Un pêcheur du bateau Laurent Geoffray décharge des poissons après une pêche dans le port de Boulogne-sur-Mer le 3 novembre 2021. (AFP)
Un pêcheur du bateau Laurent Geoffray décharge des poissons après une pêche dans le port de Boulogne-sur-Mer le 3 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Brexit: le pêcheur, la licence perdue et l'océan de papiers

  • Voilà un mois qu'il est à quai, rongeant son frein en espérant sortir de la "liste rouge" sur laquelle les autorités de l'île anglo-normande ont relégué son bateau
  • Le gouvernement de Saint-Hélier affirme n'avoir fait qu'appliquer les règles

PARIS : C'est pire qu'un "épais brouillard" en mer: Pierre Vogel, pêcheur malouin qui se bat pour retrouver un accès aux eaux de Jersey, décrit un labyrinthe administratif et diplomatique où tout lui échappe, sans aucune possibilité de plaider son dossier.

Voilà un mois qu'il est à quai, rongeant son frein en espérant sortir de la "liste rouge" sur laquelle les autorités de l'île anglo-normande ont relégué son bateau. Sa licence de pêche, provisoire depuis l'accord post-Brexit de fin 2020, a été résiliée.

En vertu de cet accord commercial entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur les justificatifs à fournir.

Paris réclame encore une centaine de licences de pêche à Londres et aux îles anglo-normandes, dépendantes de la couronne d'Angleterre. Le "Welga", le petit 7 mètres de Pierre Vogel, 34 ans, fait partie des dossiers jersiais jugés "prioritaires" par Paris car concernent des pêcheurs dont l'essentiel de l'activité dépendait de l'accès aux eaux de l'île.

Le gouvernement de Saint-Hélier affirme n'avoir fait qu'appliquer les règles, recalant les navires qui "n'ont pas été en mesure de justifier" une activité de pêche dans les eaux de Jersey au cours de la période de référence fixée, courant du 1er février 2017 au 20 janvier 2020.

Mais Pierre Vogel et son associé ne savent pas "ce qui manque" à leur dossier, parfait exemple de "cas complexe" qui peine à entrer dans les cases des formulaires administratifs: un bateau normand racheté début 2020 par des pêcheurs bretons, sans système de géolocalisation mais avec une licence "Baie de Granville", du nom du traité qui régissait alors l'ensemble des droits de pêche entre Jersey et les côtes françaises.

« Pêche durable et locale »

"Notre situation était compliquée parce que notre bateau n'avait pas de VMS (géolocalisation), pas obligatoire pour les moins de 12 mètres. L'ancien propriétaire était mort en septembre 2017. Il a fallu prouver que le bateau avait bien pêché auparavant dans la zone", explique-t-il.

Après l'accord de Brexit, Pierre Vogel a retrouvé les fiches de pêche prouvant une activité entre février et septembre 2017, dans la période de référence exigée. Son dossier est passé des Affaires maritimes à la Direction des pêches, puis à Bruxelles, seul interlocuteur de Londres et des îles.

Après des mois d'incertitude, le couperet est tombé le 29 septembre 2021: liste rouge. Il doit cesser "toute activité de pêche dans les eaux de Jersey dans un délai de 30 jours".

La saison avait pourtant bien démarré pour le pêcheur malouin, son associé et leur matelot: "Octobre a été extraordinaire, les coquilles Saint-Jacques étaient belles et en quantité. On s'est dit qu'on allait s'en sortir finalement, que c'était possible de faire de la pêche durable et locale".

L'équipage pêche en plongée, une pratique douce qui, contrairement aux dragues, ne racle pas le sol sablonneux de la baie. Il remonte 250 kg de coquillages en une marée quand les bateaux de 12 mètres font 1,2 tonne.

Son domaine est le plateau des Minquiers, un archipel granitique presque entièrement immergé à marée haute, riche de crustacés et coquillages.

« Le projet d'une vie »

Ce secteur, Pierre Vogel le parcourait déjà comme employé mais rêvait d'avoir son propre bateau. En 2019, il s'associe avec un autre pêcheur. "J'avais déjà une licence de plongée délivrée par Jersey, il nous manquait un bateau avec une licence de pêche +Baie de Granville+".

L'affaire se concrétise en février 2020 avec l'achat du Welga, un "endettement de 80.000 euros sur sept ans" et la joie de lancer "le projet d'une vie".

Mais très vite, l'enlisement des négociations du Brexit l'inquiète. "L'administration française m'a toujours dit qu'il n'y aurait pas de problème, que nos licences +Baie de Granville+ ne seraient pas remises en cause".

Après la résiliation de licences par Jersey, Paris proteste vigoureusement et menace Londres de sanctions. Lui a "peu d'espoir". Ses clients, essentiellement des restaurants locaux, "comprennent". Son matelot, employé, "patiente". Mais jusqu'à quand?

"Ma demande est légitime, affirme-t-il. Si je pouvais parler directement à Jersey, ce serait réglé, mais on nous interdit de le faire parce que c'est Bruxelles qui gère".

