Le coiffeur Franck Provost mis en examen pour «blanchiment de fraude fiscale aggravée»

Le coiffeur français Franck Provost arrivant pour la projection du film "The BFG" au 69e Festival de Cannes, dans le sud de la France, le 14 mai 2016. (AFP)
Le coiffeur français Franck Provost arrivant pour la projection du film "The BFG" au 69e Festival de Cannes, dans le sud de la France, le 14 mai 2016. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 décembre 2021

Le coiffeur Franck Provost mis en examen pour «blanchiment de fraude fiscale aggravée»

  • La mise en examen de l'homme d'affaires de 75 ans est intervenue mardi lors de sa présentation à un juge d'instruction à Nanterre
  • Selon une source proche du dossier, le montant du préjudice, au détriment du fisc et des sociétés, est de «plusieurs millions d'euros» sur vingt ans

NANTERRE: Grâce à un logiciel de caisse frauduleux, plusieurs de ses salons auraient caché au fisc des millions d'euros: le coiffeur français Franck Provost a été mis en examen cette semaine pour "abus de biens sociaux" et "blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée".

"Franck Provost conteste fermement ces accusations", a indiqué jeudi son avocat Me Bouchez El Ghozi auprès de l'AFP, ajoutant qu'"avec cette mise en examen", il allait "avoir accès au dossier et pouvoir se défendre de manière très sereine".

La mise en examen de l'homme d'affaires de 75 ans est intervenue mardi lors de sa présentation à un juge d'instruction à Nanterre. 

Le fondateur du groupe Provalliance, numéro un du secteur de la coiffure en Europe, a été placé sous contrôle judiciaire "avec une caution fixée à plusieurs centaines de milliers d'euros", a précisé le parquet de Nanterre, dans un communiqué transmis jeudi à l'AFP.

Selon le ministère public, "plusieurs signalements" avaient été "transmis par l'administration fiscale courant 2017 concernant l'utilisation d'un logiciel frauduleux de caisse permettant de détourner des recettes encaissées en espèces dans un réseau de salons de coiffure". 

Franck Provost se retrouve ainsi également mis en examen pour "mise à disposition de matériels et programmes pour commettre des infractions et des atteintes à des systèmes de traitement automatisés de données".

Selon une source proche du dossier, le montant du préjudice, au détriment du fisc et des sociétés, est de "plusieurs millions d'euros" sur vingt ans. 

Une enquête préliminaire a été ouverte et confiée à la Brigade nationale de répression de la délinquance fiscale de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Les investigations portent sur des faits allant de 2001 à 2021.

Logiciels permissifs

Le 9 avril 2021, une ouverture d'information judiciaire avait donné lieu à la mise en examen de l'ancien directeur administratif et financier du groupe.

Pour Me Bouchez El Ghozi, seul cet ancien dirigeant serait responsable de la fraude. Cet homme, qui n'est plus en poste depuis 2014, "a reconnu par écrit une partie des malversations", détaille l'avocat du "coiffeur des stars". "A part ses déclarations, aucun élément n'a permis d'établir les accusations contre Franck Provost, qui n'a pas touché un seul centime grâce à ce logiciel", assure-t-il.

"Nous avons reçu une alerte en 2013, une série d'investigations ont été conduites" en interne et "le directeur administratif et financier a dû quitter le groupe", explique l'avocat, affirmant que des années après, cet homme "essaie de se défausser de sa responsabilité".

Contacté jeudi par l'AFP, l'avocat de cet ancien directeur administratif n'a pas répondu.

"Les logiciels de caisse pour tous les commerces sont par définition +permissifs+ car ils permettent de corriger les erreurs de comptabilité au cours de l'exercice du jour", explique Sandrine Desliard, commissaire divisionnaire adjointe au chef de l'OCLCIFF. 

"Mais une fois l'exercice clôturé, on n'est plus censé pouvoir le modifier. Or le logiciel dans ce dossier était frauduleux car il permettait des modifications même après la clôture de la comptabilité", fait-elle valoir.

Tickets de caisse recréés

Selon la numéro 2 de l'OCLCIFF, "le logiciel refaisait toute la comptabilité pour recréer des tickets de caisse afin que ça retombe juste". "Nous soupçonnons que près de 10% des paiements en espèces étaient soustraits de la comptabilité de certains salons et n'étaient donc pas déclarés au fisc", ajoute-t-elle. 

Franck Provost a ouvert son tout premier salon en 1974 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) avant de créer un réseau de franchises en 1995.

Le groupe Provalliance détient 17 enseignes dont les marques vedettes Franck Provost, Jean-Louis David ou Saint-Algue, et un réseau de 4 000 salons dont 600 Franck Provost.

En mars, le fonds d'investissement belge Core Equity Holdings a acquis 54% de Provalliance pour un montant estimé entre 500 et 550 millions d'euros, selon le fournisseur d'informations financières FactSet.

Franck Provost "est aujourd'hui actionnaire minoritaire du groupe avec sa famille", selon la communication de Provalliance. Le groupe qui "reste très impacté par la Covid en 2021", affiche un chiffre d'affaires d'"environ 500 millions d'euros", selon la même source.  


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.