Téhéran doit mettre fin à son soutien «létal» aux Houthis, avertit l'émissaire US à l'ONU

Linda Thomas-Greenfield a déclaré au Conseil de sécurité de l'ONU que les Houthis continuent d'ignorer les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à son offensive contre Marib. (Photo, Reuters/Archives)
Linda Thomas-Greenfield a déclaré au Conseil de sécurité de l'ONU que les Houthis continuent d'ignorer les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à son offensive contre Marib. (Photo, Reuters/Archives)
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Publié le Mercredi 15 décembre 2021

Téhéran doit mettre fin à son soutien «létal» aux Houthis, avertit l'émissaire US à l'ONU

  • L'ambassadrice Linda Thomas-Greenfield a condamné la récente «intensification atroce» des attaques des Houthis contre des cibles en Arabie saoudite
  • Les actions de la milice «envoient un signal effrayant et sans ambiguïté sur le refus des Houthis de participer à un processus politique pacifique», a-t-elle ajouté

NEW YORK: Le personnel yéménite employé par l'ambassade américaine à Sanaa est toujours harcelé et détenu par les Houthis, a déclaré mardi l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU au Conseil de sécurité.

Linda Thomas-Greenfield a ajouté que la milice continue également d'ignorer les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à son offensive à Marib et a intensifié ses attaques transfrontalières contre des cibles en Arabie saoudite.

Ces «actions provocatrices et dangereuses soulignent la nécessité pour l'Iran de mettre fin à son soutien mortel aux Houthis, qui contrevient aux résolutions de cet organe et permet aux Houthis de mener des attaques imprudentes», a-t-elle avisé.

Thomas-Greenfield s'exprimait lors d'une réunion ordinaire du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, au cours de laquelle les membres ont été briefés par Hans Grundberg, l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen. Grundberg s’est dit alarmé par l'offensive en cours à Marib, et la violence qui, selon lui, s'est «considérablement intensifiée» avec le «risque que cela ouvre un nouveau chapitre de la guerre au Yémen, encore plus fragmenté et plus sanglant».

L'offensive met en danger des milliers de personnes, a indiqué Thomas-Greenfield, et pourrait entraîner le déplacement d'un demi-million de civils. «Les Houthis doivent arrêter cette offensive immédiatement», a-t-elle réitéré.

Le 9 décembre, un missile Houthi a frappé un camp de déplacés internes géré par l'Organisation internationale pour les migrations. Cinq enfants figuraient parmi les blessés.

«Cela est inacceptable», a dénoncé Thomas-Greenfield. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette attaque et les attaques similaires, bien trop fréquentes contre des civils.»

L'émissaire américaine a également condamné «l'intensification des attaques transfrontalières des Houthis contre l'Arabie saoudite ces derniers mois, dont trois missiles balistiques lancés sur Riyad la semaine dernière».

Elle a ajouté: «Les Houthis ont mené plus de 350 attaques de ce type cette année, un nombre stupéfiant et une augmentation choquante par rapport aux attaques de l'année dernière.

«Chacune de ces attaques des Houthis est, à elle seule, inacceptable. Ensemble, elles envoient un signal effrayant et sans équivoque sur la réticence des Houthis à participer à un processus politique pacifique ou à un futur gouvernement qui assure l'état de droit.»

Au sujet de la prise de l'ambassade des États-Unis à Sanaa, Thomas-Greenfield a appelé les Houthis à libérer sains et saufs tous les employés du site qui sont toujours détenus, à quitter immédiatement l'enceinte, à restituer les biens saisis et à «cessez leurs menaces contre leurs propres concitoyens, simplement parce qu'ils sont employés par nous».

Les activités ont cessé à l'ambassade en 2015 et le personnel américain a été retiré, mais les travailleurs yéménites sont restés, assurant des services de sécurité et de conciergerie. Des dizaines d'entre eux ont été arrêtés lorsque les Houthis ont fait irruption dans le complexe à la mi-novembre.

Thomas-Greenfield a également envoyé un autre avertissement concernant le danger posé par                           le Safer, un pétrolier amarré dans la mer Rouge au large des côtes du Yémen depuis 2015 et qui contiendrait environ 1,14 million de barils de pétrole.

Son état s'est considérablement détérioré et il «reste une menace environnementale, humanitaire et économique de grande ampleur», a alerté Thomas-Greenfield.

«Les Houthis sont responsables de cette situation, et les États-Unis soutiennent la discussion de toute solution qui puisse y remédier en toute sécurité et de toute urgence», a-t-elle ajouté.

Appelant toutes les parties à s'engager avec Grundberg dans ses efforts afin de créer un cadre pour un processus politique inclusif au Yémen, elle a averti que si le conflit continue, «l'économie du Yémen se détériorera davantage, et avec elle les moyens de subsistance de millions de Yéménites. Des vies continueront d'être menacées et des générations de Yéménites en porteront les cicatrices».

Cependant, elle a ajouté: «Alors que les Houthis poursuivent leurs actions d'escalade, nous saluons les efforts d'autres parties pour améliorer les conditions au Yémen, notamment l'initiative des Nations unies qui vise à intensifier leur approche afin de lutter contre les causes de l'insécurité alimentaire à travers tout le Yémen.»

Thomas-Greenfield a assuré que les États-Unis, comme le Royaume-Uni, sont «encouragés» par la nomination, le 6 décembre, d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale du Yémen, ainsi que de nouveaux membres et d'un nouveau président du Conseil d'administration.

«Nous espérons que ces nominations constitueront un pas en avant dans la lutte contre l'instabilité économique qui aggrave les souffrances humanitaires et qu’elles feront avancer les réformes nécessaires», a-t-elle ajouté.

«Les véritables progrès ne peuvent toutefois pas être soutenus sans ressources supplémentaires. Nous espérons que les pays sauront saisir cette occasion pour soutenir l'économie du Yémen et apporter à son peuple l’aide dont il a besoin de toute urgence. L’appel pressant à l'action lancé par l'envoyé spécial a été entendu haut et fort par ce Conseil.»

Thomas-Greenfield a ainsi conclu: «Face aux provocations, au harcèlement et à la violence des Houthis contre leur propre peuple, je veux que les Houthis sachent que les États-Unis n'abandonneront jamais le peuple du Yémen.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".