Goulet: « Les revendications communautaristes inacceptables restent minoritaires »

La sénatrice française du département de l'Orne Nathalie Goule s'adresse aux journalistes à la suite d'une réunion avec le ministre français de l'Intérieur et des représentants de la communauté islamique en France au ministère de l'Intérieur, à Paris, le 29 août 2016. (Matthieu ALEXANDRE/AFP)
La sénatrice française du département de l'Orne Nathalie Goule s'adresse aux journalistes à la suite d'une réunion avec le ministre français de l'Intérieur et des représentants de la communauté islamique en France au ministère de l'Intérieur, à Paris, le 29 août 2016. (Matthieu ALEXANDRE/AFP)
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Publié le Jeudi 16 juillet 2020

Goulet: « Les revendications communautaristes inacceptables restent minoritaires »

  • « Je ne suis en aucun cas alarmiste et je ne suis pas partisane d’un traitement journalistique sensationnaliste qui affirme que les Frères musulmans seraient aux portes du pouvoir », confie Nathalie Goulet
  • « Si nous voulons limiter l'influence de cette tendance de l'Islam, incompatible avec nos règles républicaines, il faut prendre des mesures plus concrètes », pense-t-elle

La question épineuse du danger d’islamisation de certains pans de la société française est récurrente au sein des institutions, partis politiques et médias français. La sénatrice Nathalie Goulet (UDI) revient sur cette problématique pour Arab News, alors qu’un rapport sénatorial a récemment été publié.

Un récent rapport du Sénat s’alarme d’un risque de “radicalisation islamiste”...

Ce rapport se base sur une série d’entretiens menés auprès de différents acteurs dont je conteste, à titre personnel, la légitimité. Il est incontestable que certains comportements attestent de revendications communautaristes, dans le milieu du sport ou de l’éducation par exemple. Mais à mon sens, bien qu’inacceptables, elles restent très minoritaires dans le pays. La République est unifiée et indivisible.

Parmi les mesures proposées, quelles sont à votre avis les plus importantes ?

Évidemment les questions du renseignement, indispensable pour une meilleure information, mais aussi, une meilleure formation des acteurs au mécanisme de radicalisation. Je crois que le plus important est de contrôler ceux qui véhiculent des discours de haine, de l’extérieur ou au sein du pays, tels les séparatistes, racistes et antisémites, qui répandent des valeurs contraires à celles de la République. Le rapport vise, dans cet esprit, la confrérie des Frères musulmans et son leader le cheikh Qaradawi. Cette lutte contre les ennemis de la République, notamment les Frères musulmans, doit faire preuve d’une tolérance zéro.

En mai 2019, je mettais déjà en garde contre le lancement de l’application « EuroFatwa »depuis Dublin par l’un des chefs de file des Frères musulmans. Puissant vecteur de messages haineux, cette application sert aussi de plateforme importante de financement du terrorisme.

Je ne suis en aucun cas alarmiste et je ne suis pas partisane d’un traitement journalistique sensationnaliste qui affirme que les Frères musulmans seraient aux portes du pouvoir. Tous ceux qui suivent mes travaux sur ce sujet savent à quel point j'ai à cœur de rester fidèle à toutes les lois de la République, et en particulier celle de 1905, à la fois totem et tabou.

Je le dis et le redis, c'est aux religions de s'adapter à la République et non pas l'inverse. Le tout sécuritaire n’est pas non plus la solution.

Des événements récents qui semblent se répéter encore et encore peuvent conduire les plus objectifs des citoyens à ressentir une vague d’indignation, de fatigue, colère et incompréhension.

Ainsi, comment a-t-on pu laisser se dérouler en mai 2019 une série de douze conférences destinées à collecter des fonds – supposés déductibles d’impôts – pour une école d'oulémas en Mauritanie. Les intervenants : Mahfoudh Ould Brahim Vall, connu des services de renseignement mauritaniens pour son appartenance aux Frères musulmans et son allégeance au cheikh Dedew – figure très influente de la mouvance frériste, et Hassan Iquioussen lui aussi particulièrement influent. Combien d'autres adeptes de cheikh Qaradawi, père spirituel des Frères musulmans réfugié au Qatar, circulent ainsi et collectent des fonds sans aucune transparence ?

Le 28 septembre 2019, c’est à la mairie de Rouen, dans la salle 5 de l’annexe de Rouen Saint-Sever, que s’est déroulé un séminaire tenu par Otmar Iquioussen, bien connu pour son adhésion aux thèses des Frères musulmans. Les collecteurs de fonds, opérant en plein jour sur nos territoires, ne pourraient-ils pas être interdits d’entrée ou au moins un peu mieux suivis ?

Si nous voulons limiter l'influence de cette tendance de l'Islam, incompatible avec nos règles républicaines, il faut prendre des mesures plus concrètes. Il faut tout d’abord établir des canaux de communication claire avec nos missions à l'étranger et celles de nos partenaires européens pour valider ensemble, ou pas, les octrois de visas, notamment étudiants. 

La question de l’échange de renseignements, sur la base d'une liste établie par nos équipes basées à l'étranger, est non seulement importante pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l'Afrique de l'Ouest où cette tendance frériste se développe. 

Ainsi, établir une liste de persona non grata en Europe et en assurer la mise à jour régulière semble une précaution indispensable.

Il est temps aussi d’en finir aussi avec les imams détachés, comme nous l'avons proposé lors de la mission d'information du Sénat. Et puisque votre journal en français a vocation à toucher un public francophone, notamment en Afrique de l’Ouest, ce sujet est vraiment très important car l’influence frériste s’y accentue.

Il faut être très vigilant sur les financements étrangers des associations françaises. C’est pourquoi la commission propose d’élaborer un guide de bonne conduite à destination des ambassades.

Enfin, lancer un journal en français constitue sûrement un défi, mais donne également l’opportunité de montrer la réalité des changements en cours en Arabie saoudite.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal  s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel  et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel
  • Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire

PARIS: Trois députés, les élus Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l'Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d'irrégularités dans leurs comptes de campagne.

Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles "pour une durée d'un an" et "démissionnaires d'office" de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Il est reproché à Jean Laussucq d'avoir réglé "des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel" et d'avoir laissé des tiers régler "directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale" de 2024.

Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.

Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire.

Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, d'avoir réglé "irrégulièrement" une "part substantielle des dépenses engagées", durant sa campagne, notamment des "frais de transport".

Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.

Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire.