Taxe carbone, carburants: l'UE précise son plan pour doper ses ressources propres

L’Union européenne a détaillé mercredi ses projets pour générer jusqu'à 17 milliards d'euros de recettes supplémentaires (Photo, AFP).
L’Union européenne a détaillé mercredi ses projets pour générer jusqu'à 17 milliards d'euros de recettes supplémentaires (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 décembre 2021

Taxe carbone, carburants: l'UE précise son plan pour doper ses ressources propres

  • Il s'agit notamment de rembourser l'endettement commun accepté pour la première fois par les Vingt-Sept
  • La Commission a ainsi détaillé sa proposition, qui devra être approuvée par les Etats et eurodéputés, pour taxer les importations de l'UE dans cinq secteurs

BRUXELLES: L’Union européenne a détaillé mercredi ses projets pour générer jusqu'à 17 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour le budget de l'UE après 2026, notamment via une taxe carbone aux frontières et un élargissement du marché carbone aux carburants et au chauffage, qui suscite l'inquiétude des Etats. 

Ces mesures, présentées en juillet dans l'ambitieux "paquet climat" de la Commission européenne, sont destinées à renforcer les ressources propres de l'UE pour financer son plan de relance post-Covid de 800 milliards d'euros ("NextGenerationEU"). 

Il s'agit notamment de rembourser l'endettement commun accepté pour la première fois par les Vingt-Sept (71 milliards d'euros d'obligations à long terme ont été émis en 2021), sans réduire les programmes et subventions de l'UE ni gonfler les contributions réclamées aux Etats. 

La Commission a ainsi détaillé sa proposition, qui devra être approuvée par les Etats et eurodéputés, pour taxer les importations de l'UE dans cinq secteurs (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité) en leur appliquant les règles du marché carbone européen, selon les émissions carbone liées à leur production et le prix de la tonne de CO2. 

Afin de respecter les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce "mécanisme d'ajustement" aux frontières devra s'accompagner de la suppression progressive des quotas d'émissions gratuits actuellement alloués aux entreprises européennes pour leur permettre d'affronter la concurrence étrangère. Après 2026, cette "taxe carbone" sur les importations apporterait 1 milliard d'euros par an au budget européen. 

Une autre proposition de loi, présentée mercredi, précise les contours d'une extension du marché carbone au sein de l'UE, qui pour l'heure ne concerne que l'industrie et l'électricité. 

Bruxelles projette d'étendre ce système d'échange de quotas d'émissions au secteur maritime, d'éliminer progressivement les exemptions du transport aérien, mais surtout d'établir un marché carbone distinct pour le transport routier et le chauffage des bâtiments. 

En pratique, à partir de 2025, les fournisseurs de carburants et fioul domestique devraient acheter des quotas d'émissions. Les Etats, très réticents, s'alarment du surcoût pour les consommateurs, à l'heure les prix de l'énergie flambent, en dépit du fonds de solidarité promis par Bruxelles. 

Ce dernier, doté de 72,2 milliards d'euros pour la période 2025-2032 et financé sur le budget européen, vise à amortir l'impact pour les ménages vulnérables. 

La Commission propose aussi "un mécanisme temporaire d'ajustement solidaire" pour tenir compte de situations contrastées, en "limitant la contribution des États à faibles revenus et forte intensité carbone", dépendants du charbon, tout en veillant à "ce que les États à revenus élevés et faible intensité carbone paient une contribution équitable". 

Les trois quarts des recettes issues de la mise aux enchères des quotas reviendraient aux budgets nationaux, tandis que le dernier quart viendrait abonder le budget européen, apportant à l'UE des ressources estimées à 12 milliards par an en 2026-2030. 

Enfin, la Commission propose une nouvelle ressource propre fondée sur la part des bénéfices des multinationales ré-attribuée aux États membres dans le cadre du récent accord à l'OCDE sur la répartition des droits d'imposition --de futures recettes pour le budget de l'UE estimées entre 2,5 et 4 milliards d'euros par an--. 

Cet arsenal est "bien calibré" pour accompagner la transition environnementale tout en étant "équitable", a affirmé le commissaire européen au Budget, Johannes Hahn, ajoutant que les Etats ont "un intérêt financier" à ces nouvelles recettes qui bénéficieront aussi aux budgets nationaux. 

Actuellement, les contributions des Etats membres calculées en fonction de leur PIB constituent la principale ressource du budget européen. L'UE est également financée par les droits de douane aux frontières extérieures, des recettes fondées sur la TVA, et une taxe introduite début 2021 sur les déchets d'emballages plastiques non recyclés. 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com