Des copies pirates de Houellebecq 15 jours avant la vente en librairie

 L'écrivain français Michel Houellebecq participe à un débat "Dialogue en Europe" le 25 avril 2019 à Paris.(AFP)
L'écrivain français Michel Houellebecq participe à un débat "Dialogue en Europe" le 25 avril 2019 à Paris.(AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 23 décembre 2021

Des copies pirates de Houellebecq 15 jours avant la vente en librairie

  • Mercredi, Le Parisien relaie l'information le premier, parlant d'un fichier PDF sur un site internet que se vantait d'avoir un utilisateur de Twitter
  • De nombreux sites proposent illégalement des milliers de livres électroniques gratuits, se rémunérant grâce à des publicités envahissantes

PARIS : Quand les premiers acheteurs se rueront le 7 janvier en librairie sur le nouveau Michel Houellebecq, "Anéantir", d'autres auront déjà lu une copie pirate téléchargée avant Noël. Et l'auteur bafoué n'y peut rien, comme son éditeur.

De nombreux sites proposent illégalement des milliers de livres électroniques gratuits, se rémunérant grâce à des publicités envahissantes.

L'immense majorité sont des livres déjà publiés: il suffit d'acheter la version numérique, et de la mettre à disposition de tous.   

Mais dans le cas d'un livre aussi attendu qu'un roman de Houellebecq, l'un des auteurs français les plus traduits et vendus à l'étranger, avec 300.000 exemplaires prévus pour cette sortie, il a fallu se procurer une copie avant. Ce qui est beaucoup plus difficile... mais pas impossible, visiblement.

"Il semblerait que le texte circule déjà sur les réseaux, dans un PDF de qualité, d'après les échos que j'ai", écrit sur Twitter, dès mardi, un blogueur spécialiste du livre électronique, Hervé Bienvault.

Mercredi, Le Parisien relaie l'information le premier, parlant d'un fichier PDF sur un site internet que se vantait d'avoir un autre utilisateur de Twitter.

Il y a en fait, constate l'AFP, deux sites où on trouve cette copie de qualité ainsi qu'un troisième site qui permet d'obtenir, toujours illégalement, une version Epub (destinée aux liseuses), remplie de scories informatiques.

Hervé Bienvault évoque ce jour-là "8.000 téléchargements sur un seul site québécois", et "beaucoup de choix possibles" comme "un serveur russe" et des "sites miroirs bien connus des milieux académiques".

Contacté par l'AFP, l'éditeur Flammarion a répondu que ses services juridique et informatique faisaient leur possible pour obtenir la fermeture des pages internet en question.

Pas d'enquête 

C'est s'enfoncer dans un dédale infernal. Par exemple, le premier site internet sur lequel Flammarion a trouvé "Anéantir" est domicilié aux États-Unis, puis renvoie vers divers sites de stockage domiciliés en France, en Allemagne et aux États-Unis. Pour réussir à "tuer" toutes ces pages internet, les démarches sont extrêmement fastidieuses.

Comme l'a relevé la presse, ce n'est pas la première fois que Houellebecq se fait pirater. Fin décembre 2014, "Soumission", qui devait sortir le 7 janvier 2015, avait aussi été piraté.

"Nous avons pris acte de la situation et notre service juridique s'occupe du problème", dit alors Flammarion. À l'époque, c'est du jamais vu en France.

On soupçonne fortement le pirate d'avoir scanné, avec des moyens peu sophistiqués, un exemplaire destiné à un ou une journaliste. L'affaire n'aura pas de suite: pas d'enquête, pas de coupable de cette violation flagrante du droit d'auteur.

Cette fois le fichier illégal PDF d'"Anéantir" fin 2021 ne semble pas venir d'un journaliste. Le numéro d'identifiant du livre (ISBN) n'est pas complet, avec des "X" à la place des sept derniers chiffres, tandis que les exemplaires destinés à la presse ont un ISBN complet. Et d'autre part le scan, impeccable, paraît réalisé à partir de feuilles imprimées à plat, non reliées en volume, alors que les journalistes ont reçu un volume prêt à la vente.

Flammarion leur a écrit, mi-décembre: "Par respect pour les lecteurs qui ne le trouveront pas avant cette date [la sortie le 7 janvier], nous vous demandons très solennellement de bien vouloir respecter l'embargo fixé au jeudi 30 décembre", autrement dit ne rien révéler du contenu des 736 pages. 

Mais une semaine avant l'échéance, ils ne sont plus seuls à avoir lu le roman. 

Le piratage de livres électroniques reste mal puni. Une seule affaire en la matière a abouti devant la justice française: en mai, le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné neuf personnes, membres de la "Team AlexandriZ" qui avaient piraté près de 24.000 titres entre 2010 et 2013.


S&P dégrade la note de la France, avertissement au nouveau gouvernement

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Short Url
  • L’agence S&P a abaissé la note de la France à A+, invoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré la présentation du budget 2026 et un déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025

PARIS: L'une des plus grandes agences de notation a adressé un avertissement au nouveau gouvernement Lecornu en dégradant la note de la France vendredi, invoquant une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026.

Moins d'une semaine après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et trois jours après la publication d'un projet de loi de finances (PLF) pour l'année prochaine, S&P Global Ratings a annoncé abaisser d'un cran sa note de la France à A+.

"Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l'incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée", a affirmé l'agence, qui figure parmi les trois plus influentes avec Moody's et Fitch.

Réagissant à cette deuxième dégradation par S&P (anciennement Standard & Poors) en un an et demi, le ministre de l'Economie Roland Lescure a dit "(prendre) acte" de cette décision.

"Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025", a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon S&P, si cet "objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint", "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l'assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu".

L'agence prévoit que "la dette publique brute atteindra 121% du PIB en 2028, contre 112% du PIB à la fin de l'année dernière", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

"En conséquence, nous avons abaissé nos notes souveraines non sollicitées de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1", écrit-elle. Les perspectives sont stables.

"Pour 2026, le gouvernement a déposé mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance", a répondu le ministère de l'Economie.

"Il s'agit d'une étape clef qui nous permettra de respecter l'engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029", a ajouté Bercy.

"Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l'adoption d'un budget qui s'inscrit dans ce cadre, avant la fin de l'année 2025", selon la même source.

- "Plus grave instabilité" depuis 1958 -

Mais le gouvernement qui, à peine entré en fonctions, a échappé de peu cette semaine à la censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, va devoir composer avec une Assemblée nationale sans majorité lors de débats budgétaires qui s'annoncent houleux, alors même que le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 pour imposer son texte.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France par S&P intervient avant une décision de Moody's attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

Les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global Ratings classent la qualité de crédit des Etats - soit leur capacité à rembourser leur dette -, de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement).

Les dégradations de note par les agences sont redoutées par les pays car elles peuvent se traduire par un alourdissement de leurs intérêts.

Ceux payés par la France sont estimés à environ 55 milliards d'euros en 2025, alors que depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.

"La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Cinquième République en 1958", a estimé S&P: "depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte".

Pour l'agence, "l'approche de l'élection présidentielle de 2027 jette un doute (...) sur la capacité réelle de la France à parvenir à son objectif de déficit budgétaire à 3% du PIB en 2029".

En tombant en A+ chez S&P, la France se retrouve au niveau de l'Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

Short Url
  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Short Url
  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.