A crises exceptionnelles, riposte monétaire exceptionnelle

Quand éclate à l'été 2007 la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, dite des «subprimes», les banques ne se font plus confiance et refusent de se prêter mutuellement de l'argent, menaçant tout le système d'effondrement. (Photo, AFP)
Quand éclate à l'été 2007 la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, dite des «subprimes», les banques ne se font plus confiance et refusent de se prêter mutuellement de l'argent, menaçant tout le système d'effondrement. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 13 décembre 2021

A crises exceptionnelles, riposte monétaire exceptionnelle

  • La Banque centrale européenne, tout comme la Réserve fédérale américaine, a été régulièrement appelée ces 15 dernières années à jouer les pompiers, s'attirant aussi des critiques sur son interventionnisme
  • Les marchés spéculent aujourd'hui sur l'après-PEPP dans un contexte d'inflation revenue à un niveau historique, titillant les 5% en zone euro, qui devrait en théorie pousser la BCE à resserrer les vannes du crédit

FRANCFORT : La pandémie de Covid-19 n'a pas été la première tempête économique à requérir le soutien massif des banques centrales.

La Banque centrale européenne, tout comme la Réserve fédérale américaine, a été régulièrement appelée ces 15 dernières années à jouer les pompiers, s'attirant aussi des critiques sur son interventionnisme.

Alors que l'heure est au retrait très progressif de certains soutiens, voici les jalons de ces politiques "non conventionnelles".

Les banques sous perfusion

Quand éclate à l'été 2007 la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, dite des "subprimes", les banques ne se font plus confiance et refusent de se prêter mutuellement de l'argent, menaçant tout le système d'effondrement.

Depuis sa villégiature de vacances, Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, décide d'injecter des milliards de liquidités en plusieurs opérations durant le mois d'août.

Ces opérations sont menées à taux fixe, donc au meilleur taux, et non via une enchère comme habituellement.

Le calme revient mais à l'automne 2008, la chute de la banque américaine Lehman Brothers crée un séisme mondial. 

La BCE répond plus fort, accordant des crédits illimités aux banques à un taux d'intérêt fixe, en étant moins regardante sur les garanties apportées.

Préserver l'euro quoi qu'il en coute

Au printemps 2010, la monnaie unique européenne est malmenée par la crise de la dette grecque avec le risque de contagion dans toute la zone euro. 

Pour faire barrage à la spéculation contre ces pays exsangues, dont les taux d'emprunt sur le marché obligataire s'envolent, la BCE rachète des titres souverains, d'abord de Grèce, puis d'autres Etats (Portugal, Espagne, Irlande, Italie) pour qu'ils se financent à des conditions supportables.

Environ 210 milliards d'euros seront dépensés entre 2010 et 2012 au titre d'un mécanisme baptisé "SMP" vivement contesté par la Banque centrale allemande (Bundesbank), qui y voit un moyen détourné de financer les Etats, ce qui est interdit par les traités.

Tandis que les banques rechignent fin 2011 à ouvrir les vannes du crédit, la BCE sous la houlette de son nouveau président, Mario Draghi, lance une série de prêts exceptionnels à long terme et bon marché, dit "LTRO" (Long Term Targeted Refinancing Operation).

Mais en août 2012, face à des investisseurs toujours persuadés que la zone euro risque d'éclater, Mario Draghi, va improviser son désormais célèbre "whatever it takes": "dans le cadre de son mandat", la BCE est "prête à tout" pour sauver l'euro, lance-t-il. La confiance des marchés est restaurée.

Pour mettre ce discours en musique, la BCE sort à l'automne son bazooka, les "OMT" (Outright Monetary Transaction). Prévoyant de racheter sans limite de la dette pour les pays vulnérables, ce programme n'a jamais été activé. 

Le spectre de la déflation

La crise des dettes souveraines s'éloigne mais la zone euro doit désormais craindre courant 2014 la déflation, spirale auto-entretenue de baisse des prix, des salaires et des investissements.

Alors que les taux "directeurs" de la BCE, son outil classique pour piloter l'inflation, ont déjà été abaissés depuis des années, la BCE va plus loin et porte en juin 2014 son taux de dépôt en territoire négatif, à -0,10%, pénalisant les banques qui placent leurs liquidités dans ses coffres plutôt que de les prêter.

Objectif: relancer le crédit. Ce taux est depuis passé à -0,5%.

Parallèlement, une nouvelle série de méga prêts aux banques, les "TLTRO" (Targeted Long Term Refinancing Operations), est accordée aux banques qui s'engagent à augmenter leurs crédits au secteur privé.

L'inflation passant en territoire négatif fin 2014, la BCE annonce en janvier 2015 un vaste programme d'achats d'actifs publics et privés, le "QE" (Quantitative easing), toujours en vigueur.

Traiter l'urgence de la pandémie

Début 2020, la pandémie de Covid-19 fait trembler la planète financière.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde improvise le 18 mars une téléconférence depuis sa cuisine, d'où va émerger le "programme de rachat d'urgence face à la pandémie" (PEPP). Cet outil très souple dans son fonctionnement est d'abord prévu pour permettre 750 milliards d'euros de rachats de dette publique et privée. L'enveloppe a été progressivement portée à 1 850 milliards d'euros, avec un terme fixé à mars 2022.  

Les marchés spéculent aujourd'hui sur l'après-PEPP dans un contexte d'inflation revenue à un niveau historique, titillant les 5% en zone euro, qui devrait en théorie pousser la BCE à resserrer les vannes du crédit. Ce qu'elle n'a plus fait depuis dix ans. 


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com