D'autres pêcheurs, moins "bons élèves", sont allés à Saint-Hélier et ont vu leur dossier se débloquer.

"L'Europe n'arrive pas à nous défendre et ça fait peur", dit-il, avant de lâcher: "J'ai déjà été mieux dans ma vie".


Les frappes sur Kiev montrent que Poutine ne «se prépare pas à la paix», selon Zelensky

Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis. (AFP)
Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis. (AFP)
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  • Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis
  • Si le président américain Donald Trump parvient à amener l'Ukraine et la Russie à la table des négociations, "nous échangerons un territoire contre un autre", a affirmé M. Zelensky au quotidien britannique The Guardian

KIEV: Les frappes de missiles et de drones lancés mercredi par Moscou sur Kiev montrent que le président russe Vladimir Poutine ne "se prépare pas à la paix", a affirmé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ces frappes menées sur cinq districts de Kiev ont fait au moins un mort et trois blessés, a indiqué auparavant le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko sur Telegram.

"Poutine ne se prépare pas à la paix. Il continue de tuer des Ukrainiens et de détruire des villes. Seules des mesures fortes et une pression sur la Russie peuvent mettre fin à cette terreur", a déclaré M. Zelensky dans un message posté en ligne.

"Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est l'unité et le soutien de tous nos partenaires dans cette lutte pour une issue juste à la guerre", a-t-il souligné.

Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis.

Si le président américain Donald Trump parvient à amener l'Ukraine et la Russie à la table des négociations, "nous échangerons un territoire contre un autre", a affirmé M. Zelensky au quotidien britannique The Guardian, tout en ajoutant qu'il ne savait pas quel territoire Kiev demanderait en retour.

Le président ukrainien a estimé que l'Europe seule ne pourrait pas garantir la sécurité de son pays. "Les garanties de sécurité sans l'Amérique ne sont pas de vraies garanties de sécurité", a-t-il affirmé.

M. Zelensky doit rencontrer vendredi le vice-président américain J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne, où sont également annoncés l'émissaire spécial américain sur l'Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d'Etat Marco Rubio.

Donald Trump s'est engagé à mettre rapidement fin au "carnage" de la guerre en Ukraine, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d'aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden.

Sans certitude sur la pérennité de l'aide américaine, l'Ukraine est dans une position difficile alors que depuis un an, l'armée russe progresse.

Ces derniers mois Kiev et Moscou ont multiplié les frappes sur leurs infrastructures énergétiques réciproques.

Moscou a revendiqué mardi la prise d'un nouveau village dans la région ukrainienne de Donetsk (est), celui de Iassenové, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de la région de Dnipropetrovsk, que les forces russes pourraient atteindre prochainement pour la première fois.


Le chef du Pentagone à Bruxelles, les Européens sous pression

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  • Les pays européens de l'Alliance espèrent de leur côté des indications sur l'engagement américain en Europe, et aux côtés de l'Ukraine, après une série de déclarations tonitruantes du président Donald Trump
  • Les Européens redoutent aussi qu'un éventuel accord de paix entre l'Ukraine et la Russie, que Donald Trump a promis d'obtenir au plus vite, se fasse sans eux et au détriment de Kiev

BRUXELLES: Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth est attendu mercredi et jeudi à Bruxelles, où il compte accentuer la pression des Etats-Unis sur les Alliés européens, à l'occasion de sa première visite au siège de l'Otan.

Les pays européens de l'Alliance espèrent de leur côté des indications sur l'engagement américain en Europe, et aux côtés de l'Ukraine, après une série de déclarations tonitruantes du président Donald Trump.

Les Européens redoutent aussi qu'un éventuel accord de paix entre l'Ukraine et la Russie, que Donald Trump a promis d'obtenir au plus vite, se fasse sans eux et au détriment de Kiev.

Mercredi, Pete Hegseth participera à une réunion du groupe de contact qui coordonne le soutien militaire à l'Ukraine, depuis l'invasion russe de ce pays il y a presque trois ans.

Comme à l'Otan jeudi, il y doit appeler les Européens à accroître leur "leadership", selon le Pentagone.

Certains y sont prêts, comme la France ou le Royaume-Uni, y compris avec l'envoi de troupes en Ukraine pour garantir un éventuel accord de paix, selon un diplomate de l'Otan. Ces pays espèrent que les Etats-Unis resteront à leurs côtés et feront pression sur la Russie pour qu'elle vienne à la table de négociations, a expliqué cette source diplomatique.

Européens et Américains vont se jauger au cours de ce premier contact à l'Otan, qui sera suivi par le déplacement du vice-président américain J.D Vance à Munich, en Allemagne, où il rencontrera vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la conférence sur la sécurité.

Les pays européens de l'Otan ne s'attendent pas à se voir détailler un éventuel plan américain sur l'Ukraine. "Je ne pense pas que Hegseth se montre très spécifique" sur le sujet, a ainsi indiqué un diplomate de l'Alliance.

