France: un ancien chauffeur rwandais condamné à 14 ans de prison pour complicité de génocide

Le Franco-Rwandais Claude Muhayimana, a été condamné jeudi par la cour d'assises de Paris à 14 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité pour son rôle en 1994 lors de l'extermination des Tutsi du Rwanda. (AFP)
Le Franco-Rwandais Claude Muhayimana, a été condamné jeudi par la cour d'assises de Paris à 14 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité pour son rôle en 1994 lors de l'extermination des Tutsi du Rwanda. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 décembre 2021

France: un ancien chauffeur rwandais condamné à 14 ans de prison pour complicité de génocide

  • «Je voudrais que vous essayiez de vous mettre à ma place en 1994, ce que j'ai fait pour sauver des gens. Je vous remercie»
  • Le condamné, cantonnier à Rouen et naturalisé français depuis 2010, a enfilé sa veste de cuir, échangé avec ses avocats qui l'ont réconforté, avant d'être menotté sur place et emmené par des policiers

PARIS: Le Franco-Rwandais Claude Muhayimana, ancien chauffeur à Kibuye, dans l'ouest du Rwanda, a été condamné jeudi par la cour d'assises de Paris à 14 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité pour son rôle en 1994 lors de l'extermination des Tutsi du Rwanda.


Quinze années de réclusion avaient été requises mercredi contre cet homme "ordinaire" de 60 ans, accusé d'avoir transporté des gendarmes et des miliciens Interahamwe, bras armé du régime génocidaire hutu, sur des lieux de massacre de Tutsi entre avril et juillet 1994 à Kibuye et les collines avoisinantes, où des dizaines de milliers de personnes ont été tuées.


Les avocats de la défense ont annoncé à la sortie de l'audience qu'ils allaient faire appel.


Debout, impassible, les mains croisées dans le dos, Claude Muhayimana a écouté les réponses aux 100 questions posées à la cour, qui a délibéré près de 10 heures.


Il a été reconnu coupable à la majorité des voix de complicité de génocide et de complicité de crimes contre l'humanité dans les collines de Karongi, Gitwa et Bisesero sur la période du 7 avril jusqu'à fin juin, et de complicité de crimes contre l'humanité en juillet dans les collines de Bisesero.


Les jurés l'ont absous de ces chefs sur certains des lieux sur lesquels il était accusé d'avoir transporté les tueurs.


"M. Muhayimana, je comprends que cette décision soit difficile, la cour et le jury ont essayé d'entendre tout ce qui a été dit", lui a dit le président Jean-Marc Lavergne après l'annonce du verdict.


Le condamné, cantonnier à Rouen (nord ouest) et naturalisé français depuis 2010, a enfilé sa veste de cuir, échangé avec ses avocats qui l'ont réconforté, avant d'être menotté sur place et emmené par des policiers.


Jusqu'à la dernière minute de son procès, l'accusé, qui comparaissait depuis le 22 novembre, est resté impénétrable, sans jamais vraiment rien livrer de sa personnalité ou de ses émotions.

«Mettez-vous à ma place»


"Je voudrais que vous essayiez de vous mettre à ma place en 1994, ce que j'ai fait pour sauver des gens. Je vous remercie", a-t-il simplement déclaré d'une voix égale jeudi matin, avant les délibérations.


Lors de longues audiences, parfois laborieuses car souvent traduites du kinyarwanda, des dizaines de témoins ont été entendus. Des rescapés venus à Paris raconter l'horreur du génocide et des ex-tueurs condamnés, interrogés en visioconférence depuis le Rwanda, ont affirmé avoir vu l'accusé transporter ces miliciens, chantant "Exterminons-les" en brandissant leurs machettes.


L'accusé a été un "acteur du génocide" et un "rouage indispensable" a lancé le parquet national antiterroriste (Pnat) qui porte l’accusation dans les procès pour terrorisme et crimes contre l’humanité. C'est un "homme opportuniste qui s'adapte à des circonstances chaotiques, il s'est adapté au génocide en se mettant au service des génocidaires", a-t-il asséné.


La défense, pour sa part, a insisté sur "la faiblesse, le manque de crédibilité" des témoignages et l'absence d'éléments matériels. "Dans ce dossier, je cherche toujours la preuve", a déclaré Me Françoise Mathe. "L'immense majorité des témoins de l'accusation sont des personnes condamnées", a fait valoir son confrère Me Philippe Meilhac, se disant convaincu de l'innocence de l'accusé.


La défense a souligné que Claude Muhayimana, d'origine hutu et alors marié à une femme tutsi, avait sauvé des Tutsi, les cachant chez lui et aidant certains à s'enfuir en pirogue sur le lac Kivu, vers le Zaïre, ce qu'ont attesté la plupart des témoins au procès.


Mais les débats n'ont pas permis de lever le voile sur l'accusé.


"Je ne sais pas qui il est, ça fait presque peur, je n'arrive pas à percer qui est cet homme. Il ne me paraît pas avoir conscience de ce qui s'est passé", a déclaré à l'AFP Providence Rwayitare, 43 ans, rescapée du génocide et ancienne voisine de M. Muhayimana.


"Il n'a pas saisi l'occasion de dire la vérité pendant ces semaines du procès", a regretté le président d'Ibuka France (une association de rescapés), Etienne Nsanzimana, qui a salué "le symbole fort" de sa condamnation.


"Sa condamnation ne me fait pas plaisir, simplement justice est rendue", a de son côté déclaré Alain Gauthier, le président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), association qui traque les génocidaires et est à l'origine de la procédure contre M. Muhayimana.


