Turquie-Arménie: une réelle chance de normalisation des relations

Cette photographie prise et publiée le 26 octobre 2021 par le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (à droite) alors qu'il est accueilli par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev (à gauche) lors d'une cérémonie officielle à Zangilan.(AFP)
Cette photographie prise et publiée le 26 octobre 2021 par le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (à droite) alors qu'il est accueilli par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev (à gauche) lors d'une cérémonie officielle à Zangilan.(AFP)
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Publié le Vendredi 17 décembre 2021

Turquie-Arménie: une réelle chance de normalisation des relations

  • Cette initiative est susceptible d'aboutir, car engagée avec le soutien de la Russie et des Etats-Unis et avec l'aval de l'Azerbaïdjan
  • Les deux pays ont nominé un envoyé spécial pour l'Arménie, Serdar Kiliç et le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu

ISTANBUL : La Turquie et l'Arménie ont désigné mercredi les "envoyés spéciaux" chargés de les représenter réciproquement, l'un auprès de l'autre, prélude à une normalisation et à l'établissement de relations diplomatiques. 

Une initiative susceptible d'aboutir, engagée avec le soutien de la Russie et des Etats-Unis - et avec l'aval de l'Azerbaïdjan, précisent les observateurs.

Quel est l'état des relations entre les deux pays? 

La Turquie a reconnu l'indépendance de l'Arménie lors de sa proclamation en 1991, sans aller jusqu'à l'échange d'ambassadeurs, rappelle à l'AFP Bayram Balci, directeur de l'Institut français d'études anatoliennes (Ifea) à Istanbul. 

Les frontières entre les deux pays sont restées ouvertes jusqu'à la première guerre du Nagorny-Karabakh (1992-1994), territoire peuplé en majorité d'Arméniens, enclavé en Azerbaïdjan, pays proche allié d'Ankara.

Le passif de 1915, jamais soldé 

Les tensions entre Ankara et Erevan proviennent de la non-reconnaissance par la Turquie du génocide arménien, par ailleurs reconnu par une trentaine de pays, dont les Etats-Unis, derniers en date en avril 2021.

Entre 1915 et 1916, la population arménienne de l'Empire ottoman fut victime d'arrestations massives, de déportations et de massacres qui ont fait plus d'un million de morts.

Cependant, "la question de la reconnaissance du génocide n'a jamais été, sous aucun gouvernement, une condition de l'Arménie pour établir des relations avec la Turquie" affirme Alin Ozinian, analyste jointe en Arménie par l'AFP.

"Dernièrement, avec la reconnaissance des Etats-Unis et l'emploi par (le président Joe) Biden du mot génocide, cette question a aussi perdu son importance" insiste-t-elle.

Est-ce une première tentative de rapprochement ? 

Non. En 2008-2009, le hasard des qualifications pour la Coupe du monde de football a placé l'Arménie et la Turquie dans le même groupe: chaque président s'est alors rendu chez son voisin pour suivre l'équipe nationale et les deux pays ont signé en 2009 un "Protocole visant à établir des relations diplomatiques entre les deux pays" - jamais ratifié.

L'Azerbaïdjan, s'estimant tenu à l'écart, a fait pression sur la Turquie en la menaçant de suspendre ses indispensables approvisionnements en gaz et pétrole et ses considérables investissements. "Les Turcs ont été obligés de reculer", reprend Bayram Balci.

En 2013, à l'approche du centenaire du génocide, le président turc Recep Tayyip Erdogan a adressé une "lettre de condoléances" en dix-neuf langues aux Arméniens, déplorant les "événements tragiques" survenus en 1915 - sans utiliser le terme de génocide.

Mais cette initiative a tourné court, le régime d'Ankara s'est radicalisé face aux vagues de manifestations anti-gouvernementales et la ligne dure l'a emporté.

Quelles chances pour cette nouvelle initiative ? 

Pour Matthew Bryza, chercheur de l'Atlantic Council à Istanbul et ancien ambassadeur américain en Azerbaïdjan, "c'est le début d'un processus significatif de réconciliation". 

"Maintenant que la deuxième guerre du Karabakh est terminée, l'Azerbaïdjan ne s'oppose plus à la normalisation entre les deux pays", affirme-t-il. Bakou est même "favorable à l'établissement d'une paix durable susceptible de favoriser le statu quo", assure-t-il à l'AFP.  

En annonçant la nomination d'un envoyé spécial (l'ancien ambassadeur de Turquie à Washington, Serdar Kiliç) pour l'Arménie, le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu a bien précisé que "la Turquie agissait en coordination avec l'Azerbaïdjan", relève Matthew Bryza.

A la faveur du règlement intervenu en novembre 2020 sous les auspices de la Russie, l'Azerbaïdjan a récupéré les sept districts disputés et une partie du Karabakh: "L'humiliation a été réparée", note également Bayram Balci.

Qu'en pensent les Etats-Unis et la Russie ? 

Après avoir joué un rôle décisif pour mettre un terme à la dernière guerre du Narkorny-Karabakh, "la Russie souhaite la normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie car elle veut l'ouverture des lignes de transport et d'énergie dans la région", observe Alin Ozinian, selon laquelle la question est débattue en Azerbaïdjan "directement avec (Vladimir) Poutine".

Quant aux Etats-Unis, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est "félicité" sur Twitter de cette première étape qu'il a "encouragé avec force".


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.


L'Australie en deuil après un attentat antisémite qui a fait 15 morts sur une plage de Sydney

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  • Sur cette plage mythique de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels sont encore sur le sable taché de sang
  • "Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives", a proclamé le Premier ministre Anthony Albanese en déposant des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique

SYDNEY: L'Australie est en deuil lundi au lendemain d'un attentat antisémite perpétré par un père et son fils qui ont ouvert le feu sur un millier de personnes rassemblées sur une plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, faisant 15 morts, dont une enfant, et 42 blessés.

Sur cette plage mythique de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels sont encore sur le sable taché de sang, une vingtaine d'heures après une tuerie de dix minutes qui a provoqué une onde de choc dans cet immense pays d'Océanie et à l'international.

"Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives", a proclamé le Premier ministre Anthony Albanese en déposant des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique.

L'Australie, qui n'avait pas été frappée par une telle tuerie depuis 1996, a mis tous ses drapeaux en berne, a ordonné M. Albanese, qui a proposé aussi une législation encore plus stricte sur les armes à feu.

Dès dimanche, il avait dénoncé "une attaque ciblée contre les juifs australiens, au premier jour de Hanouka", la fête juive des "lumières" qui se tient durant neuf jours en décembre. Et il avait jugé que l'attentat visait "tous les Australiens".

Le chef de la police locale, Mal Lanyon, a précisé que ses enquêteurs avaient "découvert un engin explosif artisanal dans une voiture liée au criminel décédé", l'un des deux tireurs, le père, abattu par la police.

Et son fils, grièvement blessé, a fait l'objet d'une enquête du renseignement australien en 2019 pour des liens avec le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a révélé la chaîne publique australienne ABC.

"Dix minutes" 

L'attentat a meurtri dimanche vers 18H45 (07H45 GMT) l'immense plage de Bondi, la plus connue d'Australie et à l'étranger, envahie par des milliers de promeneurs, nageurs et surfeurs en ce début d'été austral.

"Nous avons entendu les coups de feu (...) Dix minutes de détonations incessantes", a déclaré à l'AFP Camilo Diaz, étudiant chilien de 25 ans.

Timothy Brant-Coles, touriste britannique, a confié à l'AFP avoir vu "deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques".

"C'est allé très vite", a confié aussi à l'AFP un Français de 23 ans, Alban Baton, qui s'est réfugié dans la chambre froide d'une épicerie.

Les assaillants étaient Sajid Akram, 50 ans, entré grâce à un visa en Australie en 1998 et qui avait un permis pour le port de six armes, et son fils Naveed Akram, 24 ans, né dans le pays, selon la police de la Nouvelle-Galles-du-Sud, Etat dont Sydney est la capitale.

