Ouïghours, Hong Kong, Tibet: la Chine réplique aux Etats-Unis

Manifestation de soutien envers les Ouighours, le 27 mai à Washington (Photo, AFP).
Manifestation de soutien envers les Ouighours, le 27 mai à Washington (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 22 décembre 2021

Ouïghours, Hong Kong, Tibet: la Chine réplique aux Etats-Unis

  • Le traitement des Ouïghours cristallise les tensions entre la Chine et les Occidentaux
  • Pékin a annoncé mardi des représailles visant quatre membres de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF)

PEKIN: Nouvelles tensions autour des Ouïghours: la Chine a annoncé mardi des mesures de rétorsion contre quatre personnalités américaines, après des sanctions des Etats-Unis qui accusent les autorités chinoises de "génocide" de cette ethnie musulmane.

Pékin a également dénoncé les "ingérences" occidentales après la nomination par Washington d'une "coordinatrice spéciale" pour le Tibet et le concert de critiques au sujet des élections locales à Hong Kong durant le weekend écoulé.

Le traitement des Ouïghours, principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest), région chinoise longtemps frappée par des attentats, cristallise les tensions entre la Chine et les Occidentaux.

Washington a imposé ces derniers mois des sanctions à un nombre croissant d'entreprises et de responsables politiques chinois accusés de participer à la surveillance et aux mauvais traitements supposés de la population locale.

En réponse, la Chine a annoncé mardi des représailles visant quatre membres de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), un organisme fédéral: sa présidente Nadine Maenza, son vice-président Nury Turkel, ainsi que les membres Anurima Bhargava et James W. Carr.

"Ces mesures de rétorsion comprennent l'interdiction d'entrer en Chine et le gel de leurs avoirs en Chine continentale, à Hong Kong et à Macao", a déclaré à la presse Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Il est également interdit aux citoyens et aux organismes chinois de traiter avec ces personnes", a-t-il souligné.

Créée en 1998, l'USCIRF promet la liberté religieuse dans le monde. Elle avait critiqué avec véhémence le traitement par la Chine des Ouïghours.

Jeux olympiques

Le Xinjiang a longtemps été frappé par des attentats sanglants, visant notamment des civils et attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours. Elle fait désormais l'objet d'une surveillance draconienne.

Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques accusent Pékin d'avoir interné dans des "camps" un million de personnes, d'effectuer des "stérilisations forcées" et d'imposer du "travail forcé".

Les Etats-Unis ont qualifié la campagne de "génocide" et effectueront un boycott diplomatique des Jeux d'hiver de Pékin (4-20 février 2022).

Pékin dément fermement ces accusations et présente les "camps" comme des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner les habitants de la tentation de l'extrémisme religieux.

Les Etats-Unis avaient annoncé le 10 décembre sanctionner le président de la région autonome du Xinjiang, Erken Tuniyaz, ainsi que son prédécesseur Shohrat Zakir -- deux Ouïghours -- en raison de leurs atteintes présumées aux droits de l'Homme. 

Washington avait également sanctionné la semaine dernière des entreprises chinoises accusées de contribuer à la répression dans la région. Parmi elles figuraient le leader mondial des drones, DJI. 

La Chine accuse régulièrement les Etats-Unis d'utiliser la question des droits de l'Homme pour contrarier son développement économique et contester la place croissante qu'elle occupe dans les affaires internationales.

«Irresponsables»

Le gouvernement américain avait annoncé lundi la nomination d'une "coordinatrice spéciale" pour "promouvoir le respect des droits humains" au Tibet -- aujourd'hui région autonome de l'ouest de la Chine.

Une initiative mal accueillie par Pékin, qui a fait part mardi de sa "ferme opposition".

"Nous ne tolérons l'ingérence d'aucune force étrangère" dans les affaires tibétaines, a indiqué le porte-parole Zhao Lijian, qui a appelé Washington à "respecter son engagement (...) à ne pas soutenir l'indépendance du Tibet".

Il a également fustigé le G7 et l'Union européenne, qui ont fait part lundi de leur "vive inquiétude" après "l'érosion" de la démocratie constatée à Hong Kong ce weekend lors des élections législatives locales.

Seuls les candidats "patriotes", considérés comme loyaux envers Pékin, étaient autorisés à se présenter au Conseil législatif dans l'ex-colonie britannique, désormais territoire semi-autonome chinois.

Zhao Lijian a critiqué des propos "irresponsables".

"Sous la domination coloniale britannique (avant 1997), Hong Kong n'avait aucune démocratie (...) Mais étrangement, aucun pays soi-disant démocratique ne protestait à l'époque", a-t-il déclaré.

"Ces pays occidentaux doivent se résoudre à la réalité: Hong Kong a été rendu à la Chine il y a 24 ans déjà."


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com