Tunisie, le G7 parle plus aux Tunisiens et moins à Kaïs Saïed

Le président tunisien Kais Saied est photographié à l'aéroport international de Tunis-Carthage, alors qu'il reçoit son homologue algérien en visite dans la capitale tunisienne, le 15 décembre 2021.(AFP)
Le président tunisien Kais Saied est photographié à l'aéroport international de Tunis-Carthage, alors qu'il reçoit son homologue algérien en visite dans la capitale tunisienne, le 15 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

Tunisie, le G7 parle plus aux Tunisiens et moins à Kaïs Saïed

  • Les ambassadeurs restent sur la même position: la nécessité – pour le président Saïed – d’annoncer une date pour la fin de l’application des mesures d’exception et de dévoiler sa feuille de route pour un retour de la Tunisie à la normale
  • Le changement de ton des pays du G7 a probablement pour cause le peu d’empressement du président Saïed à satisfaire les demandes de la classe politique et des grandes puissances

TUNIS: Pour la deuxième fois en trois mois, les ambassadeurs des pays du Groupement des sept (G7: Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, plus la délégation de l’Union européenne), prennent la parole sur la situation en Tunisie. Après un premier communiqué en septembre dernier, ils en ont publié un deuxième le 10 décembre 2021. 

À première vue, les deux textes se ressemblent. Les ambassadeurs y réitèrent la même position: la nécessité – pour le président Saïed – d’annoncer une date pour la fin de l’application des mesures d’exception et de dévoiler sa feuille de route pour un retour de la Tunisie à la normale sur les plans constitutionnel et politique.

D’abord, et à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’il y a au moins deux différences notables entre les textes. La première concerne le destinataire. La seconde a trait au contenu. Le 6 septembre, le message était adressé – sans le nommer – au président tunisien, Kaïs Saïed. Le 10 décembre, c’est surtout aux Tunisiens que les chefs de missions diplomatiques des pays du G7 s’adressent. Les ambassadeurs du G7 se sont surtout souciés des conditions de vie des Tunisiens. 

Le 6 septembre, les représentants des pays du G7 ont mis en avant leur engagement «continu en faveur du partenariat» avec la Tunisie.

Dans leur deuxième communiqué, ils ont déclaré soutenir «fermement le peuple tunisien dans son aspiration à une gouvernance efficace, démocratique et transparente» et ils soulignent «(…) l’importance de la stabilité socio-économique du pays pour répondre aux attentes du peuple tunisien». Ils déclarent aussi encourager et se tenir «prêts à accompagner la mise en œuvre rapide des avancées nécessaires au redressement de la situation économique et financière de la Tunisie, y compris celles qui sont en cours de discussion avec des partenaires internationaux, afin de protéger les plus vulnérables, et de créer les bases d’une croissance durable et équitable».

Sur le plan politique, les pays du G7 se contentent de réaffirmer leur «attachement au respect des libertés fondamentales de l’ensemble des Tunisiens, et à un processus politique inclusif et transparent, impliquant une large participation des forces politiques et sociales du pays, suivant un calendrier précis, pour permettre le retour rapide au fonctionnement des institutions démocratique, avec un Parlement élu jouant un rôle significatif. Cela permettra de garantir un soutien large et durable aux progrès futurs de la Tunisie.»

Le 6 septembre, les représentants des pays du G7 ont mis en avant leur engagement «continu en faveur du partenariat» avec la Tunisie. Ils ont surtout noté qu’elle «développe les structures politiques et socio-économiques nécessaires pour répondre aux aspirations légitimes de son peuple à de meilleures conditions de vie et à une gouvernance honnête, efficace et transparente».

Le communiqué du 10 décembre parle de «décisions souveraines en matière de réformes économiques, constitutionnelles et électorales»

Une manière subtile de dire qu’ils prennent acte du coup de force du 7 septembre et que s’ils ne le soutiennent pas officiellement, ils ne le dénoncent pas non plus. 

Last but not least, le communiqué du 10 décembre parle de «décisions souveraines en matière de réformes économiques, constitutionnelles et électorales». Un autre clin d’œil à l’opinion publique dont une partie prend ces prises de positions de puissances étrangères à propos de la situation en Tunisie pour une inacceptable ingérence.

Le changement de ton des pays du G7 a probablement pour cause le peu d’empressement du président Saïed à satisfaire les demandes de la classe politique et des grandes puissances: soit l’annonce d’un calendrier pour le retour à la normale sur le plan constitutionnel et politique et l’organisation d’un débat inclusif sur les réformes. 

Le 13 décembre, le chef de l’État a cédé sur les deux premiers points. Ce qui lui a valu un commentaire mi-figue, mi-raisin du porte-parole du département d’État. Dans un communiqué publié mercredi 15 décembre, le responsable américain a salué la satisfaction de la première demande et il a déclaré attendre que la seconde – «un processus de réforme transparent englobant les points de vue de la société civile et politique diversifiée»  le soit aussi. 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk