A Mossoul, «ressusciter» les antiquités détruites par l'EI, avec l'aide du Louvre

Des ouvriers du musée de Mossoul tentent de rassembler à partir de fragments brisés un artefact plus grand portant des inscriptions cunéiformes, au musée de la ville du nord de l'Irak, le 14 décembre 2021. (Photo, AFP)
Des ouvriers du musée de Mossoul tentent de rassembler à partir de fragments brisés un artefact plus grand portant des inscriptions cunéiformes, au musée de la ville du nord de l'Irak, le 14 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 20 décembre 2021

A Mossoul, «ressusciter» les antiquités détruites par l'EI, avec l'aide du Louvre

  • Pulvérisées par le groupe Etat islamique (EI), ces pièces du premier millénaire avant J.-C. sont en cours de restauration, grâce à des financements internationaux et une expertise fournie par le Louvre de Paris
  • Après trois premières missions en juin, septembre et décembre, sept experts français se relayeront pour des visites périodiques à Mossoul, venant assister et guider les restaurations menées avec près d'une dizaine d'employés du musée

MOSSOUL : C'est un travail d'orfèvre. Au musée de Mossoul encore endommagé, les Irakiens épaulés par des restaurateurs français trient des centaines de pierres: des fragments de vestiges antiques de plus de 2 500 ans, détruits par les djihadistes, à reconstituer.

Un lion ailé du site de Nimrod, joyau de l'empire assyrien, deux imposants "lamassu", fabuleux taureaux ailés, et une base de trône du roi Assurnasirpal II.

Pulvérisées par le groupe Etat islamique (EI), ces pièces du premier millénaire avant J.-C. sont en cours de restauration, grâce à des financements internationaux et une expertise fournie par le Louvre de Paris.

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Cette photo prise le 14 décembre 2021 montre un fragment d'une statue de l'ancien taureau ailé à tête humaine "lamassu" mésopotamien en cours de reconstruction et de remontage au musée de Mossoul dans la ville du nord de l'Irak. (Photo, AFP)

Au rez-de-chaussée du musée de Mossoul, les barres de fer tordues des fondations s'échappent d'un trou encore béant dans le dallage.

Dans les différentes salles, des pierres de toute taille sont disséminées sur des palettes. Les experts ont commencé à séparer les antiquités les unes des autres.

Sur certaines pierres imposantes, on reconnaît des pattes. Plus loin, ce sont les restes des ailes. D'autres pierres affichent des inscriptions en alphabet cunéiforme. Pas plus gros que le poing, les fragments les plus petits s'alignent sur des tables.

"Nous avons cinq oeuvres importantes dans le musée, il faut séparer tous les fragments", explique Daniel Ibled, un des restaurateurs français missionnés par le Louvre.

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Cette photo prise le 14 décembre 2021 montre un fragment d'un artefact portant des inscriptions cunéiformes en cours de reconstruction et de réassemblage au musée de Mossoul dans la ville du nord de l'Irak. (Photo, AFP)

"C'est comme un puzzle, vous essayez de retrouver les morceaux qui racontent la même histoire. Petit à petit vous arrivez à recréer des ensembles", ajoute-t-il.

Après trois premières missions en juin, septembre et décembre, sept experts français se relayeront pour des visites périodiques à Mossoul, venant assister et guider les restaurations menées avec près d'une dizaine d'employés du musée.

«Plus de 850 morceaux»

La base de trône en pierre, couverte d'écritures cunéiformes, semble quasi reconstituée. Certains fragments tiennent ensemble avec des élastiques ou des petits cerceaux métalliques.

"Là c'est l'épicentre de l'explosion", lance un des experts Irakiens, désignant un trou béant dans un coin de l'oeuvre.

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Un employé du musée de Mossoul passe devant des fragments d'artefacts à reconstruire et à réassembler au musée de Mossoul dans la ville du nord de l'Irak le 14 décembre 2021. (Photo, AFP)

Mis en déroute en 2017, l'EI était entré à Mossoul en 2014, imposant son règne de la terreur sur un tiers de l'Irak.

Les djihadistes avaient ravagé à coup de masses et au marteau-piqueur des statues antiques et des trésors pré-islamiques du musée, mettant en scène cet acharnement dans une vidéo diffusée en février 2015.

Les pièces les plus volumineuses, difficilement transportables, ont été détruites pour le compte de la propagande. Les vestiges les plus petits ont été revendus au marché noir dans le monde entier.

"La base de trône a été pulvérisée en plus de 850 morceaux. Nous en avons rassemblé les deux-tiers", explique à l'AFP Choueib Firas Ibrahim, fonctionnaire du musée.

Diplômé en études sumériennes, son savoir s'avère précieux pour les reconstitutions.

"Nous lisons les inscriptions, et sur cette base nous arrivons à remettre les pièces à leur place", confirme son collègue, Taha Yassin.

Les choses se compliquent toutefois: "les fragments internes n'ont pas de surfaces plates ou d'inscriptions, c'est le plus difficile", ajoute-t-il.

«Ressusciter les oeuvres»

Après des interventions d'urgence lancées en 2018 et les retards entraînés par la pandémie, le directeur du musée, Zaid Ghazi Saadallah, espère terminer la restauration de son institution dans un délai de cinq ans.

Naguère, son musée renfermait plus d'une centaine de pièces. "La plupart on été détruites ou subtilisées", déplore-t-il.

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Cette photo prise le 14 décembre 2021 montre un fragment d'une statue de l'ancien taureau ailé à tête humaine "lamassu" mésopotamien en cours de reconstruction et de remontage au musée de Mossoul dans la ville du nord de l'Irak. (Photo, AFP)

Sur certains murs, des feuilles A4 identifient les vestiges disparus: "Il manque le mihrab de la mosquée Al-Rahmani en pierre d'albâtre", en allusion à ces niches murales indiquant la direction de La Mecque.

L'Irak souffre depuis des décennies du pillage de ses antiquités, notamment après l'invasion américaine de 2003 et l'arrivée des djihadistes. Mais le rapatriement de ces oeuvres est une priorité du gouvernement actuel.

Le projet à Mossoul est financé par l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflits, ALIPH.

Outre le Louvre, il implique la Smithsonian Institution, qui fournit des formations aux équipes du musée, et le World monuments fund, chargé de la restauration du bâtiment.

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Cette photo prise le 14 décembre 2021 montre une vue des restes détruits du mihrab (niche de prière) de la mosquée de Banat al-Hassan en cours de restauration au musée de Mossoul dans la ville du nord de l'Irak. (Photo, AFP)

Au total, le Louvre mobilise une vingtaine de personnes parmi lesquelles "des experts pour le bois et pour le métal", explique Ariane Thomas, directrice du Département des Antiquités orientales.

Une fois restaurées, les oeuvres seront dévoilées au public à une exposition en ligne, ajoute-t-elle.

Et de conclure: "Quand on a dit qu'avec du temps, de l'argent, du savoir-faire on pouvait ressusciter les oeuvres les plus endommagées, ça se démontre. Des oeuvres qui étaient complètement détruites commencent a reprendre forme".


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com