Redevenir "russes" 

Donald Trump a renforcé le trouble en Europe en évoquant lundi la possibilité de voir les Ukrainiens redevenir "russes".

"Ils pourraient arriver à un accord, ils pourraient ne pas arriver à un accord. Ils pourraient être russes un jour, comme ils pourraient ne pas être russes un jour", a-t-il ainsi déclaré.

Seule certitude, selon un autre diplomate à Bruxelles, les Etats-Unis vont mettre une "pression maximum" sur les Européens pour qu'ils partagent davantage le "fardeau" des dépenses militaires au sein de l'Alliance atlantique.

Le milliardaire américain a fixé la barre très haut en réclamant des Alliés européens qu'ils doublent, au minimum, leurs dépenses militaires.

"Le continent européen mérite d'être à l'abri de toute agression, mais ce sont les pays voisins (de la Russie, ndlr) qui devraient investir le plus dans cette défense individuelle et collective", a averti mardi le nouveau ministre américain de la Défense, après une visite aux troupes américaines à Stuttgart, en Allemagne.

Pour le nouveau président américain, les pays de l'Otan doivent consacrer 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à ces dépenses, quand ils ne sont encore que 23 à dépenser 2% de leur PIB en armements.

Mais pour la plupart des Alliés européens, à l'exception de la Pologne, la "marche" est trop haute, selon un diplomate de l'Otan, même si la plupart d'entre eux ne contestent pas la nécessité de dépenser plus.

Le secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte l'a maintes fois rappelé. "Nous déciderons du nombre exact dans le courant de l'année, mais ce sera considérablement plus de 2%", a-t-il réaffirmé le 23 janvier au Forum de Davos.

Le chiffre de 3,5% est régulièrement évoqué, mais aucune décision n'a été prise, et ne devrait pas l'être avant, au mieux, le prochain sommet de l'Otan en juin à La Haye.

En attendant, Mark Rutte devrait, selon des diplomates, souligner les efforts déjà accomplis par les Alliés européens. Il devrait annoncer une nouvelle liste de pays ayant déjà atteint les 2%, objectif fixé en 2014, et souligner la hausse de 20% l'an dernier des dépenses militaires des Alliés hors Etats-Unis et Canada, ont expliqué ces diplomates.

Et sur l'Ukraine, certains pays, dont la Grande-Bretagne, devraient annoncer l'envoi de nouveaux armements, selon ces sources.

 


Début du Sommet mondial des gouvernements mondiaux: la plus grande affluence en 12 ans

Le sommet de cette année devrait attirer la plus grande audience. (INTERNET/WGS)
Le sommet de cette année devrait attirer la plus grande audience. (INTERNET/WGS)
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  • Le sommet de cette année explorera les transformations mondiales, en se concentrant sur les opportunités et les défis dans divers secteurs et questions clés
  • Le sommet vise à encourager le développement de stratégies et de visions communes pour améliorer les performances des gouvernements mondiaux

DUBAÏ: Le Sommet mondial des gouvernements a dévoilé le thème «Façonner les gouvernements du futur» pour son 12e événement annuel qui se tiendra à Dubaï du 11 au 13 février, a rapporté l'agence de presse gouvernementale WAM.

Le sommet de cette année explorera les transformations mondiales, en se concentrant sur les opportunités et les défis dans divers secteurs et questions clés.

Le sommet vise à encourager le développement de stratégies et de visions communes pour améliorer les performances des gouvernements mondiaux et renforcer la coopération internationale.

Avec plus de 30 chefs d'État et de gouvernement, des délégations de 140 gouvernements et des représentants de plus de 80 institutions mondiales, le sommet de cette année prévoit une participation record.

La participation devrait augmenter de plus de 50% par rapport à l'année dernière, ce qui représente le plus grand rassemblement de l'histoire du sommet, avec des délégués de tous les continents et d'un large éventail de secteurs.

Des chefs d'État, dont le président indonésien Prabowo Subianto, le président polonais Andrzej Duda et le président sri-lankais Kumara Dissanayake, prononceront des discours liminaires.

Elon Musk, Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, et Sir Tony Blair, ancien Premier ministre du Royaume-Uni, figurent parmi les autres orateurs prévus pour le sommet.

Mohammad al-Gergawi, ministre des Affaires ministérielles des Émirats arabes unis et président du Sommet mondial des gouvernements, a déclaré que l'événement continuait d'apporter un soutien exceptionnel en donnant aux gouvernements du monde entier les moyens de faire face aux transformations rapides et à l'évolution des défis dans divers secteurs.

«Le sommet s'est engagé à être la première plateforme mondiale pour anticiper et explorer l'avenir, développer des solutions innovantes et forger des partenariats internationaux au bénéfice de toutes les communautés, sur la base d'analyses scientifiques et réalistes», a-t-il ajouté.

Le dernier jour du sommet accueillera le Forum sur le changement climatique, le Forum mondial de la santé et le Forum mondial sur l'élaboration de la législation gouvernementale.