Le procès de Claude Muhayimana est le troisième en France lié au génocide des Tutsi mais c'est la première fois qu'un citoyen "ordinaire" est jugé. Les deux autres avaient concerné un ex-capitaine de l'armée et deux bourgmestres rwandais.


L'ancien patron de M6 Nicolas de Tavernost rejoint la branche médias de CMA CGM

Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
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  • CMA Médias, «holding de tête du pôle média» du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média
  • Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur

PARIS: A peine parti de M6 après 37 ans à sa barre, Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias, a annoncé mercredi l'armateur marseillais.

Nicolas de Tavernost, 73 ans, "assurera en outre la présidence du comité stratégique et mobilisera son expérience pour assister le groupe dans ses activités médias, dans le choix des investissements et la conduite des opérations", précise CMA CGM dans un communiqué.

CMA Médias, "holding de tête du pôle média" du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média (BFMTV, RMC...) annoncée en mars, a indiqué CMA CGM à l'AFP.

Cette structure doit à terme englober WhyNot Media (La Tribune, La Provence...), le pôle presse du groupe dirigé par Jean-Christophe Tortora et dont Véronique Albertini-Saadé, épouse de Rodolphe Saadé, est la présidente non exécutive, ainsi que l'entité audiovisuelle découlant du rachat d'Altice Média, selon la même source.

Elle sera présidée par Mme Albertini-Saadé.

Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur.

Outre le rachat prévu d'Altice Media, M. Saadé a déjà mis la main ces deux dernières années sur le journal La Tribune et le groupe La Provence (quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin), en plus de participations dans M6 et le média vidéo en ligne Brut.

De son côté, M. de Tavernost prouve qu'il n'entend pas prendre sa retraite. Deux jours après son départ officiel de M6, où David Larramendy lui a succédé fin avril, il avait également été nommé vice-président du conseil d'administration de GL Events, entreprise spécialisée dans l'évènementiel, où il était déjà administrateur indépendant.

Cité dans le communiqué, Rodolphe Saadé s'est "réjoui" de son arrivée dans son groupe, où "il apportera ses compétences au sein de l'équipe média pour accompagner notre diversification dans le secteur".


Nouvelle-Calédonie: Macron annonce l'état d'urgence après quatre morts dans les émeutes

Vue du quartier Motor Pool de Nouméa le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie. (Photo, AFP)
Vue du quartier Motor Pool de Nouméa le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie. (Photo, AFP)
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  • Depuis les premières altercations dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle, deux violentes nuits d'émeutes ont secoué l'île
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

NOUMÉA: Emmanuel Macron a décidé mercredi d'imposer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique secoué par de violentes émeutes qui ont fait quatre morts dont un gendarme, et ont été provoquées par un projet de réforme constitutionnelle rejeté par les indépendantistes.

"Toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable pour assurer le retour de l'ordre républicain", a indiqué la présidence française dans un communiqué annonçant l'instauration de ce régime d'exception qui étend les pouvoirs des autorités.

Emmanuel Macron, qui présidera une "réunion de suivi" de la situation jeudi, a également rappelé "la nécessité d'une reprise du dialogue politique" en Nouvelle-Calédonie, territoire colonisé par la France au XIXe.

Peu après l'entrée en vigueur de l'état d'urgence à 20H00, heure de Paris (05H00 à Nouméa), le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de militaires "pour sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie, ainsi que l'interdiction du réseau social TikTok.

Depuis les premières altercations dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle, deux violentes nuits d'émeutes ont secoué l'île.

Elles ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché à la tête par un tir.

Plusieurs centaines d'autres personnes ont été blessées dont une centaine de policiers et gendarmes, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", a déclaré le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc.

Malgré le couvre-feu mis en place à Nouméa, principale ville du territoire, les violences ont repris mardi soir dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et d'échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre. L'aéroport de Nouméa est fermé depuis lundi.

Deux personnes ont par ailleurs été blessées par balles à Ducos, dans le nord-ouest de Nouméa "par un garagiste qui protégeait son entreprise", selon un ministre du gouvernement local.

"Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés", a insisté M. Le Franc, évoquant "une spirale mortelle".

Rencontré par l'AFP, Sébastien, un habitant de 42 ans qui ne donne pas son nom, a dit mener la garde pour "protéger la ville". "Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger et dès que ça chauffe, nous prévenons les flics (...). On essaye de faire en sorte que chaque quartier ait sa milice".

"Appel au calme"

Point de crispation de la colère des indépendantistes, le projet de réforme constitutionnelle sur le corps électoral a été adopté par les députés à Paris dans la nuit de mardi à mercredi. Il doit encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès.

Ce texte vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel, à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Dans une déclaration commune, les principaux partis indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie ont toutefois lancé mercredi un appel "au calme et à la raison".

"Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis quarante-huit heures et parce que nous sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l'ensemble de la population au calme et à la raison", écrivent ces partis.

Le Premier ministre Gabriel Attal a indiqué en début d'après-midi à Paris qu'il allait proposer "dans les prochaines heures" une date de rencontre à Paris aux différentes parties prenantes de Nouvelle-Calédonie.

Mercredi matin, faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d'attente devant les magasins.

Créé en 1955 pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), l'état d'urgence a déjà été instauré huit fois en France afin de répondre à des périls imminents (attentat, guerre) ou des catastrophes naturelles. Réclamée par de nombreuses voix à droite et à l'extrême droite, cette mesure permet notamment d'interdire déplacements ou manifestations.

 

 


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
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  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.