Le père a été abattu par des policiers, le fils est hospitalisé dans un état critique, selon la police et la presse.

Sur la colline verdoyante surplombant la plage, un journaliste de l'AFP a vu lundi encore une poussette, des sacs et des serviettes laissés par les gens qui ont couru se mettre à l'abri. Depuis la nuit de dimanche à lundi, ce quartier d'habitude très animé a été bouclé.

"Héros" 

Le Premier ministre Albanese, tout comme le président américain Donald Trump, ont salué des "héros" qui sont intervenus dimanche.

Une vidéo virale sur les réseaux sociaux montre un homme sur un parking se précipiter par derrière sur un assaillant, l'agripper et lui arracher son arme, avant de le mettre en joue et de le faire fuir.

Nombre de dirigeants mondiaux ont condamné avec force un attentat qui a tué 15 personnes âgées de dix ans pour une fillette, à 87 ans, un Français de 27 ans, Dan Elkayam, un rabbin de 41 ans né à Londres, Eli Schlanger, et Alex Kleytman, un survivant de la Shoah né en UKraine.

On compte au moins 42 blessés.

Donald Trump a fustigé un attentat "purement antisémite".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que "l"Europe se tenait aux côtés de l'Australie et des communautés juives partout dans le monde".

En Israël, le président Isaac Herzog a parlé d'une "attaque très cruelle contre des juifs" perpétrée par "d'ignobles terroristes".

Son Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui dénonce la résurgence de l'antisémitisme dans le monde depuis le massacre du 7 octobre 2023 et la guerre dans la bande de Gaza, a fustigé un "cancer qui se propage lorsque les dirigeants restent silencieux et n'agissent pas".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont fait part de leur solidarité.

Le Conseil national des imams australien a appelé "tous les Australiens, y compris la communauté musulmane australienne, à se serrer les coudes dans l'unité, la compassion et la solidarité".

Une série d'attaques antisémites a semé la peur chez les juifs d'Australie depuis plus de deux ans et Canberra a accusé Téhéran d'être à l'origine de deux de ces actes et a expulsé il y a quatre mois l'ambassadeur iranien.

 

 


Tirs sur la plage de Bondi à Sydney, deux suspects arrêtés

La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant". (AFP)
La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant". (AFP)
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  • "Il y a eu une fusillade, deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques", a déclaré ce touriste, Timothy Brant-Coles, ajoutant avoir vu aussi plusieurs personnes blessées par balle
  • "Nous pouvons seulement vous dire que nous avons soigné plusieurs personnes sur place et qu'à ce stade, huit personnes ont été transportées vers différents hôpitaux de Sydney", a déclaré à l'AFP un porte-parole du service d'ambulance

SYDNEY: La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant".

Un témoin, un touriste britannique, a raconté à l'AFP avoir vu "deux tireurs vêtus de noir" sur cette plage, la plus célèbre d'Australie, prise d'assaut durant le week-end par des foules de touristes, nageurs et surfeurs.

"Il y a eu une fusillade, deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques", a déclaré ce touriste, Timothy Brant-Coles, ajoutant avoir vu aussi plusieurs personnes blessées par balle.

"Nous pouvons seulement vous dire que nous avons soigné plusieurs personnes sur place et qu'à ce stade, huit personnes ont été transportées vers différents hôpitaux de Sydney", a déclaré à l'AFP un porte-parole du service d'ambulance de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud.

La police de l'Etat a annoncé sur les réseaux sociaux que deux suspects avaient été interpellés, sans plus de détails.

Selon le journal Sydney Morning Herald, un tireur présumé a été atteint par balles par la police et un autre a été arrêté.

"Les scènes à Bondi sont choquantes et bouleversantes", a écrit le Premier ministre australien Anthony Albanese dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. "Mes pensées vont à toutes les personnes affectées", a-t-il ajouté.

La police avait initialement annoncé un "incident en cours" sur la plage et ordonné au public d'éviter le secteur et de "se mettre à l'abri".