Des fatwas maléfiques au service des ayatollahs

Une photo fournie par le site officiel du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le montre (à gauche) avec le président Ebrahim Raisi lors d'une réunion avec des participants à la Conférence de l'unité islamique dans la capitale Téhéran, le 24 octobre 2021.
Une photo fournie par le site officiel du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le montre (à gauche) avec le président Ebrahim Raisi lors d'une réunion avec des participants à la Conférence de l'unité islamique dans la capitale Téhéran, le 24 octobre 2021.
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Publié le Lundi 13 décembre 2021

Des fatwas maléfiques au service des ayatollahs

Des fatwas maléfiques au service des ayatollahs
  • Ali Khamenei a lié son destin et celui de son régime au programme nucléaire
  • Empêcher la construction d'une bombe atomique est non seulement un impératif pour la sécurité internationale mais aussi pour le peuple iranien

Lors d'une rencontre avec les membres de l'Assemblée des experts, le Guide suprême iranien a une nouvelle fois évoqué l'interdiction de la production et de l'utilisation des armes nucléaires dans une perspective islamique et il a expliqué la politique de la République islamique à cet égard.

Il avait précédemment déclaré sur son site d'information Khamenei.ir à propos du «caractère sacré de l'interdiction des armes nucléaires»: «La République islamique d'Iran considère l’utilisation d'armes nucléaires et chimiques et d'autres armes similaires comme un grand péché impardonnable. Nous avons défendu le slogan d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires et nous y avons adhéré.»

Tandis que Fereydoun Abbassi, député et ancien responsable de l'énergie nucléaire, a déclaré à l'occasion de l'anniversaire de l'assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, vice-ministre iranien de la Défense et père du programme nucléaire iranien, que malgré la fatwa de l'ayatollah Ali Khamenei interdisant la production et l'utilisation d'armes nucléaires pour fabriquer des bombes, il a «créé le système».

Dans un aveu sans précédent, le mollah Mahmoud Nabavian, membre de la commission d'enquête spéciale sur le Plan d'action global conjoint (PAGC) et de la direction de la commission de l'article 90 du Parlement du régime, a déclaré que le principal objectif du réacteur d'Arak était de fournir suffisamment de plutonium pour fabriquer une bombe atomique.

Hamid Enayat

Selon l'agence Isna, Ali Akbar Salehi, l'ancien chef de l'Organisation de l'énergie atomique du régime, avait déclaré à la télévision officielle, le 23 janvier 2019: «J'ai acheté des tuyaux similaires pour le réservoir de combustible du réacteur d'Arak, et seule une personne dans le pays, l’autorité la plus haut placée dans le système, était au courant. Nous avons retiré les tuyaux et les avons remplis de ciment, mais nous avions des tuyaux de remplacement. Le Guide suprême n'a pas permis l'arrêt de l'industrie nucléaire en raison de l'accord nucléaire, et nos activités d'exploration et d'extraction se poursuivent avec autant de vigueur qu’auparavant.»

Le réacteur Arak nous a donné 9 kilos de plutonium par an, assez pour une bombe

Dans un aveu sans précédent, le mollah Mahmoud Nabavian, membre de la commission d'enquête spéciale sur le Plan d'action global conjoint (PAGC) et de la direction de la commission de l'article 90 du Parlement du régime, a déclaré que le principal objectif du réacteur d'Arak était de fournir suffisamment de plutonium pour fabriquer une bombe atomique.

Dans une interview accordée à la télévision officielle, il a déclaré, le dimanche 17 octobre: «Quelle importance a le réacteur d'Arak pour nous? Il produit 9 kilos de plutonium par an, assez pour une bombe.» Selon leur technologie, les pays peuvent produire une bombe avec trois à sept kilos de plutonium. Il a ajouté: «Trente tonnes de combustible sont injectées dans le réacteur de Bouchehr chaque année, et garder les déchets de combustible en Iran envoie un avertissement à Israël et aux ennemis. Avec une technologie appelée “retraitement”, vous pouvez produire du plutonium à partir de ces déchets de combustible. Le plutonium, c'est un avertissement à l'ennemi de ne pas faire d'erreur. C'est le coefficient de sécurité de la nation.» Au cours de son interview, il a insisté à plusieurs reprises sur la fatwa fictive et ridicule d’Ali Khamenei déclarant que la bombe atomique était interdite, une fatwa clairement destinée à l’utilisation étrangère.

L’arrivée du nouveau président

L’arrivée au pouvoir du nouveau président, Ebrahim Raïssi, le plus obéissant pour Ali Khamenei, permet au Guide suprême d’avoir la main libre sur les programmes nucléaires et de missiles. Ali Khamenei a lié son destin et celui de son régime au programme nucléaire.

Pendant que le régime dissimulait son programme nucléaire en trompant le monde, la communauté internationale, en retour, cherchait à arrêter ou à freiner ce projet en lui accordant des concessions ou en faisant preuve de complaisance. Le régime a utilisé l'accord nucléaire2015 pour reprendre des forces et développer son programme. Ces vingt dernières années, aucun des sites nucléaires ni aucune des activités secrètes liées à ce programme n’ont été annoncés par le régime, sauf si cela avait déjà été divulgué par l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), les ennemis jurés du régime iranien, ou d’autres sources.

L’arrivée au pouvoir du nouveau président, Ebrahim Raïssi, le plus obéissant pour Ali Khamenei, permet au Guide suprême d’avoir la main libre sur les programmes nucléaires et de missiles. Ali Khamenei a lié son destin et celui de son régime au programme nucléaire.

Hamid Enayat

La théocratie iranienne n'abandonnera jamais le projet de se doter de l’arme nucléaire. Le seul moyen pour l’y contraindre est de réactiver les six résolutions du Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies (ONU), de démanteler complètement les sites nucléaires et l'enrichissement du régime, et de mener des inspections n'importe où et n'importe quand.

La construction d'une bombe atomique se fait au prix de la pauvreté sans pareille du peuple iranien. Empêcher la construction d'une bombe atomique est non seulement un impératif pour la sécurité internationale mais aussi pour le peuple iranien.

Hamid Enayat est un expert de l'Iran et un écrivain basé à Paris, où il a fréquemment écrit sur les questions iraniennes et régionales au cours des trente dernières années. 

TWITTER: @h_enayat

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.